«Aucun impact prévu sur la production et les acquis des travailleurs», rassure Hakkar
Pour ajuster ses dépenses la Sonatrach réduit son budget de 50%

Le coup porté par la crise sanitaire du Covid-19 n’a fait qu’accentuer les déboires de la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach qui tente de gérer au mieux la crise financière et économique inédite liée à la crise perpétuelle des cours du pétrole sur le marché international.
En effet, la crise sanitaire n’est qu’un argument de plus au profit d’un soutien substantiel des politiques publiques en procédant à « la réduction de son plan d’investissement et de ses dépenses de 50 % durant les derniers mois, suite aux instructions du gouvernement », selon les dernières déclarations, mercredi passé, à Alger du P-dg de Sonatrach, Toufik Hakkar, assurant, cependant, que « ces restrictions n’impacteront pas l’activité de production, ni les acquis des travailleurs». Ainsi, il a répondu à toute polémique sociale découlant de cette décision. Porté par un sentiment d’urgence face à la double crise économique et sanitaire que traverse le pays dont les recettes budgétaires proviennent à plus de 96% des revenus des hydrocarbures, la Sonatrach décide de réduire son budget de 50% et ne retenant de ses projets d’investissements que les plus importants.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’optimisation de sa gouvernance qui a été toujours remise en question. La compagnie tenterait, de ce fait, tirer profit de la gestion inconséquente de l’offre mondiale par certains pays producteurs qui n’ont pas adhéré sérieusement ou suffisamment à l’accord Opep+ visant à endiguer la chute des prix, impactant tout le secteur pétrolier et ses dérivés. Le marché, actuellement, est déstabilisé et rien n’indique le retour rapide comme espéré des prix aux sommets précédant le déclin continu du marché. Sans trop tarder, la Sonatrach a déjà entamé la mise en œuvre de son nouveau plan pour éviter les contrecoups de la crise financière pétrolière, sous l’effet de la crise sanitaire. «Nous avons commencé le travail avec une équipe qui sillonne les unités pour éliminer, sinon réduire certaines dépenses et les optimiser», a souligné M. Hakkar, précisant que «le cadre de travail et tous les acquis des travailleurs, comme sur le plan restauration et transport, ne seront pas touchés».
Reconnaissant, cependant que la situation du secteur est peu reluisante estimant que « l’année 2020 s’annonce déjà très dure pour les entreprises du secteur de l’énergie », ce qui nécessite une gestion plus rigoureuse et efficace des dépenses de la société pour surmonter la crise par l’expansion des activités d’exploration et d’exploitation des pipelines avec leurs partenaires, faisant référence, au collaborateur italien Eni avec lequel, il vient de signer trois accords gaziers et un avenant du contrat de vente du gaz. Constituant ainsi un biais pour accéder au marché étranger pour optimiser ses revenus, dans une conjoncture économique mondiale incertaine. Sachant qu’actuellement, il est encore tôt pour déterminer l’impact réel de la crise sanitaire sur le secteur énergétique ». Cette situation hors de commun a mis en pause, le lancement de certains projets de la compagnie nationale qui concentre ses efforts sur la mise en place d’un plan de gestion optimal pour ajuster le tir en agissant de façon décisive et avec la solidarité commune avec ses partenaires, également, impacté par la crise économique.
Cette dernière a tout simplement aggravé le déclin financier, anticipé la baisse des prix du pétrole brut, et plombé la demande au niveau mondial. Tous ces facteurs ont « impacté négativement les recettes de Sonatrach qui a opéré des aménagements au niveau des budgets par des réductions en vue de l’optimisation de notre façon de faire et de prioriser beaucoup plus le développement », a soutenu, de son côté, le vice-président de l’Activité Liquéfaction/Séparation, Nasreddine Fatouhi, qui a salué les perspectives et sacrifices pris par la Sonatrach.
Il a précisé que « le projet dédié à l’efficience en matière budgétaire mené par Sonatrach cible, à l’échéance du 31 décembre 2020, la réduction de 30% sur les budgets d’exploitation », confirmant les déclarations du P-dg de la compagnie qui a annoncé, mercredi dernier, le réexamen de la réalisation des projets de la Sonatrach et la retenue, à priori, des plus importants. L’objectif de la compagnie, selon le responsable de la société est « d’assurer la sécurité énergétique du pays sur les moyen et long termes dans le but de renouveler les réserves du pays en hydrocarbures », affirmant par ailleurs que cette « révision des différents projets n’a pas touché le secteur de la pétrochimie pour lequel l’investissement est maintenu, notamment à travers les partenariats », notant un point ainsi auprès de ses partenaires, notamment, ceux qui ont renouvelé leurs vœux de coopération avec l’entreprise.
Samira Takharboucht