«Les petits fellahs attendent le chef du gouvernement d’un pied ferme !»

Mascara (Mohammadia) : les petits fellahs, ces laissés-pour-compte

En date du 11/3/2020, une réunion a été observée au niveau de la direction de l’hydraulique, où ont pris part le directeur de l’hydraulique de la wilaya de Mascara, le directeur de l’unité de Sig, le secrétaire général des fellahs de la daïra de Bouhenni (Mohammadia), les présidents d’associations et un groupe de fellahs pour discuter et résoudre l’ensemble des préoccupations et des problèmes dans lesquels les fellahs de la plaine de la Habra pataugent.

Après la réunion, il a été convenu de répondre à toutes les requêtes formulées par les intervenants, où il a été convenu de répondre aux doléances des fellahs et autres personnes présentes. La pièce maîtresse, c’est-à-dire le procès-verbal de réunion dont il était question de le remettre aux divers intervenants a été tout simplement «refusé».

La bureaucratie rampante
Le directeur de l’unité de Sig a d’un revers de main ‘blackboulé’ de confier le procès -verbal a qui de droit. Les causes exactes de cette expédition punitive demeure avilissantes. La bureaucratie rampante, une spécialité dans la wilaya de Mascara. Offusqués par le refus de mettre à la disposition des porte-paroles des fellahs le rapport qui s’apparente à un déni, le délégué et son équipe qui se sont présentés à la maison de la presse ont été unanimes pour déclarer en ces termes : «Nous sommes dans notre plein droit d’avoir notre quota d’eau pour l’irrigation, vue qu’elle est sur le point d’être distribuée dans le cadre du programme de l’irrigation en 2020. Sur ce, nous exhortons le chef du gouvernement d’intervenir en notre faveur», dira le délégué des fellahs de Bouhenni.
Dans le même contexte, des voix se sont élevées pour demander une vérifiable assistance des véritables décideurs qui sont autour de la table de décisions pour éviter de telles mesures arbitraires et d’envoyer une commission d’enquête pour discerner tous les problèmes dans lesquels se débattent les fellahs de cette région profonde de l’Algérie. Il est important de rappeler que toute les visites de travail et d’inspection, sans exceptions par d’anciens chefs de gouvernements, ont été réservées dans la wilaya de Mascara, comme à chaque virée dans cette région profonde, exclusivement aux gros propriétaires terriens et producteurs notoires amplement soutenus par l’Etat providence, elles demeurent axées sur les plus fortunés en ces temps d’incertitudes économiques et sociales. La suite, tout le monde connaît les péripéties de ces affaires de gros sous, un secret de polichinelle.

Visites arrangées
En effet, ces visites arrangés s’apparentent a du déjà vu, les petits fellahs continuent de vivre le calvaire des promesses non tenues. Les petits fellahs, soit la majorité silencieuse de cette région profonde de notre pays, qui n’ont vu que dalle et qui constituent le gros lot du bloc pastorale, se trouvent malheureusement mis en quarantaine par les décideurs dans la wilaya pour une impossible agora au soleil. Les nouveaux gros propriétaires terriens qui se sont vus propulser dans les agissements des grosses affaires, qui se chiffrent à des milliards, ont carrément et complètement profité de ce «gâteau» et dont les précaires fellahs payent les pois-cassés des blâmables garants qui sont autour de la table des décisions. Grâce à des appuis financiers et hautement épaulés des grosses pointures au niveau centrale y compris dans la wilaya, c’est-à-dire les gros terriens se sont accaparés de tout ce qui brille. Alors que la région se trouve confrontée au manque d’eau, subissant de surcroît un autre problème de taille, une contrainte naturelle qui a atteint la cote d’alerte.

La vocation agricole, une déception
La wilaya de Mascara qui était à vocation agricole a perdu d’emblée son blason doré de polyculturale, et ce, depuis plus trois décennies. Le maraîchage occupait une place importante, à l’exemple de la pomme de terre et de l’oignon, cette région profonde n’a plus malheureusement le privilège de fournir sa production aux divers marchés de gros du pays. Pour rappel, la wilaya de Mascara avait culminait 13 738 ha de maraîchage, et prés de 131 767 hectares étaient destinés à ces cultures. Sur le plan hydraulique, il est vital de maîtriser toutes les potentialités de la région qui favoriseraient les programmes d’extension de l’irrigation et de permettre surtout de combler le déficit en eau qui menace la wilaya. Pour atténuer ce manque à gagner en matière d’hydraulique qui frappe de plein fouet la wilaya de Mascara, les services de l’agriculture sont préoccupés, dans un premier temps, par l’état d’érosion qui a fait son itinéraire sur toute la chaîne des monts de Béni-Chougrane. Les stigmates commencent à être visibles, notamment par une désertification de plusieurs espaces qui se dénudent au fil des temps.
En plus de cette calamité, il est utile de mentionner que durant le mois de septembre, une douzaine de personnes, des fellahs d’un autre calibre, ont été arrosés de haut en bas par des décisions de forages dans des endroits où il est interdit d’entreprendre ce genre de sondages situés dans la daïra de Ghriss. Plusieurs voix se sont élevées contre ces forages, moyennant, paraît-il, des sommes appréciables pour chaque autorisation, chaque forage coûte plus de 100 millions aux malheureux fellahs. Une corruption généralisée. Mais en vain à qui se plaindre ? Les conséquences de la sécheresse qui ont été comptabilisées dans cette région profonde de l’Algérie ont systématiquement laissé des résultats préjudiciables sur l’avenir de la wilaya sans que les responsables centraux et locaux n’aient remédié à cette descente aux enfers des barrages et autres digues qui connaissent un envasement dramatique, et ce, contrairement à d’autres wilayas qui ont été comblées en infrastructures hydrodynamiques.
Nous avons pour souvenance, qu’au cours d’une visite d’un ministre de l’Agriculture appartenant à l’aile de l’ex- chef du gouvernement Sellal, dans la commune de Sidi Abdelmoumen dépendant de la daïra de Mohammadia où il a eu à visiter une exploitation agricole appartenant à un privé spécialisé dans les agrumes d’une superficie globale de 120 ha de variétés de «Clémentines et Thomson», des explications ont été fournies dans ce contexte, quitte à vulgariser ce genre d’exploitations agricoles aux petits producteurs, mal-aimés des donneurs d’ordre, qui a complètement détruit les plus téméraires des fellahs. Dans le même emplacement, le ministre a donné le coup d’envoi d’une opération d’ensemencement symbolique et de lâcher, et dans le but d’intégrer la pisciculture à l’agriculture. Dans ce contexte difficile, la lutte contre l’érosion s’impose au plus haut point dans une région qui fait la séparation entre la plaine de Ghriss et celles de Mohammadia et de Sig, et dont le paysage présente un aspect de désolation et d’aridité manifestes. Cependant, le visiteur aura l’occasion de voir que cette région garde encore sa biographologie de banquettes et de plantations. L’aspect de dépérissement des arbres est, lui, très avancé. Quant aux banquettes, elles se sont tout simplement effritées.

Les barrages s’époumonent !
Les résultats de cette situation, tant que l’érosion avance à grande échelle, sont la stérilité des sols et une incidence directe sur l’envasement des barrages et des retenues d’eaux. Atténuer l’avance de l’érosion et des effets néfastes sur le sol et l’environnement suppose l’application d’un schéma de mise en défense et la reprise de la confection des banquettes. Il faut souligner, par ailleurs, qu’un sol dénudé fait «régresser» le taux de pluviométrie.
(A suivre)
Manseur Si Mohamed