On sera tous des champions et après ?

La crise sanitaire du Covid-19 serait confortablement installée en Algérie. Son déménagement, tant annoncé, semble ne pas être possible pour cette période, au contraire.

Elle poursuit sa course infernale. Entre le ballon et la vie, la question s’efface. Tant que beaucoup de ceux qui font entendre leur voix n’y font plus attention, tellement ils y sont habitués, donc presque insensibles. On ne confine plus les déclarations et les analyses. On est loin du fin mot de l’histoire et nul ne sait ce que le débriefing de cet «épisode» nous apprendra demain. On deviendra tous champions, et alors, quel maillot portera le virus ? «Il n’est pas question ici de juger du bien fondé de telle ou telle décision ou désigner tel ou tel coupable car il faudra très longtemps pour avoir un regard objectif et informé sur la situation. Et peu importe finalement car on peut pointer du doigt ce qu’on veut», déclarait Bertrand Duperrin, expert FrenchWeb. On ne désignera qu’une conséquence, celle du pire sur le terrain, et si on ne cherche pas à en comprendre les causes, on ne réglera rien, mais on risque de découvrir. Plus rien à faire, si ce n’est se mettre au balcon et attendre le prochain envol à destination des stades. Le ministère de la Jeunesse et des Sports semble avoir tranché avant même la réunion de ce 15 que programme la Fédération algérienne de football avec ses membres et présidents des Ligues. Zetchi, le président de la FAF, tient dur comme fer à une reprise «à défaut de la meilleure option qui consiste à reprendre la compétition, nous allons choisir parmi les moins mauvaises solutions… Faire participer les clubs qui sont un élément incontournable à la solution» et de poursuivre «deux options se présenteront alors : arrêter le championnat en déclarant une saison blanche, ou bien arrêter le championnat avec le classement de la dernière journée (22e journée)… Il ne s’agit nullement d’une décision administrative. La décision sera validée par le bureau fédéral et les clubs». Le président cherchera une troisième option qui lui éviterait de caler. Que fera-t-il ? Que décidera-t-il ? Quel discours tiendra-t-il ce mercredi ? Qui lui force la main ? Pourquoi jouer le tout-va ? Lui qui semble décider à ne pas reculer, il veut faire reprendre le championnat, ce qui suscite déjà commentaires. Un écart entre le MJS et la FAF ne serait pas à écarter. Des observateurs n’épargnent pas cette hypothèse.

Une perte de temps

On a perdu beaucoup de temps. Les failles de la gestion ne sont un secret pour personne. Les leçons du professionnalisme auraient pu être au programme de formation au sein des clubs en cette période de silence. Mais, on est par contre de plain pied dans des débats «sans fin», très polémiques. Pas une seule initiative n’est venue combler le vide, alors que lors de la programmation de journées professionnelles sur le professionnalisme ou encore sur les règles de jeu ou sur la communication en passant par l’importance d’un sponsor et, pourquoi-pas, faire toucher du doigt l’historique du club aux joueurs, aux médias, aux cadres dirigeants des clubs. Une manière d’exploiter cette période de pandémie que d’écraser cette opportunité, la voir se filer sans en faire profiter personne. L’autre facette à mettre à profit est celle de rappeler et d’expliquer aux membres et joueurs du club que celui-ci (le club) est pensé avant tout comme une marque à promouvoir, à faire fidéliser, «commercialement», les publics sportifs (billetterie, vente de produits dérivés…), d’agréger des publics non, ou peu sportifs, et même de satisfaire les sponsors. C’est donc une démarche stratégique qui s’intègre pleinement dans un plan global de communication. «Communiquer dans le monde du football, voire du sport, c’est communiquer par le sport mais pas uniquement pour le sport». Ce qui contribuerait à ralentir la violence, tant sur les terrains que dans les gradins. Susciter ainsi un large engouement pour le club de football et les événements qui le concernent dans une région a priori et de mettre en scène cet engouement en espérant que cela aura un effet performatif. Une perte de temps, dommage. Profiter de cette période pour évoquer à ces occasions que le sport ou le football en particulier et en lui-même «une ambition et un objectif, un loisir, un outil d’éducation, d’intégrations et d’insertion, un marché, un art, voire même une culture. La tendance à réduire le football à la seule pratique compétitive, n’est pas un facteur de bonne compréhension du fait sportif», faisait remarquer un expert. Et ainsi, à ce stade on sera tous des champions de la communication.
H. Hichem