Redynamiser la Cour des comptes et les institutions stratégiques en berne

Priorités du président de la République Abdelmadjid Tebboune pour relancer l’économie nationale

Le président de la République a consacré une réunion le 7 juillet 2020 pour relancer l’économie nationale dont l’impact de l’épidémie du coronavirus touche tous les pays et pas seulement l’Algérie.

Dans ce cas, la responsabilité n’est-elle pas collective, les managers prenant de moins en moins d’initiatives ? La Cour des comptes doit éviter cette vision répressive mais être un garde-fou, une autorité morale par des contrôles réguliers et des propositions peut jouer son rôle de lutte contre la mauvaise gestion, la corruption qui touchent tant les entreprises que les services collectifs et administrations et donc éviter ce classement déplorable de l’Algérie au niveau des institutions internationales. Aussi, évitons la création de nombreuses institutions de contrôle qui se télescopent et prenant les expériences de pays qui ont réussi et où la Cour des comptes joue un rôle déterminant. Je ne saurai trop insister que le contrôle efficace doit avant tout se fonder sur un Etat de Droit, avec l’implication des citoyens à travers la société civile, une véritable opposition sur le plan politique, une véritable indépendance de la justice, tout cela accompagné par une cohérence et visibilité dans la démarche de la politique socio-économique, un renouveau de la gouvernance afin de délimiter clairement les responsabilités et pour plus de moralité des dirigeants aux plus hauts niveaux afin de faciliter la symbiose Etat/citoyens.

3.- Redynamiser d’autres institutions stratégiques en léthargie

Le fondement de tout processus de développement comme l’ont démontré tous les prix Nobel de sciences économiques à la lumière des espérances concrètes sur le terrain repose sur des institutions crédibles et c’est une Loi universelle s’adaptant au bouleversement mondial tant géostratégique qu’économique. Il y a lieu d’éviter de vivre éternellement sur l’illusion de la rente permanente. Aucun pays à travers l’histoire ne s’est développé grâce uniquement aux matières premières. Il n’y a de richesses que d’hommes. Le XXIe siècle sera dominé par l’émergence de réseaux décentralisés, qui remplaceront les relations personnalisées d’Etat à Etat dans le domaine des relations internationales avec l’inévitable transition numérique et énergétique avec le primat de la connaissance. Et l’Algérie est appelé à s’adapter à ce nouveau monde dynamique en perpétuel mouvement, n’existant pas de modèle statique, devant éviter les mythes du passé qui conduiraient le pays à l’impasse. Or, la maladie de tout système bureaucratique rentier sclérosant bloquant toute initiative créatrice, est de créer de nouvelles institutions budgétivores qui se télescopent avec les anciennes et de croire que des lois peuvent modifier la trajectoire de la société. Les priorités du Président de la République consistent à rétablir des institutions stratégiques en berne, comme le conseil économique et social qui ne saurait se limiter à être un bureau d’études sous les ordres de l’exécutif mais un organe indépendant lieu de dialogue par excellence, dont la composante n’a pas été renouvelée depuis des années excepté la nomination de son président, le Conseil national de la concurrence et le Conseil national de l’énergie. fondement de tout processus de développement comme l’ont démontré tous les prix Nobel de sciences économiques à la lumière des espérances concrètes sur le terrain repose sur des instituions crédibles et c’est une Loi universelle. La dynamisation des institutions, sous réserve d’une nette volonté politique de démocratisation tenant compte de notre anthropologie culturelle, conditionnera le développement de l’Algérie comme adaptations tant aux facteurs internes qu’au mouvement du nouveau monde. Le monde après l’épidémie du coronavirus ne sera plus jamais comme avant s’orientant vers une transition politique et économique, dominée par la transition digitale (intelligence artificielle) et énergétique avec de nouveaux segments à forte valeur ajoutée loin de la vison matérielle du passé et la vision purement monétaire, dépenser sans compter. Pour preuve, nous avons assisté de 1963 à 2019 à l’impossibilité de dynamiser les exportations des segments hors hydrocarbures (moins de 2% non compris les dérivées d’hydrocarbures fin 2019) malgré les innombrables changements d’organisation sociales et économiques et une dépense monétaire colossale (plus de 940 milliards de dollars d’importation de biens et services uniquement entre 2000/2019), mauvaises gestion, corruption et faute de vision stratégique d’adaptation. La léthargie des secteurs productifs, créateurs de valeur ajoutée, moins de 15/20% de taux d’intégration tant pour le secteur public que privé, la rente des hydrocarbures irriguant tout le corps social, trouve son essence dans des enjeux importants de pouvoir concernant l’approfondissement ou pas des réformes structurelles tant dans le domaine politique, économique culturel que social. Cela a un impact sur les indicateurs macro-financiers. Dans la loi de Finances complémentaire 2020, qui se fonde sur le prix fiscal de 30 USD, et 35 dollars le prix du marché, les exportations d’hydrocarbures sont estimées à 17,7 milliards de dollars, contre 35,2 milliards de dollars prévus dans l’ancienne loi de Finances. C’est un chiffre d’affaire auquel il faudra soustraire les coûts, et la part des associées pour avoir le profit net restant à l’Algérie. Le déficit budgétaire devrait ainsi atteindre -1 976,9 milliards de dinars, soit -10,4% du PIB – contre -1 533,4 milliards de dinars, soit -7, 2% du PIB dans la loi préliminaire – la balance des paiements enregistrant un solde négatif de -18,8 milliards de dollars, contre 8,5 milliards de dollars initialement estimés dans la LF-2020. La situation socioéconomique est donc complexe. Avec une contraction du PIB négatif de 6,4%, selon les prévision de la BM du 8 juin 2020, le taux de chômage devrait s’accroître en raison de la cessation d’activité de plusieurs entreprises, notamment dans le secteur du BTPH et la rupture des approvisionnements en provenance de Chine et d’Europe en raison de l’épidémie de la Covid-19, qui représentent plus de 80% des importations algériennes, avec une hausse des prix des importations. Les dernières statistiques de l’ONS publiées au début juillet 2020 sont inquiétants avec le dépérissement du tissu productif y compris les hydrocarbures. Il faut être réaliste. Comment, avec moins de 40 milliards de dollars de réserves de change à la fin de 2020, sous certaines conditions et avec un taux de croissance réel inférieur au taux de croissance démographique, créer entre 350 000 et 400 000 emplois par an entre 2020 et 2025 ? Et alors même que pour éviter de vives tensions sociales dues au taux de chômage actuel, une croissance de 8% à 9% par an est nécessaire ? En résumé, pour le devenir de l’Algérie, en ce mois de juillet 2020, en dehors des querelles partisanes stériles, souhaitons au Président de la République qu’il puisse redonner confiance, rassembler les Algériens, lutter contre la corruption par la bonne gouvernance et faire de l’Algérie un pays émergent. Cela implique une mobilisation générale, tenant compte des différentes sensibilités, source d’enrichissement mutuel, le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir. Car l’Algérie sera avant tout ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu’elle soit
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul