Le basket-ball oranais de mal en pis

Sport

Depuis la dissolution des sections de basket-ball de l’ASMO puis du MCO il y a de cela plus de trois décennies, cette discipline peine à voir le bout du tunnel dans la région oranaise, poursuivant par là même sa régression.

Le fait qu’aucun club oranais n’active parmi l’élite, et ce depuis plusieurs années, traduit d’ailleurs parfaitement cette amère réalité que regrettent les nostalgiques amoureux de ce sport dans la capitale de l’Ouest. Une situation qui n’a cependant pas pour autant stimulé la famille du basket-ball locale d’enclencher un processus de résurrection, à même de rendre à cette discipline son lustre d’antan. Une attitude qui explique tout simplement ce prolongement des années de déclin que déplorent les basketteurs dans la région. Et comme par hasard, regrettent encore les sportifs oranais, la «dégradation» programmée du basket-ball oranais coïncide avec une situation semblable que vivent également les autres sports collectifs à Oran, pourtant une ville réputée pour son réservoir de talents dans ce genre de disciplines. Le fait qu’aucune équipe oranaise ne se trouve parmi l’élite du handball algérien en est une autre démonstration. Même le MCO, qui était jadis la fierté de l’Algérie dans cette discipline, aussi bien sur le plan arabe que continental, a perdu ce statut depuis déjà plusieurs années.

Une chute continue
C’est le cas de le dire d’ailleurs pour l’équipe de basket-ball de l’ASMO qui dominait la balle au panier dans les années 1960 sur le plan national. Elle comptait même à son actif plusieurs participations continentales, réussissant à rivaliser avec les meilleurs de l’Afrique à cette époque-là. Mais les années de gloire sont vite passées, et la formation de «M’dina J’dida» a disparu au grand dam des sportifs de la ville qui se sont consolés néanmoins à l’époque par l’éclosion de l’équipe voisine du MCO. Cette dernière a réussi à sauver le basket-ball oranais en reprenant de la meilleure des manières le témoin. Cependant, cette formation, qui a connu ses moments de gloire sous le giron de l’entreprise Naftal, ne va pas réussir à échapper au sort de l’ASMO. Dans les années 1990, et face aux difficultés financières du club, l’ancien président du Mouloudia, le défunt Kacem Belimam, était dans l’obligation de «sacrifier» la section basket-ball. Ce fut le début du déclin de la balle au panier à El-Bahia, puisque depuis, aucune formation locale n’est parvenue à s’illustrer, ni à redonner le sourire à une discipline qui attirait la grande foule au Palais des sports Hammou-Boutelilis. L’AS PTT-Oran et le Club oranais de basket sont désormais les seules équipes de la ville sur qui tous les espoirs sont placés ces dernières années par les férus de la discipline à Oran. Mais force est de constater qu’elles ont vite déchanté, au vu de la situation de ces deux équipes pensionnaires du deuxième palier. Pis, aussi bien pour l’ASPTT que le COB, les deux formations risquent toutes les deux de descendre en division inférieure si le championnat, à l’arrêt à cause de la pandémie du Covid-19, venait à reprendre. Dans les deux clubs, l’on avance les mêmes motifs pour justifier leur parcours décevant cette saison qui ne diffère d’ailleurs pas trop de celui des exercices précédents : manque de moyens financiers et indisponibilité quasi-totale des salles d’entraînement et de compétition.

Deux clubs face à un avenir incertain
C’est surtout la situation de l’ASPTT qui suscite le plus d’interrogations, du moment qu’il s’agit de l’un des clubs les plus structurés sur le territoire national pendant de longues années passées. Autres temps, autres moeurs, tend à dire son président Houari Bennacer, qui «bataille» pour la survie des dernières disciplines encore en activité, dont celle du basket-ball. Pour cet exercice par exemple, les joueurs de cette équipe se sont distingués par des mouvements de grève à répétition pour réclamer leurs salaires impayés depuis plusieurs mois. Dans de telles conditions, l’on ne devait pas attendre trop d’eux, et «parvenir à se maintenir en Nationale 1 serait considéré comme un véritable exploit», estime-t-il. Les problèmes dont font face l’ASPTT et le COB résument en vérité l’essentiel des difficultés que rencontre le basket oranais pour se relancer. Ajouter à cela, le peu d’intérêt accordé par les techniciens dans cette discipline au sport scolaire, comme un peu partout d’ailleurs en Algérie, alors que ce secteur était par le passé un pourvoyeur de talents par excellence aux différentes formations oranaises. Le retour au-devant de la scène du basket-ball oranais devient plus qu’une nécessité pour contribuer au renouveau de cette discipline sur le plan africain, de l’avis même du président de la Fédération algérienne, Rabah Bouarifi, qui a regretté, récemment dans une déclaration à l’APS, l’état dans lequel se trouve ce sport à Oran. «Le basket-ball oranais était par le passé le porte-drapeau de l’Algérie dans cette discipline. C’était un véritable réservoir de talents et ses équipes dominaient la scène nationale», se souvenait-il, estimant que «les luttes intestines au sein de la famille de ce sport à Oran ont fini par l’achever». Un avis partagé par les amoureux du basket-ball dans la région qui assistent, impuissants, au déclin d’une discipline qui leur avait donné tant de joie par le passé.
R. S.