Un Aïd El-Adha à très haut risque sanitaire

Dans quelques jours

Les rémouleurs se font encore attendre dans les marchés alors qu’habituellement à quelques jours seulement de l’Aïd El Adha, les gens commencent à se presser pour aiguiser leurs couteaux en prévision du rituel religieux du sacrifice du mouton.

On peut à peine entendre le bruit des machines d’affûtage. Le contexte sanitaire dominé par l’épidémie de Coronavirus et aggravé, depuis peu, par le bilan des cas de contamination notifiés «durant les dernières 24h», en hausse vertigineuse, donne raison à ceux qui ont plaidé pour interdire cette année le sacrifice du mouton. Toutes les opérations qui entourent ce geste religieux, de l’achat dans un marché à bestiaux à l’opération d’abattage à domicile, mettent en présence un grand nombre de personnes presque collées les unes aux autres, c’est-à-dire une situation propice à la circulation du virus meurtrier. Dans certaines familles, c’est la forte pression exercée par les enfants en bas âge qui a imposé aux parents l’achat du mouton et la prise de risque quant à la contamination de toute la famille. Ce n’est un secret pour personne que ce rituel religieux est devenu au fil des années l’objet des caprices d’enfants gâtés. Pour rappel, en 1963 et en 1964, pour sauvegarder le cheptel ovin qui était passé de dix millions de têtes en 1954 à trois millions, les Algériens n’ont pas procédé au traditionnel sacrifice du mouton à l’occasion de l’Aïd El-Adha. Le sacrifice du mouton pour Aïd El-Adha (qui était appelé aussi Aïd El Kebir) a été effectué pour la première fois dans l’Algérie indépendante en avril 1965. Faut-il maintenir le sacrifice du mouton dans les conditions de l’épidémie de Coronavirus qui frappe l’Algérie en 2020 ? Oui, a tranché, mardi 14 juillet, la Commission ministérielle de la Fetwa en autorisant le sacrifice de l’Aïd Al-Adha.
Cette autorisation est accompagnée de la condition du respect des mesures de prévention contre le Coronavirus (Covid-19). A partir de là, tout le personnel des services publics s’est mis en quatre pour porter assistance aux citoyens qui ont choisi de faire le sacrifice rituel malgré les risques de propagation du virus. Ainsi, Algérie Poste a pris toutes les dispositions en prévision de la fête de l’Aïd, et a réaménagé les horaires d’ouverture des bureaux de poste à partir du jeudi 23 juillet jusqu’au 30 juillet, avec l’élargissement du temps de travail de 2 heures pour l’ensemble des bureaux de poste au niveau national et disponibilité de la liquidité partout. Le ministère de l’Agriculture et du développement rural a mobilisé plus de 2.000 vétérinaires dans le cadre d’un dispositif d’encadrement sanitaire vétérinaire des points de vente autorisés, ainsi que les structures d’abattage agréées pendant la période de l’Aïd El-Adha. Les services vétérinaires sont instruits d’accompagner les éleveurs et détenteurs d’animaux au niveau des points de vente et d’assister les citoyens lors du sacrifice rituel, tout en veillant au respect des mesures de prévention édictées dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid-19, et en mettant à disposition des masques de protection, dans les limites de leurs possibilités, pour protéger les citoyens qui en sont dépourvus.
Dans la wilaya de Constantine, près de 4.000 policiers ont été mobilisés pour assurer le respect des mesures préventives contre la Covid-19 durant l’opération de vente des moutons en prévision de l’Aïd El Adha. La Commission ministérielle de la fetwa a émis, vendredi, une fetwa sur la prière de l’Aïd El-Adha qui doit être accomplie à domicile, en groupe ou individuellement sans prêche (Khotba), et ce, une demi-heure après la levée du soleil, soulignant que l’égorgement des bêtes de sacrifice doit se faire après l’accomplissement de la prière. Elle a rappelé l’impératif du port de la bavette et la distanciation physique en évitant les visites familiales et les cimetières. Le personnel de la santé appréhende les jours qui suivront l’Aïd El-Adha, en ayant à l’esprit la recrudescence de cas enregistrés à la fin du mois de Ramadhan et après l’Aïd El-Fitr, à cause de l’abandon quasi généralisé des mesures barrières de la population. On sait que les professionnels de la santé, appuyés par une partie de la population, ont plaidé pour l’interdiction du sacrifice du mouton, cette année, en raison de l’évolution inquiétante du nombre de cas de contaminations qui approche les 700 par jour. Ils n’ont malheureusement pas été entendus.
Lakhdar A.