La crise sanitaire du Covid-19 pointée du doigt

Crise financière, manque de liquidité et glissement de la valeur du dinar

La situation financière antérieure à la crise sanitaire du coronavirus était déjà, inquiétante. Les spécialistes financiers n’ont pas caché leur crainte au recours, inéluctable, des autorités aux services des Institutions de Bretton Woods et à l’endettement international pour cofinancer les projets d’investissements. Ce que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a écarté de ses choix politiques pour éviter de reproduire la périlleuse expérience des années 80.

Egalement, éviter à la valeur de la monnaie nationale de sombrer à nouveau, alors qu’actuellement, elle est en perte de vitesse en raison de la crise sanitaire et économique internationales. C’est l’explication donnée par le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, interrogé par les journalistes, samedi dernier, sur le recul continu du dinar. Il a, par ailleurs, estimé que «la réforme fiscale et bancaire et du système douanier contribueront à la consolidation du dinar algérien», renvoyant ainsi le recul des cours de la monnaie nationale, en cette conjoncture inédite, à la crise sanitaire qui a provoqué la paralysie de l’économie mondiale et de la circulation des devises. Une conjoncture qui a affecté «l’ensemble des économies dans le monde y compris celles des grandes puissances», a-t-il expliqué dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie, présidée par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, au siège du Gouvernement, à l’occasion de l’émission de nouveaux billets et pièces de monnaie. Certes, la situation financière du pays n’est pas confortable et nécessite une remise à niveau de tous les systèmes financiers et bancaires, cependant, l’arrêt des échanges commerciaux internationaux et des voyages auraient dû soutenir le rebondissement du dinar dans le marché informel. Ce qui n’est pas le cas. La valeur du dinar ne cesse de dégringoler face à la devise, malgré la situation stationnaire de l’économie mondiale. Ce qui nécessiterait une réforme en profondeur du système financier et bancaire du pays, mais aussi la révision de la loi sur le crédit et la monnaie. Par la même occasion, réfléchir à de véritables issues pour éliminer le problème récurrent de liquidité dans les établissements financiers. En réponse à cette question M. Benabderrahmane a renvoyé ce problème au «ralentissement de la dynamique économique et financière du fait de la Covid-19, qui plus est, l’économie algérienne repose sur le versement en espèce, ce qui requiert une grande liquidité», estimant, dans ce sens, que «l’Algérie s’achemine vers la numérisation de l’économie et des transactions, qui mettra fin au problème de liquidité». L’Algérie a, en effet, un important manque à gagner en matière du paiement électronique qui orchestre de grosses pertes aux finances publiques. Ce mode de paiement transactionnel permettrait de réduire l’utilisation du cash et la circulation de l’argent informel. Avant de plaider pour des réformes structurelles qui conduiraient, probablement, à la privatisation des entreprises et services publics, l’Algérie devra lancer de véritable réforme de fond afin de redynamiser son secteur bancaire et ranimer la Bourse d’Alger qui peine à décoller, depuis des années. Pour ce faire, le ministre des Finances a mis l’accent sur «l’importance de rétablir la confiance entre le citoyen et ses institutions», jugeant que «c’est là, le moyen de résorber largement le marché parallèle». Pour rappel, le premier argentier du pays a récusé, lors de sa première sortie médiatique, l’intention de l’Etat de recourir au financement extérieur, mais aussi à la création monétaire (la planche à billets), la cause de la hausse de la dette publique.
Samira Takharboucht