L’implication des tribus libyennes dans les combats armés ouvre la voie aux pires scénarios

Libye

L’implication de certaines tribus libyennes dans des combats armés «est à même de torpiller la solution politique et d’ouvrir la voie aux pires scénarios», estime l’expert sécuritaire et ancien observateur international dans la Mission des Nations unies pour la paix en Erythrée et en Somalie, Ahmed Kerrouche.

Dans une déclaration à l’APS, M. Kerrouche a précisé que cette situation «sera désastreuse pour la société libyenne qui implosera définitivement, faisant basculer le pays dans une interminable guerre civile». Fustigeant l’attitude de certains pays qui «faisant fi des recommandations de la Conférence de Berlin, intensifient leurs ingérences au point d’armer et entrainer des tribus pour les impliquer dans les combats armées», il a affirmé que ceci «est à même de torpiller la solution politique et d’ouvrir la voie aux pires scénarios». Pour cet expert sécuritaire, l’intervention militaire en Libye «fait perdurer la crise et entraver la démarche prônée par l’Algérie de favoriser le dialogue et l’entente afin de mettre en place un Conseil de transition consensuel qui aura à préparer une nouvelle Constitution et une loi sur les élections pour l’organisation d’élections présidentielle et législative permettant à la Libye de passer à la légitimité populaire». Saluant les efforts de la diplomatie algérienne, M. Kerrouche s’est félicité de l’initiative annoncée par le Président Tebboune concernant une initiative commune avec la Tunisie en vue du règlement de la crise en Libye.
Pour sa part, le directeur d’édition de la «Revue africaine des sciences politique» et enseignant universitaire, Bachir Chaib a indiqué que «l’armement des tribus libyennes constitue une menace pour les pays de la région mais surtout pour l’Etat libyen et la cohésion de son peuple, composé essentiellement de tribus», rappelant que l’armement des tribus a échoué en Afghanistan en dépit de tous les fonds injectés. Il a relevé, dans ce sens, les graves répercussions de cet armement sur les pays du Sahel, au regard des prolongements des tribus libyennes dans nombre des pays voisins comme le Niger, le Tchad et le Soudan. La question à poser est qui est derrière l’idée d’armer ces tribus en dépit des dangers qu’elle représente pour les pays de l’Afrique du Nord ? Notamment, en l’absence de tout encadrement de ces tribus, a-t-il estimé. Pour rappel, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a fait état, dimanche soir, lors de son entrevue avec des responsable des médias nationaux, d’une possible initiative algéro-tunisienne pour la résolution de la crise libyenne, se disant optimiste quant au règlement de cette crise.
Il avait réaffirmé que le règlement du conflit entre libyens «passe impérativement par la table du dialogue et que l’usage des armes n’a et ne sera jamais la solution». Regrettant «les tentatives d’implication de certaines tribus libyennes dans le conflit armé ces dernières 24 heures», le président de la République s’est dit inquiet de voir ce pays transformé en champs de bataille entre grandes puissances, estimant que «c’est là une situation très dangereuse qui pourrait faire basculer la Libye dans le même sort que la Somalie». Le Président de la République, avait reçu, dimanche, Mme Stephanie Williams, représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) en Libye. Les deux parties ont examiné les développements préoccupants en Libye, à la lumière des efforts de l’ONU visant la reprise du processus de paix sur la base des décisions de la Conférence internationale de Berlin.
Le Président de la République a réaffirmé, à cette occasion, la position constante de l’Algérie appelant à l’accélération d’un règlement politique en tant que seule et unique voie pour mettre un terme à l’effusion de sang et maintenir la situation sous contrôle, pour que le peuple libyen frère puisse reconstruire son pays dans le cadre de la légitimité populaire à même d’assurer l’intégrité de son territoire et sa souveraineté nationale, loin de toute ingérence militaire étrangère. De son côté, Mme Williams a affirmé à l’issue de l’audience que lui a accordée le Président de la République : «Nous sommes en train de travailler, sous les auspices de l’accord de Berlin, dont l’Algérie fait partie, pour essayer de trouver une solution politique à la crise en Libye et agir aussi sur le volet économique. Nous sommes reconnaissants des efforts fournis par l’Algérie pour une solution politique à cette crise». Elle a fait part, à ce propos, de la «préoccupation» du SG de l’ONU, Antonio Guterres, concernant la situation qui prévaut en Libye et sa demande aux forces étrangères de cesser leurs ingérences dans ce pays.
R. I.