Le nouveau dispositif à l’épreuve du terrain

Lutte contre le Coronavirus

Avec un nombre de nouveaux cas confirmés de Coronavirus (Covid-19), «durant les dernières 24 heures», qui dépasse largement depuis plusieurs jours, les 400, alors qu’il était autour de la centaine il y a un mois, et un nombre total de cas qui a franchi le cap des 18.000 et s’oriente, à cette allure, vers les 20.000, l’évolution de la pandémie du Coronavirus en Algérie, a amené les autorités à «durcir» le dispositif mis en place progressivement en mars dernier et qui n’a pas pu enrayer la progression du virus.

Est-ce que les nouvelles mesures permettront de remédier aux dysfonctionnements qui ont réduit l’efficacité du dispositif constitué de confinements partiels et de mesures barrières dont l’une le port du masque a été rendu obligatoire par la loi? Les walis qui dirigent la gestion de la crise sanitaire dans les wilayas où les nouveaux cas confirmés de contamination connaissent une augmentation à un rythme inquiétant, rivalisent de sévérité. Mais, en même temps, ils savent qu’il y a des limites à ne pas franchir au risque de tout immobiliser. Ainsi, les services de la wilaya d’Alger ont indiqué, vendredi, que les taxis sont autorisés à poursuivre normalement leur activité en respectant les horaires du confinement et les transporteurs de marchandises et fournisseurs des marchés ne sont pas concernés par les mesures d’interdiction de circulation entre wilayas. Mais cela signifie-t-il qu’ils peuvent entrer et sortir dans les 28 autres wilayas concernées par «le volet relatif à l’interdiction de circulation de et vers la wilaya d’Alger» ? Les décisions de la wilaya d’Alger sont-elles applicables par les autres wilayas? Idem pour les transporteurs de marchandises et les fournisseurs de marchés qui «ne sont pas concernés par l’interdiction de circulation de et vers la wilaya d’Alger». Vendredi 10 juillet, au milieu de la journée, les services de la wilaya d’Alger ont accordé des autorisations de circuler, jusqu’à 20h le soir, pour permettre aux habitants d’Alger se trouvant en dehors de la wilaya de rejoindre leurs lieux de résidence ainsi qu’à ceux d’autres wilayas se trouvant à Alger souhaitant se rendre dans leurs wilayas. Mais est-ce que les communes des autres wilayas où le confinement partiel est appliqué à partir de 13h à 5h le lendemain, sont tenues de laisser entrer et sortir les véhicules de et vers Alger, a fortiori aux heures de confinement? La même question se pose pour la wilaya d’Oran qui a poussé le délai jusqu’à minuit. Rien dans la communication institutionnelle ne permet de savoir quel est le champ d’application des décisions des wilayas au-delà de leurs territoires. Résultat : des Algériens sont bloqués dans des wilayas en attendant la fin de la durée de la mesure d’interdiction de circulation de et vers les 29 wilayas, sachant que même l’entrée et la sortie des wilayas non concernées par la mesure d’interdiction, sont pratiquement interdites quand ces wilayas sont entourées par une ou plusieurs des 29 wilayas. De son côté, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a donné vendredi des instructions fermes à l’ensemble des gestionnaires des hôpitaux publics de la wilaya d’Alger concernés par la prise en charge des cas affectées par le coronavirus (Covid-19). Parmi les principales directives qui ont été données aux gestionnaires, figurent notamment le renforcement du dispositif sur le terrain afin d’augmenter les capacités de prise en charge et anticiper sur la saturation des services dédiés au Covid-19, l’augmentation des capacités des lits d’hospitalisation et des lits de réanimation au niveau des structures en les renforçant en équipements et personnels et l’ouverture éventuelle d’autres services et d’autres établissements dans ce cadre. Beaucoup de reproches sont faits aux citoyens accusés de ne pas respecter les mesures barrières et d’être responsables de la flambée de contaminations enregistrées dernièrement, et par conséquent de la saturation des services sanitaires. Mais, il n’y a pas de démarche autocritique sur la façon dont les personnels (en dehors du secteur sanitaire) impliqués dans la lutte contre la propagation du Coronavirus sont préparés à leur mission. Les autorités tracent des plans, dictent des mesures et donnent des ordres, puis le personnel «en bas», non préparé, est laissé seul dans la mise en œuvre, sans formation préalable (professionnalisation) et sans motivation (morale et matérielle) réelle. Idem dans tous les domaines.
Lakhdar A. Voir sur Internet www.lnr-dz.com