Un monument du football algérien vient de nous quitter !

Saïd Amara

C’est une grande perte pour la balle ronde algérienne. Le footballeur le plus complet dans son vécu de joueur de football. Incontestablement, le nom de Saïd Amara est intimement lié à la charmante ville de Saïda, une localité qui l’a vu naître un certain 11 mars 1933, et aussi à toute l’Algérie qui l’a enfanté. Il a rendu d’énormes services au football algérien et a fait vibrer tous les cœurs dans les stades de France, d’Algérie et dans le monde entier.

Il a suffi que l’idée nous soit parvenue pour parler de Saïd Amara, et voilà que la mémoire sportive s’est mise à remonter le temps. Amara Saïd, un joueur de football amateur qui a vu le jour le 11 mars 1933 dans la ville de Saïda et qui a grandement pris part aux différentes performances du Mouloudia Club de Saïda. Ceux qui ont eu la possibilité de le voir jouer en sont encore à raconter ses exploits techniques. Son football était pur, digne d’un grand artiste. C’est le meilleur milieu de terrain que l’Algérie a eu à enfanter. Amara était un excellent pourvoyeur de la balle. Rigoureux dans ses interventions au milieu de terrain où il excellait grâce à une excellente vision de jeu et une précision sans pareil. Il est le seul joueur algérien que toutes les générations sportives confondues connaissent tout à fait très bien. Il y a tout d’abord, Amara Saïd, le footballeur amateur puis Amara Saïd, le professionnel du RC Strasbourg, dont il est devenu le pilier, et le spécialiste des balles arrêtées tout en puissance et avec précision. A cette époque, les sélectionneurs de la sélection de France ont voulu le prendre avec les Bleus pour la Coupe du monde de 1958, mais Saïd avait déjà fait son choix, celui du cœur, à savoir faire partie de la glorieuse équipe du FLN, qu’il avait rejoint, illico-presto, en Tunisie.
C’était un vrai professionnel et les Strasbourgeois ne juraient que par lui. A 25 ans, il est titulaire à part entière au sein du RST au poste de meneur de jeu dans une équipe où les places coûtaient chères. Incontestablement, il a été l’artiste dans cette sympathique formation de France, créateur de jeu, intarissable au point où même en évoluant dans un championnat français, Amara est devenu le symbole du tout Saïda. Il était d’une élégance extrême sur le terrain et d’une clairvoyance dans la relance de jeu qui faisait de lui, malgré sa taille moyenne, un milieu de terrain respecté et très estimé par ses coéquipiers et ses adversaires. Dans un poste où il faut être, un tant soit peu, agressif, Saïd Amara savait diriger ses partenaires avec beaucoup d’assurance. Au Racing de Strasbourg, il était irremplaçable. C’est un joueur de football qui n’est pas allé jusqu’à la limite de son talent, il avait réalisé une grande carrière footballistique professionnelle, mais il ne regrette rien car pour lui, sa grande fierté est d’avoir fait partie de la glorieuse Equipe de la liberté, la patrie avant tout autre chose. L’enfant chéri de Saïda est en quelque sorte, la note qui apportait l’improvisation et qui savait désarticuler les défenses adverses. Il offrait à profusion du spectacle aux supporters. En 1962, il retourne à Bordeaux pour ensuite rentrer définitivement au bercail, à Saïda, avec laquelle il remporte la Coupe d’Algérie comme entraîneur-joueur. Lorsqu’il joua sa première rencontre officielle avec les Verts, l’équipe nationale post-indépendance, Amara Saïd avait 30 ans. Il fut sélectionné pour affronter la Tchécoslovaquie à Alger avec les entraîneurs, Ibrir, El Kamel et Firoud. Lors de cette rencontre, il fut le porteur d’eau, un créateur et un feinteur qui, d’un geste technique, il déstabilisait l’adversaire en pleine course.
Il a participé à divers matches amicaux et marqué un seul but. Il a porté le maillot national algérien plus de 10 fois. C’est contre la formation soviétique, le Spartak Moscou, à l’âge de 31 ans en 1964, qu’il mit fin à sa carrière avec l’Equipe nationale pour se reconvertir en entraîneur. Et c’est comme, entraîneur-joueur, qu’il est allé diriger la JSM Tiaret qu’il fera accéder en Nationale Une. Cependant une méchante blessure l’obligera à mettre fin à sa carrière de joueur. Saïd Amara a connu plusieurs fonctions dans le milieu footballistique. Il a été joueur amateur, un professionnel, entraîneur, coach des Verts et cadre qualifié au ministère de la Jeunesse et des Sports, puis dirigeant et président de la Fédération algérienne de football. C’est un personnage avec des bagages solides. Il fût un sportif complet, et il est rare de rencontrer un homme avec un palmarès aussi étoffé, un homme qui a eu l’immense plaisir et l’honneur d’offrir à sa ville natale, le trophée de la Coupe d’Algérie.
Tout Algérien de bonne foi peut témoigner que Said Amara comme tant d’autres footballeurs à l’image des Mekhloufi, Rouai, Kermali, Benfeddha, Boubekeur, Maouche et autres professionnels algériens ont tout sacrifié afin que l’Algérie recouvre sa liberté. Des personnages qui ont écrit l’histoire à un moment crucial de la guerre de Libération nationale en faisant flotter l’emblème national dans tous les stades du monde, à commencer par la Tunisie, Jordanie, Corée, Chine, Russie, Maroc, Singapour, Vietnam et des dizaines d’autres pays. Saïd Amara a beaucoup voyagé, et en toute logique, il faut reconnaître que le personnage est un notable dans sa ville natale et une encyclopédie footballistique pour l’Algérie et le reste du monde. Vu son âge avancé, il s’était retiré du monde sportif, physiquement, mais nous savons que mentalement, il suivait les rencontres de football du championnat algérien, européen et surtout les matches des Verts… Il vient de nous quitter. Le Moudjahid de la première heure. La «chakhssia» (personnalité) du tout Saïda. Une autre grande perte historique du football algérien. En cette douloureuse occasion, les journalistes de la rubrique sportive de La Nouvelle République présentent leurs sincères condoléances à la famille du défunt et les assurent de leur profonde compassion. A Allah nous appartenons, à Lui nous retournons.
Kouider Djouab