Une activité incontournable pour les enfants

Le jeu

Quel qu’il soit, le jeu est une activité incontournable. Tous les enfants s’y adonnent avec ardeur pour répondre à un besoin naturel, même s’ils ne connaissent pas les bienfaits qu’ils peuvent en tirer pour l’avenir.

Il n’y a rien de plus normal qu’un enfant qui joue. Cela signifie qu’il est en bonne santé, qu’il commence à développer l’esprit de compétition, qu’il a des motivations dictées par une conscience de son être dans une société caractérisée par la différence. C’est par les jeux des enfants qu’on se rend compte de l’évolution de la société. Autrement dit, même démunis de moyens financiers ou matériels, les petits, ingénieux de naissance, ont l’esprit beaucoup plus inventif qu’on ne le pense.

Jadis, même sans un sou en poche, on jouait intensément
Quand on parle de sou, cela signifie que même les parent n’avaient rien à donner à leur progéniture pour s’acheter de quoi s’amuser. On fabriquait soi-même et au milieu des autres, des jouets comme les toupies, les fusils, les petites voitures. Il y avait chez les bambins un esprit de compétition, chacun faisait l’effort de réaliser mieux que les autres. Le jeu n’avait de sens que si l’enfant appartenait à un groupe. Les voitures d’aujourd’hui, d’origine diverse, faites avec du plastique, sont une parfaite copie des voitures anciennes construites avec des moyens de fortune : liège, roseau, caoutchouc de récupération étaient transformés patiemment. Au cours d’une matinée, sortaient d’une place publique monopolisée pour la circonstance, toutes sortes de voitures d’enfants, aux mains habiles, pour être mises en compétition.
Quelquefois pour prouver la solidité de leurs véhicules, deux enfants se tamponnaient et ce jusqu’à ce que l’un termine perdant avec des dégâts matériels qui l’obligent à reconstruire un autre plus performant. Quant aux fusils, c’étaient presque des vrais puisque conçus de façon à éjecter chaque balle en bois en produisant une forte explosion. Le canon plus ou moins long provenait d’une grosse branche de sureau bien taillé et au centre de laquelle on a fait un vide ouvert aux deux extrémités pour que chaque semblant de balle passe par l’une d’elles pour ressortir par l’autre, à l’aide d’un piston. Quelle merveilleuse invention ! Les garçons jouaient collectivement aux billes, à la toupie, à saute-mouton. Et à chaque saison, ses jeux. On aimait beaucoup les échasses. Les filles aussi avaient leurs jeux comme la corde, la marelle, cache-cache, les rondes exécutées en chantant.

Aujourd’hui, le même enthousiasme
Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas la même volonté de tailler dans le bois dur une grosse toupie, tout se vend et il suffit d’avoir les moyens de se procurer des jouets. Avec l’ordinateur, la télévision dernière génération, on a toutes sortes de jeux vidéo. On joue au point de s’oublier en manipulant toutes les manettes. D’innombrables jeux s’offrent aux enfants, mais sont-ils profitables pour les petits compétiteurs ou jouent-ils sainement lorsqu’on sait que cela entraîne un gaspillage de temps préjudiciable pour l’apprentissage scolaire et à la santé morale. En s’adonnant à ces jeux, les enfants entrent dans un monde virtuel et y restent le plus longtemps possible en se déconnectant de la réalité dont ils doivent apprendre à s’imprégner pour l’avenir. Des études sérieuses doivent être faites sur l’utilité de ces jeux vidéo qui ne donnent pas l’impression d’être en compétition dans un espace ouvert avec des adversaires motivés et très combatifs. Le jeu est une activité de grande importance pour l’enfant qui cherche à éprouver des émotions, à avoir des occasions d’échanges, de confrontation surtout pour mieux se connaître, connaître ses capacités par rapport aux autres, éprouver le plaisir de gagner. En jouant, l’enfant acquiert le sens du respect d’autrui et de la différence sans lequel il n’y a pas de vie sociale possible.
Pour lui, c’est une façon d’entrer en société. En acceptant le respect des règles des jeux qui se pratiquent sur les places publiques et sous les yeux d’un ensemble de spectateurs amusés, il se laisse emporter dans un processus qui le prépare à devenir un adulte capable d’apporter à sa société d’appartenance un plus appréciable sur le plan du savoir et de la connaissance. L’enfant accepte le contrat social en s’adonnant le plus possible à des jeux de toutes sortes. Il accepte d’y souscrire parce qu’il se rend compte qu’en plus de la compétition à laquelle il s’adonne devant des adversaires parfois très coriaces, il y a du plaisir à en tirer. Les jeux vidéo même s’ils ne lui donnent pas l’occasion de faire des efforts physiques, l’obligent à beaucoup de réflexion, d’adresse, de concentration qui, indéniablement, développent son intelligence. Logiquement, les enfants d’aujourd’hui ont plus de chance que ceux d’avant, mais avec cette différence importante pour la santé, celle de jouer en milieu fermé au lieu des espaces au grand air d’antan, bénéfiques pour la santé.
Dans les pays avancés, on a aménagé les espaces verts pour ne pas dire qu’on a sauvegardé la nature en prévision des randonnées organisées au profit des jeunes qui s’adonnent trop aux jeux virtuels, par ordinateur, téléviseur, CD ou DVD, téléphones portables interposés qui développent le dynamisme en milieux souvent confinés. D’une manière générale, les jeux procurent aux enfants l’épanouissement qui leur est nécessaire pour l’équilibre mental de leur vie d’adolescent puis d’adulte. Lorsqu’on a beaucoup joué sans négliger le travail scolaire, on est supposé avoir été entraîné à la souplesse du corps, à l’endurance, au coup d’œil, à l’expression langagière. Les jeux doivent être conçus en vue de rendre les jeunes très communicatifs. L’acquisition des qualités morales, physiques, intellectuelles rend très calme. La violence dans le comportement est le propre de ceux qui n’arrivent pas à extérioriser le trop-plein d’idées, de sentiments, d’émotion, par manque de moyens d’expression. Ceux qui ne jouent pas à l’enfance risquent de rester des introvertis à vie, des timides maladifs, des inadaptés sociaux, pour ne pas dire des handicapés, déconnectés par rapport à la réalité. Le trop-plein d’énergie non dépensée, la frustration prolongée préparent au déséquilibre mental.
Abed Boumediene