La presse sportive algérienne touchée de plein fouet

Impact du Covid-19

Réduction du nombre de pages et du tirage, effectif diminué, grille de programmes TV chamboulée : la presse sportive algérienne, écrite et audio-visuelle, n’a pas été épargnée par la pandémie de nouveau coronavirus (Covid-19), se trouvant souvent devant un véritable casse-tête pour offrir aux fidèles un produit consistant et de qualité. Avec la suspension des différentes compétitions sportives, décidée par les pouvoirs publics depuis le 16 mars, les journalistes sportifs algériens se sont retrouvés dans une situation embarrassante avec la hantise de lendemains incertains en raison de circonstances inhabituelles.

«La suspension du championnat a provoqué un manque flagrant de matière, il y a eu des conséquences majeures sur l’ensemble de la presse sportive. C’est une véritable paralysie qui a provoqué notamment la réduction, de moitié, de la publicité et du nombre de pages. C’est une crise à laquelle on doit faire face actuellement», a déclaré à l’APS, Djamel Touafek, directeur de la rédaction du quotidien Info Sport. Impact «énorme» et crise «palpable» Ali Hamouche, rédacteur en chef du quotidien Le Buteur, a relevé l’obligation de s’adapter à cette «situation exceptionnelle», soulignant qu’une série de mesures ont été prises. «Nous avons réduit le nombre de pages et le tirage d’exemplaires. Le contexte actuel nous a contraints à couvrir l’actualité des principaux clubs uniquement. Les correspondants qui suivaient les formations des divisions inférieures ont été priés de cesser provisoirement leur collaboration, c’est un cas de force majeure, tandis que les journalistes permanents ont été invités à apurer leurs congés, en l’absence de matière et d’activités», a-t-il expliqué. A l’instar de son confrère Djamel Touafek, Ali Hamouche n’a pas omis de lancer «un appel aux autorités, notamment le ministère de la Communication, premier responsable du secteur, pour aider la presse algérienne en cette période de crise qui a secoué l’ensemble des journaux sans exception». La chaîne de télévision El-Heddaf TV, unique canal dédié au foot dans le champ médiatique algérien, n’a pas été épargnée par la pandémie de Covid-19. Pour Redouane Bouhanika, rédacteur en chef de cette chaîne et présentateur de l’émission «Belmekchouf», «l’impact a été énorme». «Meubler notre grille est devenu chose très difficile. La suspension du championnat national et l’absence d’activités nous a poussés à diffuser des programmes d’autres disciplines comme le tennis et l’athlétisme, alors que la chaîne est dédiée exclusivement au football», a-t-il expliqué. Egalement responsable du quotidien El-Heddaf, Bouhanika a indiqué que le journal a été dans l’obligation de procéder à une réorganisation afin de s’adapter à cette situation «exceptionnelle». «Le tirage a été sensiblement réduit. Nous sommes passés de 50 000 exemplaires à 6 000. L’impact de la pandémie a été énorme pour nous. Nous avons aussi réduit automatiquement notre effectif, la plupart des journalistes ont été priés d’épurer leurs congés, mais je tiens à signaler qu’aucun élément n’a été licencié. Le journal El-Heddaf Eddouali (réservé exclusivement au foot international, ndlr) a cessé de paraître, nous l’avons fusionné provisoirement avec le quotidien El-Heddaf, en attendant de jours meilleurs». «Donner le meilleur et le plus important» Pour Smaïl Mohamed Amokrane, journaliste au quotidien Compétition, la conjoncture difficile que traverse la presse sportive nationale implique la nécessité d’offrir au lecteur le contenu «le plus important», comme conséquence du passage d’une édition 24 pages à 16. «Nous essayons de donner le meilleur et le plus important, déjà c’est la règle d’or en journalisme. Le souhait de tout le monde est un retour de l’activité sportive, comme cela a été le cas en Europe, et bientôt en Tunisie et au Maroc. Les journalistes sportifs sont étroitement liés aux conséquences de la crise sanitaire ayant touché clubs et joueurs». Spécialisé dans l’actualité de l’équipe nationale et de ses joueurs, Smaïl Mohamed Amokrane a relevé la difficulté de recueillir des informations de certains «grands» clubs de l’élite en cette période d’arrêt du championnat. Ce journaliste a regretté «le sort cruel réservé à certains journaux, à l’image de La Dépêche de Kabylie, qui ont dû mettre la clé sous le paillasson. Nous sommes de tout cœur avec ces journalistes qui se sont retrouvés du jour au lendemain au chômage»
N R