Moscou et Pékin opposent leur veto

Aide transfrontalière pour la Syrie à partir de la Turquie

L’opération qui entame sa sixième année se poursuivra jusqu’à vendredi. Les 13 autres membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution présentée par l’Allemagne et la Belgique. Le Conseil de sécurité va maintenant voter sur un texte russe qui n’approuverait qu’un seul passage turc pour l’acheminement de l’aide et cela pour une durée de six mois.

Le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, Stéphane Dujarri, a déclaré plus tôt mardi que l’accès transfrontalier était «vital pour le bien-être des civils dans le nord-ouest de la Syrie. Des vies en dépendent». En janvier, le Conseil de sécurité a autorisé la poursuite de l’opération d’aide transfrontalière depuis les deux points de passage turcs pendant six mois, mais a supprimé les points de passage de l’Irak et de la Jordanie en raison de l’opposition de la Russie et la Chine. Le mois dernier, l’Allemagne et la Belgique ont proposé de rouvrir le point de passage en Irak pendant six mois pour aider la Syrie à combattre le Coronavirus, mais cette proposition a été supprimée de la mouture finale du projet de résolution qui a été soumis au vote hier, toujours en raison de l’opposition de la Russie et de la Chine. Les diplomates occidentaux ont déclaré que la fermeture du point de passage en Irak concernait 40% de l’aide médicale au nord-est de la Syrie. Sur un autre registre, un rapport accablant établi par des enquêteurs indépendants mandatés par les Nations unies, fait état de «crimes de guerre» et de «crimes contre l’humanité» dans la province d’Idleb. Dans ce document, portant sur les événements dans cette province durant la période allant du 1er novembre 2019 au 1er juin 2020, la commission d’enquête juge que les «bombardements aveugles» des forces progouvernementales, avant un cessez-le-feu conclu en mars dernier à l’initiative de la Turquie, ont fait des centaines de morts et près d’un million de déplacés, ce qui pourrait s’apparenter à un crime contre l’humanité. Le rapport rendu public hier mardi, souligne également la responsabilité des groupes rebelles et des terroristes dans ces actes d’atrocités. La commission présidée par le juriste brésilien, Paulo Pinheiro, mandatée par le Haut Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies, accuse également le Hayat Tahrir al Cham (HTS), l’ex-Front al Nosra qui contrôle une partie du Nord-Ouest syrien, d’avoir bombardé à l’aide de son artillerie des zones civiles «sans objectif militaire légitime apparent». Des combattants du HTS se sont rendus coupables d’actes de tortures et d’exécutions de détenus, ajoute-t-elle. «Ce qui ressort clairement de cette campagne militaire, c’est que les forces progouvernementales et les terroristes ont clairement violé les lois de la guerre et les droits des civils syriens», a déclaré Paulo Pinheiro dans un communiqué joint au rapport. Le document d’enquête s’appuie sur des données récoltées par des vols de surveillance et des témoignages. Il se penche sur 52 attaques «emblématiques» dont 47 sont attribuées aux forces syriennes appuyées par Moscou.
R.I.