Un constat et des interrogations…

L’argent de la publicité publique

Dans un entretien qu’il a accordé à El Watan et à El Khabar, publié mercredi 5 août 2020, le Président-directeur général de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), Larbi Ounoughi, a exposé la situation de l’Agence qu’il dirige. Il décrit cette situation, qu’il a trouvée en arrivant à l’ANEP, comme étant «catastrophique avec de profonds dysfonctionnements de gestion».

Dans un entretien qu’il a accordé à El Watan et à El Khabar, publié mercredi 5 août 2020, le Président-directeur général de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), Larbi Ounoughi, a exposé la situation de l’Agence qu’il dirige. Il décrit cette situation, qu’il a trouvée en arrivant à l’ANEP, comme étant «catastrophique avec de profonds dysfonctionnements de gestion». Larbi Ounoughi fait le constat des grandes difficultés que rencontre l’Agence, qui ont justifié la mise en place d’une commission chargée de faire un audit interne sans complaisance, avec la volonté clairement exprimée par le P-DG d’assainir la situation. Une démarche hautement louable. Mais, fait surprenant, parmi les chiffres et journaux cités, sans explication, dans l’article d’El Watan, figure une ligne consacrée à La Nouvelle République, quotidien créé en février 1997, depuis plus de 23 ans, donc, par des journalistes, dont le directeur était déjà dans la presse publique avant la Constitution de février 1989. La Nouvelle République appartient à la «génération de journaux indépendants créés par les journalistes professionnels, sur la base d’une ligne éditoriale et en conformité avec la loi et avec les règles déontologiques et éthiques de la profession. La Nouvelle République n’a pas été créée «spécialement» pour «pomper» la publicité publique octroyée par l’ANEP.
Or, le journal figure sur une liste qui laisse croire que, finalement, tous les éditeurs sont concernés par le pillage de la manne financière distribuée par l’ANEP. Il y a lieu de s’interroger sur les critères qui ont conduit à composer cette liste de journaux et sur les motivations de la publication, sans commentaires explicatifs, de chiffres à l’état brut, Finalement, la liste a produit un effet d’amalgame dont le résultat est la désinformation du public sur la question sensible de la distribution de la publicité publique. L’impression qui se dégage est que l’argent de l’ANEP destiné aux insertions publicitaires d’annonceurs du secteur public, va directement dans la poche des responsables de journaux comme si c’était une règle qui, en plus, n’admettrait aucune exception. La liste aurait dû être accompagnée d’une explication sur la destination de l’argent répartie, dans le cas de la Nouvelle République, en taxes (TVA, G50), factures d’impression, salaires, dépenses diverses (liées à l’activité professionnelle), paiement des dettes antérieures… Il y a de quoi s’interroger sur cette façon de rendre compte publiquement du rapport entre l’ANEP et la presse; est-ce de cette façon que l’on mobilisera la presse pour l’amener à remplir son rôle? La Nouvelle République est disposée à publier ses bilans en toute transparence, pour sortir de l’amalgame qui présente une partie du paysage médiatique sous l’angle de la prédation, sans aucun discernement.
L. A.