Un dossier bien musclé

Litige athlètes-FABFP

Ils étaient convaincus qu’avec l’ouverture sur le monde extérieur, leurs horizons n’auront plus de limites, ce qui leur servira d’atout dans leur future carrière d’athlètes. Ils avaient ensemble donné ce que leurs muscles pouvaient donner pour être champions.

Dans leurs courses aux titres, ces athlètes algériens avaient affronté plusieurs obstacles, dont des situations savamment entretenues, dit-on, par le président de leur Fédération algérienne de bodybuilding, fitness et de powerlifting. Ils avaient également affronté celui du terrain sportif, des concurrents chevronnés dont l’objectif est d’atteindre le haut niveau qui fait rage dans leur discipline. «Pourquoi travailler si dur pour dessiner des muscles saillants, les enduire d’huile bronzante et prendre la pose devant des juges ? Sans parler du manque de retour sur investissement sur le plan financier ou au niveau du physique qui, à la longue, est mis à rude épreuve. Avec ses entraînements intenses, ses règles de diététique et de nutrition très strictes, le bodybuilding impose un engagement total». Un expert européen explique que l’intensité de la pratique s’apparente à celle de l’athlète de haut niveau. «Le but n’est pas la performance, mais réside dans des critères esthétiques précis : la définition du muscle, le galbe, la silhouette, l’harmonie, qui se rapproche du sport grâce à la notion de record, de dépassement de soi».
Le regard croisé proposé de ce jeudi 6 août 2020 par la chaîne TV privée, «El Heddaf», dans le cadre de son émission «Belmekchouf» aura été déterminant, et permis de déceler des failles qui expliquent que la gestion de certaines fédérations n’est pas celle que l’on croyait. Après les révélations surprenantes sur les diverses situations auxquelles faisaient face les athlètes, qui n’étaient pas assurés (ce sont eux qui s’acquittent des frais de couverture d’assurances), diverses questions sont mises en vitrine «elles dénoncent ceux contribuant à dénaturer le sport, à le vider de son sens en l’infectant de comportements irresponsables». Fatalité ? Non. Évitons d’y voir une calamité naturelle pour désigner la véritable origine du malaise persistant, et qui ne pourra en aucun cas être circonscrit sans un changement radical dans l’approche de la gestion sportive.

Les faits rien que ça ?
Ce jeudi 6 août 2020, les téléspectateurs de cette chaîne sportive ont pu faire leur propre analyse. Qu’en est-il réellement et quelles étaient les réponses du président aux accusations portées contre sa gestion. D’entrée, il accusera les athlètes qui se sont donnés à de fausses informations. Athlètes qu’il accuse également de n’avoir jamais décroché un seul titre de champion du monde ou d’Afrique et les invite à fournir une seule attestation qui fournirait la preuve qu’ils sont des champions du monde. Ce que ces derniers avaient vite fait de démontrer en exposant sur le plateau télé (toutes médailles confondues et fiches techniques). Il dément par ailleurs avoir favorisé une de ses relations pour l’obtention d’un visa contre la somme faramineuse de 600 000 DA. Par ailleurs, les athlètes démentent également avoir séjourné dans un hôtel lors de la compétition internationale «c’est notre sponsor qui avait pris en charge notre hébergement dans des villas louées à cet effet».
Ceci les amène à s’interroger sur ce que pouvait représenter les factures d’hébergements qu’il exhibe. Enfin, Abdellah Attouche, ancien membre fédéral de la fédération, apporte sa pierre dans ce dossier qui semble peser. Il dira, à cet effet, «le président affirme que le budget annuel de fonctionnement alloué par le MJS est de 1 milliard de centimes, alors que le bilan financier dûment signé par le commissaire aux comptes et par le financier attestent que la subvention accordée par le ministère de la Jeunesse et des Sports est de 2,5 milliards. Un éclairage utile à un document d’analyse marqué par des déclarations du président de la Fédération qui n’aurait pas convaincu par ses réponses les experts, supporters et observateurs. L’enquête ouverte par le MJS au lendemain de la diffusion de la première version diffusée le 30 juillet écoulée, rassure plus d’un puisqu’elle devrait permettre, sans nul doute, de déceler éventuellement les principales failles qui caractériseraient le fonctionnement de cette fédération. De l’avis des professionnels, le dossier mériterait d’être confié à la justice pour un complément d’enquête.
H. Hichem