Le déconfinement, une autre épreuve à surmonter

Sans les mesures barrières, il est difficile d’imaginer qu’on puisse s’en sortir

Au-delà de remplir les conditions et les obligations de réouverture des espaces publics, les autorités doivent accompagner le retour progressif du citoyen à la vie normale. Officiellement, les Algériens peuvent, dès samedi prochain, reprendre leurs habitudes quotidiennes et fréquenter à nouveau les lieux sacrés, les parcs de loisirs et les plages, mais aussi plusieurs autres espaces communs, à condition de se conformer aux mesures barrières et de la distanciation physique.

Le retour progressif à la vie active, ne signifierait pas, toutefois, la disparition du Coronavirus. Le virus est toujours actif et très virulent. Il circule vite. Il ne faut pas banaliser les actions de sécurités édictées pour endiguer la progression dans les lieux publics du Covid-19. La vigilance reste de mise. Les épidémiologistes et les spécialistes de la santé craignent, une fois le déconfinement franchi, que le nombre de contaminés soit sous-évalué en raison de ce qu’ils qualifient des «supers propagateurs». Dans ce cas, le seul moyen de protection est le respect de la règle du port du masque dans les espaces publics, la distanciation physique et l’adoption des autres mesures barrières.
Les scientifiques espèrent que la peur de contamination soit un moteur de discipline pour inciter les citoyens a adopter les comportements nécessaires dans les lieux publics. En effet, la réouverture des mosquées, des parcs de loisirs et des plages, samedi, 15 août, pourrait constituer une phase de rétablissement de l’épidémie, si tous les citoyens s’impliquent sérieusement dans cette lutte aux côtés des services de sécurité qui veillent pour leur part au respect des mesures de sécurité. Subséquemment, il faut sévir contre les personnes contrevenantes. C’est une méthode qui a dissuadé et discipliné les citoyens récalcitrants au port du masque, depuis le début de la pandémie qui a causé plus de 1.300 décès et 33.500 cas testés positifs. Ces chiffres classent l’Algérie en tête des pays africains les plus touchés par la crise sanitaire.
Longtemps pointé du doigt, le citoyen devra prouver, désormais, sa volonté de se libérer du confinement et surtout de sa volonté à gérer le déconfinement en se conformant aux mesures de prévention et de lutte contre la Covid-19. La seule façon pour se prémunir et protéger ses proches contre le risque accru de contamination au Covid-19, dont la conséquence pourrait être irréversible. Egalement, collaborer avec les autorités sanitaires afin de réduire la pression sur les établissements sanitaires et les soignants au front depuis plus de cinq mois. L’allègement des mesures de confinement décidées par le gouvernement traduisent, en réalité, la situation complexe à laquelle fait face le pays, tant sur le plan économique que social, notamment, l’état psychologique des gens qui commencent à s’exaspérer de la situation. L’unique solution est de rouvrir graduellement les espaces publics sous les conditions strictes du respect des mesures de sécurité, tant par les citoyens que par les administrations des lieux concernés par cette décision. Plus de 4.000 mosquées remplissant les conditions de préventions exigées par les autorités sanitaires seront ouvertes dès la semaine prochaine, selon, le ministre des Affaires religieuses et des Waqf, Youcef Belmahdi. De leurs côtés, les administrations des parcs de loisirs, à l’instar, de la Baie d’Alger (Sablette, le Jardin d’Essai, le parc de loisirs de Ben Aknoun se sont mobilisés tout au long de la semaine afin de désinfecter les lieux et mettre en place les dispositifs nécessaires pour accueillir les visiteurs.
La même mobilisation est constatée du côté des restaurateurs qui s’apprêtent à rouvrir leurs établissements. Ils ont accueilli la décision du gouvernement avec enthousiasme et optimisme. Après cinq mois de confinement, cette étape est inévitable, mais les citoyens doivent rester «vigilants», a indiqué le professeur Mohamed Belhocine, président de la cellule en charge des enquêtes épidémiologiques. Au front dans la lutte contre la Covid-19 et surtout exposé quotidiennement à la situation dans différentes région du pays, le professeur Belhocine prévient contre la négligence des mesures barrières sans lesquelles, «il est difficile d’imaginer qu’on puisse s’en sortir». Il a estimé que dans certaines régions, «la pandémie a une capacité d’expansion extrêmement rapide». Ce qui impose le respect des espacements physiques et le port obligatoire du masque sous peine d’être sanctionné. Pour lui et pour plusieurs autres spécialistes de la santé, «beaucoup reste à faire» pour habituer les citoyens à se conformer aux mesures barrières, reconnaissant que comparé au début de la crise sanitaire, nombreux sont ceux qui appliquent ces mesures.
Samira Takharboucht