Le rythme de l’impact sectoriel de la crise du Covid-19 s’accélère

Les secteurs des transports, du tourisme et des startups menacés de ruine

Plus encore, le secteur des transports, du tourisme, du commerce et de l’industrie toutes filières confondues ont été, inégalement, impacté par la crise sanitaire du Coronavirus qui sévit depuis plus de cinq mois. La suspension des vols et de la circulation routière, ferroviaire et maritime de voyageurs et de marchandises a occasionné des pertes importantes à la trésorerie de ces entreprises.

Le manque à gagner pour la compagnie nationale aérienne Air Algérie est de 38 milliards de dinars sur le chiffre d’affaires des vols passagers, un montant qui atteindrait les 89 milliards de dinars d’ici à la fin de l’année, tandis que la SNTF évalue ses pertes à plus d’un milliard de dinars. L’activité économique et financière a été, en effet, frappé de plein fouet cette année, depuis la mi-mars et le cumul des dommages risque d’influencer l’année économique et financière de 2021 et le retour à un niveau intermédiaire des revenus de ces secteurs prendra plus de temps que prévu. Le risque pourrait s’étaler jusqu’à 2024, selon certains experts. Parallèlement à ces secteurs qui engrangent d’importants bénéfices, il y a d’autres secteurs classés comme étant des secteurs gagnants-perdants, à l’exemple, de certaines filiales de productions agricoles et du e-commerce qui essaient de se frayer une voie, dans une conjoncture très particulière, mais vainement en raison des dysfonctionnements logistiques et les contraintes rencontrées sur le plan gestion et distribution.
Ces obstacles ont orchestré d’autres charges supportées par les entreprises et les finances publiques, notamment, pour les secteurs des services dépendants particulièrement, de l’importation pour alimenter leur activité, affichant, à ce niveau des taux importants de licenciement du personnel, et ce, malgré les instructions et les directives du Président Tebboune. Certaines entreprises asphyxiées financièrement n’ont pas résisté au choc financier et ont été obligées de déposer leur bilan. Chaque jour, des organisations patronales et associations économiques lancent des cris de détresses à l’adresse des pouvoirs publics afin d’apaiser la situation et surtout sauver les emplois.L’avenir de ces commerces dépend de la politique publique qui, malgré la conjoncture difficile, tente de stopper rapidement l’onde de choc de cette crise à travers des aides publiques massives à accorder aux ménages algériens et aux investisseurs. En plus des 70 milliards de dinars injectées dans la lutte contre la pandémie de Coronavirus, l’Etat a dégagé une importante enveloppe financière pour soutenir les bourses faibles victime du Covid-19. Le cumul ne fera, par conséquence, qu’augmenter le déficit du Trésor public qui risque de dépasser les 2.000 milliards de dinars d’ici la fin de l’année.
Les répercussions de la crise sur les secteurs de la culture et des médias ne demeurent pas de moindre importance.
Ces deux secteurs subissent de plein fouet l’arrêt de leurs activités et de celui des entreprises productrices. Même constat relevé pour le secteur hospitalier (hôtels-restaurations) qui, sans surprise, en pâtit de la situation, tout comme celui des professions libérales qui ne sortent pas indemnes de cette conjoncture hors du commun. Il serait difficile pour ces deux secteurs particulièrement de retrouver le chemin de la croissance d’aussitôt en raison de l’impact profond de la crise sanitaire sur les modes de consommations, affectés par la fragilité du pouvoir d’achat des Algériens. Ces pertes colossales se répercutent, directement, sur les finances publiques qui ont dû intervenir pour venir en aide aux secteurs lourdement impactés pour maintenir leur activité, en attendant de retrouver leur niveau de revenus d’avant cette crise. Un coup dur, également, pour les start-up en difficulté qui espèrent bénéficier rapidement d’un dispositif financier public pour les soutenir, afin de balayer le scénario d’une fermeture définitive. Par ailleurs, malgré le soutien financier de l’Etat aux entreprises menacées de disparition, il faut reconnaître que sa portée reste limitée, comparé au choc subit et qui risque de durer dans le temps en raison du déclin de la demande. Une mission quasi impossible pour l’Etat de sauver toutes les entreprises et commerces si la récession s’installe. Sachant que les assurances refusent d’indemniser et de supporter les dommages causés par la crise sanitaire. Pour évaluer l’impact financier de l’épidémie régulièrement et le suivi de la situation, le ministère du Commerce crée une plate-forme numérique d’échange entre les investisseurs et les commerçants afin de débattre de tous les scénarios possibles et tenter de trouver des solutions.Rappelons qu’au début de la crise des experts économiques ont avancé le chiffre de près 100.000 entreprises menacées de fermetures et de 50.000 commerces en voie de disparition. L’impact, dans ce contexte, sera double et touchera sévèrement, le secteur économique et social.
Samira Takharboucht