Benbderrahmane préside les premières assises nationales sur la réforme fiscale

65,5 milliards de dinars d’aides financières au profit des entreprises nationales

Il urge, selon le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, d’entamer sans trop tarder les consultations sur la réforme financière et bancaire afin de réorganiser le marché financier et accorder plus de forfaits aux banques et aux établissements financiers dans la promotion de l’investissement entrepreneurial public et privé.

Toute cette attention traduit la détermination du ministère des Finances de remettre à niveau le secteur lésé par la mauvaise gouvernance et le manque de perspectives et de procédés modernes qui suivent l’évolution du marché international. Toutes les recommandations formulées, dans ce sens, seront prises en compte. C’est l’objet des premières assises nationales sur la réforme fiscale organisées par le ministère de la tutelle, aujourd’hui à Alger, en vue de collecter le maximum de propositions visant l’élargissement et la diversification de l’assiette financière. «La révision de la pression fiscale, passe aussi par l’instauration d’un impôt juste équitable pour tout le monde», a estimé le ministre, qualifiant «d’anormale que la fiscalité ordinaire se base sur l’IRG». Lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale, Chaîne III, le premier argentier du pays a réitéré la disposition de l’Etat à soutenir les entreprises nationales lourdement affectées par la crise du Coronavirus.
Une première aide financière de 65,5 milliards de dinars sera dégagée par le Gouvernement en faveur des entreprises publiques et privées confondues asphyxiées financièrement depuis plusieurs mois. Cette enveloppe permettra aux entreprises d’amortir, préala- blement, le préjudice subit par la pandémie et lui offre un peu de temps pour se réorganiser. «Notre souci est de préserver le capital de production de ces entreprises, et partant, l’emploi, des objectifs cardinaux», a-t-il souligné. Par ailleurs, en contrepartie, le Gouvernement s’attend à ce que ces opérateurs économiques s’impliquent de manière effective et active dans la réforme économique et financière afin d’instaurer une nouvelle approche financière plus de transparence et surtout plus solide. Il s’agit, selon M. Benabderrahmane d’apprécier son efficacité et, en termes financiers, sa rentabilité et la performance des services en adéquation avec l’évolution des instruments financiers, estimant, à l’occasion que c’est, par ailleurs, sous l’angle économique qu’il faudrait essayer d’en cerner le contenu de chaque proposition qui sera faite lors de ces assises.
En réponse à la question sur la capacité financière de l’Etat pour engager de tels projets, le ministre a annoncé, explicitement, que «les fonds sont là», se référant, à l’effet, «aux chiffres de 1.000 milliards de dinars et de 10 milliards de dollars réservées au soutien de l’investissement productif, particulièrement celui destiné à contribuer à la substitution de produits importés». Il a relevé, en revanche, le rôle de chaque partie dans la promotion de l’investissement productif en introduisant l’innovation dans leur fonctionnement, par le biais de la mise sur le marché de nouveaux produits. Toutes notifications, selon lui, sera prise en compte puisque toutes motivations en entreprises se reposent sur des leviers financiers que l’Etat est en train d’assurer par des aides financières, mais aussi par la promotion de la Finance islamique. Il a, d’ailleurs, à ce sujet, souligné l’intérêt de l’État pour la finance islamique dans sa configuration qui devra permettre «de mobiliser une bonne partie de l’argent détenu par le secteur informel, mais précise que d’autres mécanisme seront initiés». En effet, il convient de revenir à cette problématique de l’informel financier qui a plombée l’économie nationale.
Sachant que ce secteur génère plus de 80 milliards de dollars de valeur hors circuit bancaire. De cause à effet, la réforme bancaire et la modernisation de ses réseaux est plus qu’indispensable pour récupérer ce flux financier. C’est un appoint plus qu’utile pour les finances publiques du pays qui subissent depuis des mois le préjudice de la crise sanitaire évaluée à des milliards de dinars. M. Benabderrahmane juge, à ce sujet, que «les banques n’ont pas joué le rôle attendu d’elles, en raison de la mauvaise gestion et de ceux qui les ont réduites à un état de «tiroir-caisse». «Il a été décidé de créer à leur niveau de nouveaux systèmes de gouvernance permettant d’introduire l’innovation dans leur fonctionnement, par le biais de la mise sur le marché de nouveaux produits», a-t-il indiqué. Interrogé sur le manque de liquidité aux niveaux des bureaux de postes depuis plusieurs semaines, le premier responsable du secteur a reconnu, tacitement, l’existence d’un problème de liquidité. Pour rappel, lors de la rencontre organisée avant-hier, entre le gouvernement et les partenaires sociaux et économiques, M. Benabderrahmane a énuméré les montants affectés par l’Etat à la lutte contre le coronavirus (65,53 milliards de dinars), mais aussi les pertes endossées par les entreprises publiques qui s’élèvent à des milliards de dinars.
Samira Takharboucht