«Les politiques de développement des régions rurales ont montré leurs limites»

Ali Daoudi, agro-économiste

Le développement du milieu rural constitue une question fondamentale, compte tenu de l’importance de leurs espaces et de la population qui y vit, a indiqué hier l’agro-économiste, Ali Daoudi. Il a précisé dans ce cadre qu’en dépit de la mise en œuvre de politiques visant à promouvoir ces territoires ruraux, ceux-ci continuent de souffrir d’un sérieux déficit de développement dans plusieurs secteurs d’activité, et ce, faute de n’y avoir pas intégré les responsables locaux.

De ce fait, il a appelé les responsables à ne pas limiter les projets de développement des zones rurales dans le secteur de l’agriculture, mais les généraliser dans autres secteurs d’activité, et ce, en collaboration avec les responsables locaux, afin de créer de l’emploi hors agriculture et d’amélioration le cadre de vie dans ces régions. Il signale, a ce propos, que 62 % des communes qui y sont éparpillées regroupent quelque 12 millions d’habitants, ajoutant qu’elles constituent des espaces géographiques pouvant générer davantage de richesses, si elles étaient mieux encadrées.Intervenant sur les ondes de la chaine III de la radio nationale, celui-ci rappelle que depuis l’indépendance, ces régions ont fait l’objet de nombreuses approches visant à les promouvoir «mais, constate-t-il, beaucoup reste à faire, malgré ce qui y a été réalisé». Pour accélérer la relance de ces régions, selon l’intervenant, il y a nécessité, de tirer les leçons de ce qui a été entrepris, ailleurs, au bénéfice des zones rurales, sur la base de différentes approches, communautaires où intersectorielles.
Ces dernières, indique-t-il, ont montré leurs limites parce qu’explique-t-il, les décideurs ont eu tendance à penser qu’il suffisait d’y promouvoir l’agriculture pour assurer leur développement. Plus que le développement de l’agriculture, souligne-il, les habitants des zones rurales exigent ainsi le développement de services publics, de création d’emplois hors agriculture ainsi que d’amélioration de leur cadre de vie. « on peut y développer l’agriculture, mais sans, pour autant, que cela soit suivi de celle des espaces ruraux dans leur ensemble, notamment en matière de services publics, de création d’emplois hors agriculture ou d’amélioration de leur cadre de vie »,a-t-il ajouté dans ce sens. L’autre élément d’importance, reprend-il, c’est que le développement des zones rurales est généralement « propulsé » par des acteurs externes sans, le plus souvent, l’implication de leurs responsables et compétences.
À ce propos, le professeur Ali Daoudi cite l’exemple des politiques de développement rural intégré, engagé en 2008, « qui dans leur conception, note-t-il, représentait une innovation », en ce sens où ils impliquaient des acteurs locaux. Il relève que le maillon faible de ces politiques, «qui n’ont pas atteint leurs objectifs » est dû au fait qu’il y a eu absence d’un esprit d’inter-sectorialité, chaque intervenant agissant à sa guise, sans concertation aucune avec ses vis-à-vis. Par ailleurs, l’intervenant signale, le fait qu’il n’ait été, jusqu’alors, dressé aucune évaluation institutionnelle de la politique de développement du monde rural, « très bonne à la base », qui suscitait « tant d’espoirs », en raison des « cafouillage » qui l’ont marqué.
Manel Z.