Est-ce la fin de la corruption ?

Football

«C’est le mensonge qui a géré et qui gère le football», cette déclaration qui émane d’un ex-international de l’Equipe nationale résumerait-elle, seule, ce qui se passe aujourd’hui sur les différents terrains ? «Je suis dégoûté, je ne voudrai plus parler, encore moins accorder des interviews… lorsque, nous les anciens donnons notre avis, on est vite taxé de ce que nous ne sommes pas».

«Le dernier scandale de l’enregistrement sonore, je ne me suis pas intéressé, sachant qu’il n’est qu’une succession de faits qui bouleversent ce football depuis Raouraoua, à ce jour». Les derniers entretiens avec un panel d’experts d’ex-joueurs internationaux publiés dans nos différentes éditions montrent que l’état de santé de ce sport qui gagnerait à être une référence africaine, rate son tir. Les analyses des pratiques et outils de contrôle de gestion, tels expliqués par les ex-joueurs, permettent de comprendre et d’expliquer les modes de structurations des systèmes de pilotage à la fois de la performance économique dans ce sport spectacle. Ils s’étonnent et s’interrogent sur ceux qui détiennent les cordes de gestion dans ce football. Dans cette série d’entretiens, les experts dénoncent la manière dont est conduite la destinée de ce sport depuis le temps de Raouraoua, à ce jour. Ils confirment ce que le président de la DCGF, Reda Abdouch, déclarait en juin 2019, «tout le monde connaît la gravité de cette situation marquée par un déficit financier chronique de tous les clubs. Mais que faut-il faire pour sauver ce qu’il y a à sauver ?». Face à cette situation, Mustapha Kouici s’était interrogé dans l’interview accordée à notre journal «où est passé la DCGF ? Une question résonne comme un tonnerre». Il semble ignorer si cette direction est toujours en activité ou alors mise en veilleuse.
Et si c’est le cas, on comprendrait alors pourquoi l’ennemi de l’autre jure sur les plateaux de télés de tout faire pour descendre en «flammes» son collègue. Ce cafouillage crée un désordre d’une telle ampleur qu’il est difficile pour les quelques dirigeants restant de tenter trouver le bout de la pelote. Dans ce cadre, un expert interrogé par un confrère répondait «qu’est-ce qui est préférable ? Avoir un outil élaboré ? Ou des cadres du football capables de se débrouiller sans outil pour résoudre le problème qui leur est posé ? Dans l’idéal, ce qu’il faudrait c’est qu’il ait des capacités intelligentes de gestion». Le football est malade de l’absence des génies, qui sont malheureusement, rares. Donc l’idée, c’est de rassembler autour du club des personnes qui aiment ce sport, non seulement, mais aussi qui maîtrisent sa mécanique faire en sorte que l’osmose de l’équipe dirigeante soit capable de compenser les défaillances techniques ou tactiques. Tout compte fait, ce qu’on demande à un président de club, ce n’est pas de produire une excellente gestion qui serait une référence mais qu’elle soit moins imparfaite que les autres. Les idées des interviewés se rejoignent et se complètent. C’est à l’image de cette déclaration de Zoubir Bachi «on veut nous faire croire que le football fonctionne très bien au sommet, mais qu’à la base, la machine continue, elle-aussi, à tourner pour que d’autres arrivent, sans pour autant permettre d’atteindre un haut niveau de performance dans la durée».
Le trucage est détrôné. Une partie de ses auteurs répondent actuellement aux questions des autorités judiciaires. Pour Omar Betrouni «soyons sérieux, ce n’est pas la première fois que le football a été secoué par des affaires de trucages, de combines, de négociations de matches ou de corruption des arbitres… Je suis heureux d’apprendre qu’une nouvelle étape s’ouvre aujourd’hui, mieux vaut tard que jamais». Ali Fergani, quant à lui, disait à juste titre «ce n’est pas nouveau, et ce n’est pas la première fois qu’il y a des suspicions de matches arrangés. Simplement, les affaires précédentes ont été étouffées et les précédentes fédérations, et par le biais de la justice, n’ont jamais été au bout, dans le but d’assainir le milieu du football. Le milieu de notre football n’est pas sain, les clubs ne sont pas contrôlés». Alors que Mouloud Iboud déclarait à notre journal «comment voulez-vous que l’on se mobilise si des opérations de combines, de trucages ne disparaissent pas du paysage footballistique. Je regrette énormément que ce fléau, tant dénoncé par les médias, continue à sévir, voire même à semer ‘la terreur’ dans le monde footballistique».
Quant à Djamel Menad «tenter de truquer un match pour gagner trois points et grimper au classement, c’est franchement mesquin, ce n’est plus du football, c’est du pur trucage au sens légal du terme. Ce qui me froisse le plus, c’est lorsque que je suis seul et je me dis, ces gens qui combinent, qui trichent, qui négocient des matches, ont-ils une conscience ? Quelle histoire veulent-ils écrire et laisser derrière eux après leur passage dans ce monde du football ? Pensent-ils à cela ? À leur propre histoire qui révélera demain ce qu’ils ont fait à ce football ? C’est triste, honteux pour eux et pour ceux qui l’avaient fait par le passé». A toutes ces interrogations, le ministre de la Jeunesse et des Sports répond d’une manière forte intelligente «je dénonce avec force ce genre de comportements qui enfreint les lois de la discipline sportive et porte un coup à l’intégrité et à l’image du sport algérien». Et d’ajouter «je m’engage de nouveau à combattre la corruption dans le domaine du sport et moraliser la vie sportive qui constitue une partie importante dans l’engagement du gouvernement à moraliser l’environnement en général. Dans le but de réaliser cet objectif, j’appelle tous les acteurs du mouvement sportif à combattre ce genre de fléaux et à préserver l’image du sport algérien chez nous et à l’étranger».
H. Hichem