«L’actuelle direction veut assassiner nos symboles pour coller à la feuille de route de Rachad»

Plus d’une centaine de militants, élus et cadres du RCD démissionnent à Tizi Ouzou

Plus d’une centaine de militants, élus et cadres du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont annoncé, jeudi dernier, leur démission du parti. 
«Après le bradage de notre programme et de nos principes comme la laïcité, l’actuelle direction veut assassiner nos symboles pour coller à la feuille de route de Rachad. L’éthique l’a définitivement abandonné à l’abîme de la manœuvre traîtresse. La coupe est plus que pleine !», écrivent-ils dans une lettre ouverte adressée au président du parti, Mohcine Bellabes.

Le RCD, notent les rédacteurs du document, est en reniement idéologique. «Il suffit de lire les publications du mouvement Rachad assumées de leur nouvelle recrue à Djelfa.La mémoire des militants morts en martyrs pour les idéaux du parti est souillée ! L’ennemi d’hier devient l’allié d’aujourd’hui, Dhina tient, directement ou indirectement, les manettes de notre parti», déplorent les démissionnaires. Par acquis de conscience et par honnêteté envers ceux qui ont tout donné pour le RCD, poursuivent-ils, nous, élus, cadres et militants, ne pouvons plus cautionner ces dérives qui n’ont d’autre but que de transformer notre glorieux parti en une annexe chargée de rendre respectable l’héritier du FIS qu’est Rachad et ses alliés notamment en Kabylie. Depuis sa création en 1989, rappellent les démissionnaires, le RCD a porté, contre vents et marrées, les fondements démocratiques et républicains, sans détours ni dérobade à travers l’incontournable double rupture : contre le système et l’islamisme politique. Considérant que c’est par cette lutte qui a coûté la vie à plus de 123 militants que le parti, observent-ils, est devenu un symbole au niveau national et international.  «Nous avons, également, assisté dans un état de sidération à la mise à l’écart voire l’exclusion, pour des questions de divergences politiques, de dignes enfants du RCD qui ont porté le programme du parti corps et âmes au moment où les opportunistes lorgnaient les postes qu’ils occupent aujourd’hui». S’il est admis que les époques et les hommes diffèrent, ajoute la lettre ouverte adressée au président du parti, nous n’avons pas pensé que notre référentiel politique allait muter au point d’assister, un jour, à la négation de tous les fondamentaux pour lesquels nous nous sommes battus.

«Depuis la révolution du 22 février, l’intégrisme est devenu un allié politique du RCD. M. Mohcine Bellabes, commence d’abord par signer un document avec Mourad Dhina, l’ex-membre du Front islamique du salut (FIS) dissous. Lui, le président et député du parti affirme, pour tromper l’opinion, qu’il n’engageait que sa personne dans ce texte. Depuis ce document-là, toute la politique du parti est dans la droite ligne de cette signature et cela s’est vite traduit en positions politiques concrètes issues de réunions secrètes tenues avec les islamistes à Paris», notent-ils encore. Même lorsque nous avons eu un début de réponse en visionnant des vidéos, qui avaient fuité sur le net, montrant M. Bellabes en compagnies de ses nouveaux compagnons en réunion à Al Magharibia (chaîne TV émettant à partir de l’étranger) nous avions décidé de continuer le combat pour maintenir la flamme qui anime les militants notamment les plus jeunes d’entre nous.  «Mais les derniers développements ne laissent plus aucun doute sur des alliances contre-nature dont nous ignorons les contours et les finalités mais qui font de la locomotive du combat démocratique un simple wagon arrimé à la famille qui recule».
Rabah Mokhtari