«La relance de l’économie nationale est tributaire de l’organisation d’une stratégie de développement»

Abdelhak Lamiri, docteur en économie :

La crise sanitaire que traverse le monde actuellement a engendré des effets négatifs et multidimensionnels, notamment ses effets sur le marché mondial du pétrole. Comme l’Algérie est dépendante de 95% de ses finances des revenus des hydrocarbures, la propagation de la Covid-19 a largement impacté son économie.

Evoquant la problématique de la relance économique, le Docteur en économie, Abdelhak Lamiri, a indiqué que le pays est en train de vivre «un choc terrible et multidimensionnel» dont, outre la pandémie de la Covid-19, les principaux aspects sont d’ordres financiers et structurels.  A ce titre, il a souligné que «le problème de l’économie algérienne n’est pas un problème de financement». Il est plutôt une question de l’efficacité et de l’émergence d’une économie forte, capable de générer de la compétitivité et une croissance forte, précise-t-il. Il a noté, dans ce sens, que disposer d’une économie forte, compétitive, est une question de long terme, tandis que le financement est fait pour régler les problèmes à court terme, ajoute-t-il. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, il observe que  sur le long terme,  les problèmes structurels du pays ne pourraient trouver de solution qu’aux travers de réformes structurelles profondes, telle que celle consistant à une amélioration de la compétitivité, un facteur-clef de succès «que l’on n’a pas ancré dans notre économie».

Parmi ces facteurs, l’intervenant mentionne, en outre, la promotion des ressources humaines, celles d’une économie de la connaissance et d’une industrie du savoir, dont il constate qu’elles n’ont jamais fait l’objet du moindre intérêt de la part des décideurs.  Selon lui, il est indispensable de passer par une organisation du fonctionnement de l’Etat et de sa stratégie. Avant de prendre en compte tous ces points, il faut, souligne-t-il, s’interroger de savoir pourquoi des pays avancés planifient leur développement sur 40 années, alors que nous, «nous restons figés sur des problèmes marginaux de financements».
A cet effet, il rappelle que l’Algérie a longtemps disposé de ressources financières importantes sans, que pour autant, elle les ait utilisées pour construire une économie productrice de richesses et de développement.
Pour que l’Algérie puisse prétendre au développement, l’intervenant considère qu’il lui faut, au préalable, en passer par une forte discipline, accouplée, ajoute-t-il, à une intégration des systèmes scientifiques, organisationnels et économiques efficaces. Du Comité scientifique créé récemment, mais encore «isolé» dans sa démarche, le docteur en économie déclare attendre qu’il soit épaulé par des dispositifs de communication et des spécialistes en sciences sociales, mais également complété par une restructuration des institutions de l’Etat, développant et pérennisant des savoir-faire.
Par ailleurs, M. Lamiri a exprimé son optimisme quant à la résolution des problèmes auquel est confronté le pays. Il a indiqué de ce fait voir une possible solution au travers de la création d’une institution pérenne, «composée des meilleurs scientifiques» auxquels sera confiée la mission de concevoir un Plan de relance en utilisant pour cela des alternatives à la question du financement.
En outre, l’intervenant a souligné «que depuis une quarantaine d’années déjà, on n’a cessé de ressasser l’idée de lancement d’une stratégie de développement sans, qu’à ce jour, on n’en perçoive le moindre résultat».
Manel Z.