Kheireddine Zetchi s’interroge…

Football

Le message du ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid-Ali Khaldi, adressé à l’Equipe nationale à l’occasion du premier anniversaire du sacre africain, arraché le 19 juillet 2019 en terre égyptienne, est chargé d’émotion et de reconnaissance envers le sélectionneur national Djamel Belmadi, les joueurs et les différents staffs, et dont la nation algérienne ne peut que se réjouir, elle qui attendait ce moment depuis des années.

Ce message laisserait toutefois apparaître un avant-goût de ce qui pourrait caractériser la relation professionnelle entre le MJS et le président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi, à la tête de cette instance depuis le 20 mars 2017 après avoir succédé à Mohamed Raouraoua. Le message : «À la veille de la célébration de l’anniversaire du sacre africain ramené à la maison par les braves enfants de l’Algérie avec fierté et honneur, plongeant tout un peuple dans une grande joie, je voudrais renouveler aux joueurs de l’équipe nationale et au staff technique, notamment à l’entraîneur Djamel Belmadi, qui conduit cette équipe avec brio et mérite, mes vives remerciements et ma grande reconnaissance pour leur nationalisme et leur sens du sacrifice (…). Je voudrais aussi réitérer à cette occasion le soutien de l’État algérien, à sa tête le président de la République et le gouvernement, pour aider l’EN afin de poursuivre sa grande marche vers d’autres consécrations (…)», écrit-il sur sa page Facebook. Le président Zetchi n’est pas cité. Va-t-il digérer cette omission, ou ira-t-il jusqu’à donner libre cours à toutes interprétations. Dans la cour des professionnels, chacun s’adonne à diverses analyses.
L’étonnement est grand, voire même sévère. Aurait-il volontairement ignoré le travail fait par la FAF depuis le choix de Belmadi jusqu’au sacre. «Pourtant, réagissent ses proches, rien a n’a été laissé au hasard, toutes les conditions étaient réunies, avant et pendant l’événement. Comment ignorer tout cela ?», souligne un joueur international qui a suivi de près les préparatifs, alors que c’est encore sous Zetchi que l’Algérie a décroché la deuxième étoile africaine. «On ne peut pas ignorer cette consolidation de l’équipe et les moyens mis à sa disposition pour arriver au sommet africain. Cela n’est pas possible, mais reste à savoir le pourquoi de cet oubli, s’il y a oubli». Un autre évoquera la cérémonie organisée en l’honneur des Verts par l’ex-président de la République intérimaire, Abdelkader Bensalah. Zetchi a été privé de la médaille de l’ordre du mérite national, alors qu’elle avait été décernée à tous les joueurs et au staff technique, médical et administratif.
Une hypothèse circule et qui pourrait être la bonne, celle qui expliquerait le pourquoi de ces «velléités de résistance» de l’actuel Bureau fédéral qui s’obstine à faire passer son projet de révision des statuts et sa volonté de recourir à l’assemblée générale extraordinaire de la FAF pour décider du sort des championnats de football. Ce qui serait perçu au MJS comme une forme d’«insubordination». Non seulement, mais aussi une autre cause qui contribuerait à faire alourdir le dossier Zetchi. «L’on se souvient d’ailleurs des affaires Alcaraz, de corruption et de marchandage de matches qui ont fait couler récemment beaucoup d’encre, complètent aussi le tableau noir dressé par la tutelle en haut lieu contre la gestion de la FAF, ce qui pourrait présager d’un départ plus tôt que prévu de Zetchi de la tête de la tant convoitée Fédération de football».
Le 20 juin 2020 écoulé, lors de l’émission sport de la Chaîne III, Zetchi avait exprimé son ras-le-bol et verser ce qu’il avait sur le cœur, suite à la cabale dont il fait l’objet depuis son arrivée, certes dans des conditions confuses de fin de règne de Bouteflika le 20 mars 2017, jusqu’à ce jour. Même s’il n’a pas désigné directement ses «adversaires», mais tout le monde, même l’épicier du coin, aura compris que la «Issaba» héritée de l’ère Raouraoua- Bouteflika était celle qui l’a empêché de faire un pas en avant sans se faire attaquer sur tous les flancs, y compris dans sa vie privée. Enfin, toujours lors de cette émission, il évoquait son avenir à la tête de la Fédération. «Malgré le fait qu’il l’ait déjà annoncé, Zetchi a encore une fois dérouté plus d’un en rappelant que s’il était obnubilé par le fauteuil, comme lui prétendent certains, il aurait gardé les statuts actuels, plutôt favorables à une prolongation, «le cigare à la bouche». Mieux encore, il a réitéré son sentiment de vouloir quitter ses fonctions, car la vie à la FAF, ce n’est pas celle à laquelle il aspirait. Il n’y a pas que le foot dans la vie». Quelle sera la décision finale que prendra le président Zetchi, au terme de son mandat ?
H. Hichem