«La question mémorielle ne peut être estompée»

Interview du Président Tebboune à l’Opinion :

Après France 24, chaîne publique de télévision, c’est au journal l’Opinion, autre média français, que le Président Abdelmadjid Tebboune a accordé une interview pour exposer la position de l’Algérie sur un certain nombre de sujets d’actualité dont ceux ayant trait aux relations avec la France.

Annoncée à la Une de l’édition d’hier de l’Opinion sous le titre «Les vérités du Président algérien», l’interview exclusive commence par ce que l’on appelle la question mémorielle évoquée par le Président Tebboune dans l’entretien téléphonique avec le Président Macron. Le Président Tebboune rappelle que «l’historien Benjamin Stora a été nommé pour accomplir ce travail mémoriel du côté français. Il est sincère et connaît l’Algérie et son histoire, de la période d’occupation jusqu’à aujourd’hui. Nous allons nommer son homologue algérien dans les 72 heures. Ces deux personnalités travailleront directement sous notre tutelle respective. Nous souhaitons qu’ils accomplissent leur travail dans la vérité, la sérénité et l’apaisement pour régler ces problèmes qui enveniment nos relations politiques, le climat des affaires et la bonne entente». Le Président Tebboune affirme que «l’Algérie est incontournable pour la France, et la France l’est pour l’Algérie. Il faut affronter ces événements douloureux pour repartir sur des relations profitables aux deux pays, notamment au niveau économique. La mémoire ne peut être estompée et nous ne pouvons pas en faire ce que nous voulons. La remise récente des restes mortuaires des combattants qui se sont opposés, il y a un siècle et demi, à l’installation de l’armée coloniale constitue un grand pas. D’autres crimes méritent d’être racontés, comme la prise de l’oasis de Zaâtcha où les troupes françaises du général Emile Herbillon ont massacré les combattants du cheikh Bouziane. Le maréchal de Saint-Arnaud a aussi perpétré de nombreux massacres, qui ont fait plus de victimes qu’à Oradour-sur-Glane. Beaucoup d’historiens français traitent ces événements historiques en toute honnêteté». Le Président Tebboune estime qu’»une fois ces problèmes de mémoires dépassés, nous pourrons avancer avec beaucoup de sérénité. Il existe une coopération humaine, scientifique et économique entre les deux pays. La France vient de perdre sa première place de pays fournisseur de l’Algérie mais ce n’est pas irréversible. Nous avons aussi une très forte communauté en France que nous voulons également servir et préserver». A propos de compensation matérielle qui serait justifiée par la qualification de la colonisation comme un crime contre l’humanité, le Président Tebboune précise que «la seule compensation envisageable est celle des essais nucléaires. Les séquelles sont encore vives pour certaines populations, notamment atteintes de malformations. Et certains sites n’ont toujours pas été traités». A propos des relations entre l’Algérie, la Chine et la Russie, notamment sur le plan économique et militaire, le président de la République a rappelé que la Chine avait reconnu le GPRA en 1958, et l’Algérie a été l’un des plus grands soutiens de la Chine pour rejoindre l’Organisation des Nations unies. Quant à la Russie le Président Tebboune a également rappelé que ce pays a été parmi les premiers à soutenir l’Algérie immédiatement après son indépendance. Sur la situation économique, le Président Tebboune rappelle qu’elle est difficile et souligne qu’une partie de la population a encore besoin de l’aide étatique pour se loger, se nourrir, se soigner. Cela implique, explique-t-il, de mieux gérer nos ressources et de générer des plus-values.
Lakhdar A.