Le professionnalisme ? Ce n’est pas encore partie gagnée (1)

Football

Vendredi 24 septembre 2010, un nouveaui mode de gestion prend place dans ce sport et se propose de le faire transporter vers une nouvelle ère, celle du professionnalisme et engager 32 équipes réparties en deux paliers (Ligues 1 et 2).

Le président de la Fédération algérienne de football de l’époque, Mohamed Raouraoua, lors d’une conférence de presse, déclarait «sur les 36 clubs ayant postulé au statut de club professionnel, 32 ont satisfait, globalement, aux conditions contenues dans le cahier des charges élaboré par la FAF… Un chantier est ouvert dans le football national et sera terminé à la fin de l’année, permettant à terme d’assurer le développement harmonieux du football algérien… Les quatre autres clubs non retenus pour évoluer en division professionnelle, joueront en championnat national amateur, nouvellement créé». La fête est annoncée et qu’elle allait durer des années pour faire du foot, la «vedette» du sport. L’Etat, pour accompagner cette nouvelle formule accordait à chacun des 32 clubs «élus» un prêt de 100 millions DA, avec un intérêt symbolique et une période de grâce de 10 années, non seulement mais également bénéficier d’une concession d’un terrain pour l’édification d’un centre d’entraînement avec une aide à hauteur de 80% du coût de réalisation. Sur le plan organisationnel et technique, «la Ligue nationale va continuer sa mission en attendant la mise en place d’une Ligue professionnelle».
L’expert international, ancien responsable de l’éducation préventive et du sport à l’Unesco, ancien président du Conseil national des sports, ancien vice-président du Comité olympique algérien, Hamid Oussedik, dans l’une de ses contributions, reprenait la déclaration de l’ancien président de la République faite en mars 2009 lors de la rencontre avec le monde du sport à Sétif, «ce secteur est celui de la jeunesse. Il est inconcevable de marchander avec les loisirs, les passions et l’espoir de la jeunesse… Les responsables doivent savoir que la grandeur de l’Algérie n’est pas dans le marché, celui qui veut gagner de l’argent doit quitter le monde du sport». Il est temps que le sport soit assaini et devienne une priorité nationale. Face à ce constat et à la réalité des faits sur le terrain, comment ne pas s’étonner devant la décision de la FIFA «d’interdire aux clubs non professionnels à partir de 2011, au plus tard, de participer aux compétitions continentales comme la Ligue des champions d’Afrique…»
Une exigence en totale inadéquation avec le niveau de développement et les possibilités de financement des pays où le sport se développe. Une mesure qui risque de s’avérer discriminatoire et de marginaliser encore davantage les pays dont le sport est «en développement». Repris par l’APS sur son fil daté du 9 août 2018, le président de la LFP déclarait : «Franchement, comme je l’avais déclaré auparavant, le début du professionnalisme en Algérie était tordu, nous devons revoir certains volets, vu qu’il connaît actuellement une régression terrible. Sachez que les choses tournent mal en ce moment, car les dettes des clubs s’accumulent davantage», a alerté l’invité du forum de l’Organisation nationale des journalistes sportifs algériens, organisé au centre de presse du complexe olympique Mohamed-Boudiaf. «Le professionnalisme ne sera fiable qu’avec l’existence du soutien financier et des sponsors. Dans le cas contraire, il sera confronté à de multiples problèmes qui influent de manière négative sur le bon déroulement du championnat», devait-il-dire.
Au CIC, Medouar reconnaissait que «la FAF s’est précipitée à instaurer le professionnalisme en Algérie. La décision a été prise du jour au lendemain. Il aurait fallu prendre du temps et revenir aux associations à l’instar de ce qui a été fait chez nos voisins», a affirmé Medouar en panel, lors du symposium sur le «renouveau du football national» organisé par l’instance fédérale le 12 décembre 2017. En 2013, Hocine Yahi, ex-joueur international du CR Belouizdad disait «le professionnalisme n’est qu’à ses balbutiements… Si l’on veut qu’il soit une réussite, on doit le fonder sur de bonnes bases et prendre tous les volets en considération». D’autres déclarations fusent de partout. Elles convergent vers un seul point central : le professionnalisme n’est pas pour demain. Dix années après, on en parle encore. On parle parce qu’il y a une force résistance qui fait échouer toutes les tentatives d’instaurer ce professionnalisme, et ce côté club.
Mais personne ne semble prêter attention, ou du moins, comprendre ses effets qui sont de produire des joueurs et non pas de la violence. L’objectif, l’amener vers une relation de plus en plus étroite des activités footballistiques avec les activités commerciales et les activités productives de joueurs professionnels. «Pousser les clubs à investir sur des jeunes joueurs en vue de développer des compétences qui leur permettront de devenir professionnels. Mohammed Mechrara, alors président de la Ligue de football professionnel disait à qui voulait l’entendre «la question qui doit être posée est de savoir si les moyens nécessaires existent pour sauver les clubs algériens qui seront dans le cas contraire exclus de toutes compétitions continentales». Le ton est donné. Comprendre par là, si les clubs algériens ne franchissent pas la barre qui sépare l’amateurisme du professionnalisme, notre football disparaîtra de la carte footballistique.
H. Hichem
(à suivre)