Plombée par l’absence d’archives

Ecriture de l’Histoire de la Wilaya III historique

L’écriture de l’Histoire de la Wilaya III historique demeure «plombée par l’absence de supports documentaires et d’archives», a soutenu Mezhora Salhi, maître de conférences au département d’Histoire de l’Université Mouloud Mammeri (UMMTO) de Tizi-Ouzou. Considérant «le rôle pivot» de cette Wilaya historique durant la Guerre de libération, Mme Salhi a jugé dans une déclaration à l’APS, qu’«il y a peu de travaux universitaires sur son Histoire» et que «les quelques travaux réalisés jusque-là restent préliminaires», faisant remarquer que «le gros du travail d’écriture est constitué de témoignages d’acteurs de cette guerre».

Des témoignages qui, malgré «leur importance capitale demeurent insuffisants pour un travail d’écriture de l’Histoire en l’absence de moyens de documentation permettant la vérification et le recoupement des faits pouvant être empreints de subjectivité et dont le récit peut être, également, altéré par le temps», a souligné l’universitaire. Des évènements d’importance ayant marqué l’Histoire de cette Wilaya historique sont, par ailleurs, «restés peu ou pas connus à cause de l’absence de supports documentaires auxquels l’accès nécessite le déplacement en France», a-t-elle ajouté. Un projet d’ouverture d’un centre d’archives et de recherche en Histoire de la Wilaya III a été lancé au niveau de l’UMMTO et devait entrer en fonction au mois de mars dernier.
Le projet a été ajourné à cause de la crise sanitaire qui sévit depuis, a-t-elle relevé. Et de même, a-t-elle poursuivi, pour l’opération de recueil de témoignages auprès des acteurs, en mettant à profit les étudiants en Histoire de l’UMMTO, qui a été initiée par le musée locale du moudjahid, dont elle préside le Conseil scientifique, qui a été suspendu pour les mêmes raisons. Par ailleurs, et s’agissant de la restitution des crânes mortuaires de 24 résistants algériens détenus par la France, Mme Salhi a estimé que «c’est un évènement d’importance qui rappelle que la résistance algérienne face à l’entreprise coloniale française ne se limite pas à la Guerre de libération nationale déclenchée en novembre 1954, qui est un cumul des résistances passées».
Un mouvement de résistance enclenché dès la bataille de Staouéli, «qui s’est étalé jusqu’en 1916, au lendemain de la 1re Guerre mondiale et qui a embrasé l’ensemble des régions du pays», a-t-elle souligné. De son côté, Ouali Aït Ahmed, ancien moudjahid et chargé de l’écriture de l’Histoire de la Wilaya III historique au niveau du bureau de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidines (ONM) a considéré que cette Histoire «ne se limite pas au nombre de coups de feux ou de batailles menées». «Il y a eu aussi autant de politiques de contre propagande de l’ennemi à laquelle il fallait s’adapter et contre laquelle il fallait lutter, des plans de stratégies de batailles élaborés et d’actions politiques menées, qui constituent l’Histoire de la Wilaya», a-t-il observé.
R. C.