Une véritable menace pour la sécurité mondiale

La baisse du taux de croissance et l’explosion du taux de chômage

Je viens de recevoir le dernier rapport de l’OCDE de juin 2020 qui met en relief que pour la baisse d’un point de taux de croissance, en moyenne annuelle, le taux de chômage s’accroît d’environ de 350 000 personnes, les femmes étant les plus vulnérables.

L’OCDE distingue les personnes non formées qui sont touchées de plein fouet, des personnes moyennement formées et hautement qualifiées qui peuvent selon les segments trouver du travail mais souvent en temps partiel et pas toujours en adéquation avec le profil de la formation et avec des rémunérations inférieures à leurs prédécesseurs. Pour ne pas induire en erreur l’opinion publique, de certains responsables ou experts populistes qui versent dans l’autosatisfaction, alors que le monde traverse une crise économique et sociale inégalée avec des sondes de chocs pour 2021, signalons qu’un taux de croissance relativement élevé en 2021 par rapport à un taux de croissance négatif en 2020, donne en tendance un taux de croissance relativement faible en 2021. Il est important dans le cadre d’une vision stratégique de relance économique d’analyser l’impact de la baisse du taux de croissance en Algérie par exemple, sur le taux de chômage qui s’ajoute aux taux officiel au 31/12/2019, en distinguant les emplois dans les segments productifs, et les emplois improductifs tenant compte de la forte pression démographique plus de 43 millions d’habitant sen 2020 et plus de 50 millions horizon 2030 qui nécessitera un taux de croissance entre 8/9% pendant plusieurs années afin d’atténuer les tensions sociales. Si l’on prend les données de 2019, taux de croissance moyen de 2% en Algérie et celles de la Banque mondiale du 8 juin 2020 – moins 6,4% (recul 8,4%) et celles de la Banque africaine de développement du début juillet 2020 – scénario pessimiste moins de -5,4% et modéré -4,4%, en prenant une moyenne de 5% (recul de 7%), nous aurons un stock additionnel de chômeurs pour 2020, selon la Banque mondiale de 2 940 000 et pour la BAD de 2 450 000. Cela n’est pas propre à l’Algérie, le taux d’emploi étant fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité, l’Organisation Internationale du Travail dans son rapport de mai 2020, prévoit un accroissement important des inégalités tant mondiale qu’à l’intérieur des Etats, et du taux de chômage, touchant en premier lieu les pays à économie peu diversifiée et où l’emploi informel (ne bénéficiant pas de protection sociale) est dominant notamment en Asie, Amérique latine et en Afrique dont le Maghreb. La décroissance via l’importance du chômage est une véritable menace pour la sécurité mondiale impliquant des actions urgentes de mise en place de nouveaux mécanismes de régulation économique et sociale, avec le ciblage des catégories socio professionnelles, ainsi que le soutien aux entreprises qui s’adapteront aux nouvelles mutations donc concurrentielles avec la nouvelle trajectoire fondée sur la transition numérique et énergétique. Mais les entreprises structurellement déficitaires seront appelées forcément à disparaître dont les aides s’assimileraient à des subventions. Car une nation ne peut distribuer plus que celle qu’elle produit quitte à accélérer la dérive économique et sociale. Mais cela suppose un système d’information performant comme moyen de ciblage. Comme doit être posée la problématique du remboursement à terme de cet endettement massif tant public et la dette privée beaucoup plus importante, étant un poids que supporteront les générations futures. Et ce malgré que dans bon nombre de pays, l’épargne oisive étant importante mais faute de confiance, la crise accélérant cette psychose, ne se recycle pas dans le circuit productif.
Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul