L’origine enfin découverte

Mégalithes de Stonehenge

Des archéologues assurent avoir enfin résolu le mystère de l’origine des mégalithes de Stonehenge, monument néolithique de légende situé dans le comté du Wiltshire, en Angleterre, et classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Leurs travaux font l’objet d’une publication le 29 juillet 2020 dans la revue Sciences Advances. Des tests géochimiques indiquent que 50 des 52 mégalithes de grès gris pâle de Stonehenge, connus sous le nom de sarsens, partagent une origine commune : le site de West Woods, un tout petit bois situé à environ 25 km de la célèbre structure, à la lisière de Marlborough Downs, dans le Wiltshire. Toutes auraient été érigées à peu près au même moment, vers 2 500 avant J.-C.

Deux types de roche, deux origines
Les archéologues avaient pu identifier il y a quelques années l’origine des plus plus petites pierres du monument, dont nous nous faisions écho dans cet article de 2015. Celle des mégalithes, les plus imposantes, restait en revanche encore un mystère. Stonehenge est en effet composé de deux types de roches différents : les mégalithes, qui sont des blocs de grès dit sarsen, tandis que les roches de plus petite taille, disposées en cercle et en fer à cheval à l’intérieur de l’anneau mégalithique et connues sous le nom bluestones, ou pierres bleues, sont faites de dolérite (roche magmatique semblable au basalte) et de rhyolite (roche volcanique à grain fin). De nombreuses études et la découverte d’anciennes carrières avaient fini par amener les chercheurs à considérer que les pierres bleues magmatiques provenaient, elles, des collines de Preseli, au sud-ouest du pays de Galles, à plus de 200 kilomètres du site. Concernant les mégalithes, seule une étude s’était jusqu’à présent penchée sur leur origine.

Une énigme résolue grâce à une carotte
En réalité, les analyses effectuées par l’équipe du géoscientifique David Nash et de l’archéologue Timothy Darvill n’auraient été possibles sans la redécouverte inattendue, en 2018, d’une carotte de Stonehenge d’1,08 m prélevée il y a 60 ans au cœur d’un mégalithe. Conservée aux Etats-Unis, elle avait été extraite lors de travaux de conservation à la fin des années 1950, lorsque des tiges métalliques avaient été insérées pour stabiliser un mégalithe fissuré. C’est elle qui leur a permis d’étudier les caractéristiques de la roche de façon non-intrusive, sans risquer d’endommager le monument. «[C’est] vraiment passionnant, nous avons une réponse à une question qui taraude les archéologues depuis près de 400 ans, à savoir d’où viennent les grosses pierres, ici des pierres de type sarsen.
Depuis de nombreuses années, des chercheurs avancent qu’elles proviennent probablement des Marlborough Downs, qui sont à environ 20 miles (32 km) au nord d’ici, où l’on trouve des diffusions naturelles de sarsens, mais nous n’avions jamais été en mesure de l’affirmer avec exactitude», a expliqué le Dr Susan Greaney, historienne au English Heritage, à Reuters. Malheureusement, avec Stonehenge, un mystère semble toujours en cacher un autre : pourquoi ses bâtisseurs ont-ils choisi le bois de West Woods plus qu’un autre ? Pour les chercheurs, la taille et la qualité des roches, tout comme la bonne accessibilité au site, ont peut-être contribué à cette décision.
M. B.