l’Afrique du Sud regrette l’absence d’un mandat étendu aux droits de l’Homme

Minurso

Le représentant permanent de l’Afrique du Sud à l’ONU, l’ambassadeur, Jerry Matthews Matjila, a regretté mardi que la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) demeure dépourvue d’un mandat étendu pour la surveillance des droits de l’Homme, déplorant une attitude «sélective», éminemment «politisée» du Conseil de sécurité.

«L’Afrique du Sud note avec préoccupation que la question des composantes des droits de l’Homme n’a pas échappé à la dynamique politique du Conseil de sécurité car elle continue d’être politisée et appliquée de manière sélective», a déclaré l’ambassadeur Matjila au cours d’un débat au Conseil de sécurité sur les opérations de paix et les droits de l’Homme.«Alors que des membres du Conseil de sécurité prônent l’importance de la composante des droits de l’Homme dans les missions de maintien de la paix, il est regrettable que la même vigueur et le même enthousiasme soient manifestement absents concernant d’autres missions, comme celle la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental», a déploré le diplomate sud-africain. Et d’ajouter que les décisions du Conseil de sécurité de doter plusieurs missions de paix de mandats pour la surveillance des droits humains «reflète l’acceptation générale» au sein de cette instance de «la pertinence de cette composante dans les efforts de paix de l’ONU». Actuellement 12 opérations de paix de l’ONU, (six missions de maintien de la paix et six missions politiques spéciales) sont pourvues de mandats pour la surveillance des droits de l’Homme, selon la Haute commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet qui a pris part à ce débat. L’ambassadeur a souligné que les membres du Conseil de sécurité ne doivent pas «se tenir du mauvais côté de l’histoire» en permettant à leurs «intérêts étroits de piétiner l’intérêt de la majorité des citoyens du monde que le Conseil est mandaté de servir». Matjila a relevé que les opérations de paix ont pour mandat de surveiller et de rendre compte de la situation sur le terrain. Mais, «si les violations des droits humains ne relèvent pas du domaine de la protection des civils il serait difficile pour les opérations de paix d’intervenir sans un mandat approprié». Rappelant l’action pour le maintien de la paix (A4P), lancée en 2018 par le SG de l’ONU, l’ambassadeur sud-africain a précisé que cette initiative visait à «repenser le maintien de la paix à travers des mandats plus ciblés» et à mobiliser un soutien pour les solutions politiques. Pour l’Afrique du Sud «la recherche de solutions politiques durables devrait guider la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix des Nations unies», a-t-il notamment met en exergue. Créée en 1991, la Minurso demeure à ce jour privée d’une composante droits humains. En 2013, la délégation américaine à l’ONU a proposé un mécanisme de surveillance (monitoring) et de compte rendu (reporting) des droits de l’Homme au Sahara Occidental. La proposition a été sabordée par la France et le Maroc. Rabat a menacé même d’annuler un exercice militaire prévu conjointement avec les Etats-Unis. Le Maroc continue d’imposer un blocus aux territoires occupés en empêchant les observateurs des droits de l’homme de s’y rendre. R.I