La Syrie soutient officiellement les forces du Maréchal Haftar et se positionne de facto en alliée de la France et de l’Égypte en Libye

Syrie

Selon Strategika51, la Syrie vient d’affirmer par la voix de Walid Muallam, son ministre des Affaires étrangères, son soutien politique, diplomatique et militaire aux forces du Maréchal Khalifa Haftar en Libye, et que la Syrie reconnaît non seulement le Gouvernement et les institutions de Cyrénaïque mais se tient prête à donner un coup de main militaire à l’Égypte.

En d’autres termes, la Syrie se retrouve alliée de la France en Libye mais ennemie sur son propre territoire, même si la France a retiré le gros se son dispositif de nuisance au pays du Levant. On en est pas à un paradoxe près mais en matière de stratégie, le champ des possibles que l’on croyait limité est en train de s’étendre à l’infini. L’état d’hostilité de la Syrie et de la Turquie s’étend donc au- delà de la Syrie où la Turquie qui vient d’annexer de facto la province syrienne rebelle d’Idleb où la monnaie d’usage est la lire turque. Les forces armées turques renforcent chaque jour leurs positions à Idleb en y déployant notamment des systèmes de défense aérienne à plusieurs niveaux. La Turquie envoie également des mercenaires syriens issus de la rébellion syrienne se battre en Libye aux côtés du gouvernement de Tripoli contre les forces du Maréchal Khalifa Haftar (LNA ou Armée nationale libyenne).

Quid de la stratégie française au Levant et en Libye ?
Après s’être rués tête baissée dans la campagne de changement de régime en Syrie, les gouvernements français successifs ont fait preuve d’une extraordinaire cécité stratégique au point de se retrouver alliés avec le «méchant Bachar Al-Assad» qu’ils ne cessaient se vilipender pour au final se heurter à la Turquie, le plus important membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Paradoxalement, c’est la Turquie qui avait facilité et protégé les opérations clandestines françaises contre la Syrie. Plus encore, c’est la Turquie qui a ouvert un corridor spécial aux combattants islamistes extrémistes français mobilisés par Paris pour aller guerroyer en Syrie avant de récupérer leurs rejetons sous couvert humanitaire (rapatriement en France des enfants de Daech/État islamique).
Or, maintenant la Turquie et la France sont à couteaux tirés et se heurtent en Libye où Ankara entend bien s’implanter et devenir une puissance gazière (réserves de la Méditerranée orientale) et pétrolière (les fabuleux gisements libyens) et priver non seulement la France de sa part du gâteau libyen mais d’influencer le Sahel où la France se débat dans d’inextricables problèmes logistiques et militaires dans un conflit sans forme, et probablement sans aucune fin. Les Turcs ne sont pas intéressés par le Sahel mais les américains le sont, et ils viennent de trouver l’outil, ou plutôt la tête de bélier idéale pour fracasser tous les verrous stratégiques non encore entamés.
Cette situation est étrange. Pourquoi la France s’est-elle mise dans une telle situation ? Pourquoi avoir crié à tue-tête «Bachar doit partir» pour à la fin mettre en veilleuse ses prétentions syriennes et se contenter d’une alliance avec Assad ? Une partie de la réponse à cette question réside dans l’influence émiratie sur la politique étrangère de la France. Autant dire que la France ne dispose plus de stratégie véritable depuis quelques années. C’est une sorte de navigation à vue où l’intérêt immédiat de personnalités politiques corrompues prime sur toute autre considération supérieure. Damas et Paris sur le même bateau. Qui l’aurait cru en ces temps troublés ? Il fallait l’imaginer. C’est une réalité géostratégique patente.
Mohamed El Ouahed