Commémoration du centenaire de Mohammed Dib

Mostra de Venise 2020

L’Algérie commémore aujourd’hui le centenaire de la naissance d’un des pères fondateurs de la littérature algérienne d’expression française, Mohamed Dib œuvrait pour affirmer la personnalité et la revendication de liberté de son pays et de son peuple et de faire en sorte que l’Algérie existe dans la littérature des Algériens.

Auteur prolifique, il a fait son entrée dans le champ littéraire en publiant coup sur coup «La grande maison» en 1952, «L’incendie» en 1954, et «Le métier à tisser» en 1957, une trilogie qui suffira à brosser le tableau de la vie de l’Algérien marginalisé et noyé par la misère et les affres du colonialisme en disant «nous avons été quelques-uns à sentir ce besoin de nommer l’Algérie, de la montrer». Né le 21 juillet 1920 à Tlemcen, Mohamed Dib, qui avait déjà exercé en tant qu’enseignant, comptable, dessinateur ou encore fabricant de tapis, a publié son poème «Eté» en 1946, dans la revue suisse «Lettres», suivi en 1947 de «Véga» dans la revue «Forge» dirigée à Alger par l’écrivain français Emmanuel Roblès. En 1948, lors d’une rencontre organisée par le mouvement de jeunesse et d’éducation populaire à Blida, il fait la connaissance d’Albert Camus, Jean Sénac et de Jean Cayrol, ce dernier va publier ses premiers romans en France. A la sortie de son roman «La grande maison», il travaille en tant que journaliste à Alger républicain et a pour collègue celui qui deviendra le célèbre auteur de «Nedjma», Kateb Yacine. Après le recueil de nouvelles «Au café» (1955), le roman «Un été africain» (1959) et les contes pour enfants «Baba sekrane» (1959), Mohamed Dib entame un nouveau cycle romanesque avec «La danse du roi» (1968), «Dieu en barbarie» (1970) et «Le maître de chasse» (1973) qui explorent la société algérienne postindépendance. L’auteur gagne encore en notoriété auprès du grand public algérien avec l’adaptation par la télévision de «La grande maison» et de «L’incendie» en feuilleton intitulé «El Hariq», réalisé en 1972 par Mustapha Badie. A cette période, Mohamed Dib avait enseigné aux Etats-Unis et se rendait régulièrement en Finlande pour des travaux de traduction d’écrivains finlandais, ce qui donnera également naissance à une «trilogie nordique» publiée à partir de 1989 comprenant «Les terrasses d’Orsol», «Neiges de marbre» et «Le sommeil d’Eve». Son œuvre continue de s’enrichir avec des textes pour le théâtre comme «Mille hourras pour une gueuse» présentée au Festival du théâtre d’Avignon en France, ou le récit poétique «L’aube d’Ismaël» (1996) adapté récemment sur les planches. Disparu en 2003 à l’âge de 82 ans, Mohamed Dib aura laissé une œuvre considérée comme «la plus importante de la production algérienne en langue française» de l’avis de l’universitaire Naget Khadda. Depuis 2001, l’association culturel «La grande maison» œuvre, avec le consentement de l’auteur de son vivant, à promouvoir l’œuvre dibienne, à l’organisation d’ateliers d’écriture, de théâtre de cinéma et de dessin, à rendre accessible un fonds documentaire important et à assurer la relève avec la création du Prix littéraire Mohamed Dib.
R. C.