La CEDEAO réclame un gouvernement d’union nationale

Crise au Mali

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a proposé dimanche, au terme de sa mission de médiation au Mali, la mise en place urgente d’un gouvernement d’union nationale, écartant la démission du président Ibrahim Boubacar Keita. Dans un communiqué rendu public dimanche, la mission, dirigée par l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan, a formulé une série de propositions pour une sortie de crise, prévoyant également la formation d’une Cour constitutionnelle sur la base d’un consensus pour résoudre le litige autour des 31 sièges de l’Assemblée nationale.

L’Organisation intergouvernementale a recommandé la mise en place urgente d’un gouvernement d’union nationale, sur la base du consensus tenant compte des recommandations du Dialogue nationale inclusif. Elle a proposé aux autorités de finaliser les enquêtes sur les décès survenus lors des manifestations des 10, 11 et 12 juillet qui «doivent s’étendre à toutes les violences et destructions des biens publics tels que l’Assemblée nationale, l’ORTM et le Haut conseil des collectivités territoriales». La CEDEAO a indiqué «s’être entretenue avec le président Ibrahim Boubacar Keïta, son Premier ministre Boubou Cissé, l’Imam Mahmoud Dicko, figure emblématique du M5, la majorité présidentielle et des représentants du Comité stratégique du M5 RFP. A l’issue des consultations, la mission a noté que «les problèmes de la crise sociopolitique s’articulent autour des questions de gouvernance ainsi que des points soulevés par la mission ministérielle de la CEDEAO du 18 au 20 juin 2020, notamment la reconstitution de la Cour constitutionnelle après l’abrogation du décret de nomination de ses membres, la résolution du litige concernant les 31 sièges contestés au Parlement et la formation d’un gouvernement d’union nationale». S’y ajoutent les préoccupations liées aux évènements tragiques des 10, 11 et 12 juillet 2020. Un comité pour la mise en œuvre des recommandations S’agissant du gouvernement d’union nationale, la mission de bons offices a proposé que ses membres proviennent de la majorité à raison de 50%, de l’opposition (30%) et de la Société civile (20). Selon la CEDEAO, le gouvernement nouvellement formé devra accorder une priorité à «l’amélioration de la gouvernance, aux réformes prévues dans les conclusions du Dialogue national inclusif et à l’accélération de la mise en œuvre de l’accord d’Alger». «La mise en œuvre de ces mesures devrait être effective au plus tard le 31 juillet, c’est-à-dire dans moins de deux semaines », a-t-elle soutenu. En outre, la mission a rappelé l’importance du respect des institutions de la République, notamment les voies constitutionnelles pour l’accession au pouvoir et ce, conformément au Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO. Selon la CEDEAO, aucune forme de changement non constitutionnel d’accession au pouvoir ne sera acceptée. Un comité technique pour assurer le suivi de la mise en œuvre de ces recommandations, sera mis en place. Il sera composé de représentants du gouvernement, du parlement, de la société civile, de la Magistrature, des représentants des femmes et des jeunes et de la Représentation de la CEDEAO au Mali. Cependant, la CEDEAO reconnait que le Mouvement du M5 RFP n’a pas adhéré aux mesures qu’il a proposées pour une sortie de crise. Néanmoins, elle assure que tout sera mis en œuvre pour la réalisation des mesures proposées.
R.I