Communication et information, un jeu à deux…

Clubs sportifs

Dominique Wolton, directeur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, écrivait : «Dans l’histoire de la communication, on s’est beaucoup plus intéressé à l’émetteur et au message qu’au récepteur, sans doute parce que les miracles du livre puis du journal, de la radio, du cinéma et enfin de la télévision ont toujours trouvé un public. C’est un peu comme dans le sport, le football trouve toujours son public».

 

Quand on évoque le football, on parle généralement de buts, corners, arbitrage, passes, cartons rouges, avertissements sanctions, trucages, corruptions ou encore on compare les exploits des plus grandes stars interplanétaires ou des talents émergents, on aborde la gestion du club, le classement, l’accession, la relégation, le mercato, qualité ou pas de l’entraîneur, de celui des joueurs l’actu des compétitions, les changements de division… Et la communication dans tout ça ? Pas souvent citée, puisque dans bien des cas, elle ne serait pas intégrée à l’organigramme. Celle-là même qui a pour mission de gérer aussi le marketing, la relation presse, le développement web, le contenu web et print, l’assistance technique dans une transparence totale… Et pourtant, en cette période critique, où les médias se sont emparés de la question de reprise ou pas du championnat, le ballon rond est en première ligne, notamment lors de cette pandémie. Voilà un dossier qui devrait être confié à la cellule de communication. La visibilité des équipes, quant à elle, tangue au rythme des infos qui arrivent au quotidien, quelles soient fiables, porteuses de valeurs et de crédibilités. Mais cela passe par des choix de communication, d’une stratégie claire, transparente. Le club a besoin de définir sa stratégie de communication et d’information, définir comment les informations doivent être transmises (site Internet, page Facebook ou SMS pour les convocations aux matches ou aux réunions, envoi d’e-mails avec les rapports des différentes réunions…) Voici quelques éléments qui prouvent que le football se pense aussi en amont du match. Ainsi, en pleine pandémie Covid-19, la communication devrait s’imposer d’elle-même. Une question qui semble s’embourber dans des débats qui enflent de semaine en semaines. Pourquoi est-elle absente dans l’organigramme ? Pourquoi ne trouve-t-elle pas toute sa place ? Chez les clubs, c’est le président qui communique et pas le directeur de la cellule ? Un cafouillage qui apparaît au grand jour. L’autre interrogation qui se balade d’un sport à un autre, est de savoir comment est utilisé cette «Com» pour faire passer les principaux messages, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’un club. L’on sait qu’elle vient souvent au secours du club ou de l’instance, FAF ou LFP, lorsqu’il est coincé par rapport à une stratégie. Mais le quotidien nous démontre que des dirigeants ne sont pas des adeptes de cette «Com». Comment peut-elle alors fonctionner lorsque la rumeur prend le dessus ? C’est la question que se posent les observateurs qui regrettent que cette cellule qui fonctionne à merveille soit négligée, alors que sa mission est de convaincre, mobiliser, gagner la confiance de ses supporters et des opérateurs économiques. Ce qui permettrait aux footballeurs, entraîneurs et autres directeurs sportifs d’êtres, eux aussi, de vrais communicants. Un professionnel déclarait dans une analyse : «On fait attention à ce que l’on dit, à la manière dont on le dit, aux supports sur lesquels on le dit. Dès lors, le footeux devient une véritable machine de guerre, difficile à approcher et adepte de la langue de bois. Ailleurs, à chaque fin de match c’est la même routine : journalistes et commentateurs sportifs s’emploient à décortiquer la communication du sélectionneur et de ses joueurs. Quels joueurs vont prendre la parole ? A quel moment ? Que vont-ils poster sur les réseaux sociaux ? Certains débats sur les différents plateaux sont loin de constituer un espace de communication, ces derniers laissent place à des opérations d’énervements et de dénonciations. Peut-être que l’on oublie qu’entre la communication et l’information, le vrai problème n’est donc pas la satisfaction des besoins d’information, mais l’élargissement du champ de l’information». Enfin, ce tour d’horizon nous rappelle que la communication non verbale : c’est un fait, la gestuelle, le positionnement du corps, la tenue qui apportent de la crédibilité et surtout renforcent la qualité du discours, de la prise de parole. Certains clubs n’hésitent pas à imposer des exercices afin que leurs membres améliorent leur communication non verbale, et éviter de se gratter l’oreille ou de se toucher le nez lorsqu’ils parlent à la presse après un match.
H. Hichem