Une perte sèche de plusieurs milliards DA

Transformation du cuir

Des milliers de peaux de mouton de différentes tailles, poids, toisons avaient fait leur apparition sur les marchés populaires algériens. C’était de bon augure pour le marché de la transformation nationale des peaux ovines et mêmes bovines.

Il ressort de quelques attitudes raisonnables et simples que l’on peut, avec la campagne du sacrifice de chaque Aïd El-Adha, contribuer à relancer le secteur de la transformation du cuir via les festivités de l’Aïd El-Adha. D’éviter également que cette fête soit une source de nuisances sanitaires à court et moyens termes. Ce qui n’explique pas la disparition au lendemain de cette fête religieuse à l’échelle nationale de plusieurs dizaines de milliers de peaux de moutons. A l’exception de quelques-unes mises au chaudron, nous n’en avons plus revues au lendemain du 1er août 2020. Qu’en est advenu ? La question est sur toutes les bouches. Elle est également présente dans les discussions des transformateurs. La veille, mis face à la désorganisation du secteur de la récupération des peaux ovines, ils ont tenté de se rattraper en reprenant l’initiative sur le terrain. C’est-à-dire en lançant une opération porte-à-porte auprès des habitants avec l’espoir d’en collecter quelques-unes. La déception a été à la mesure de l’attente. D’autant que cette situation intervenait la veille du sacrifice de l’Aïd El-Kebir soit le 31 juillet 2020. Depuis, les transformateurs ont totalement disparu. L’on a cherché du côté des rares abattoirs communaux implantés à travers le pays. Rien également du côté des animateurs des unités de récupération des peaux de moutons.
Ils étaient présents à veiller à la cuisson des plats traditionnels de l’Aïd El-Kebir. A ce niveau, l’on n’a pas perdu de temps même si à l’extérieur dans de rares quartiers, des gosses tentaient le tout pour le tout en récupérant ce qu’ils pouvaient de peaux de bêtes égorgées. Les transformateurs, quant à eux, étaient beaucoup plus occupés à préparer leurs plats de couscous et chorba. Il s’agissait de la démarche traditionnelle à laquelle les familles ne dérogeaient jamais. Des plus anciennes à celles que la crise du logement a habillé de poussière de toitures en ruine en milieu urbain. C’est que, hormis l’égorgement du mouton qui lui est spécifique, ce sacrifice religieux de l’Aïd El-Kebir dont le prix unitaire augmente en Algérie chaque année, a rejoint dans ses rites et sa pratique celle du monde musulman. Ils sont, en effet, des dizaines de milliers à vivre presque à la même minute le geste rituel. Ils le feront à un degré moindre, c’est-à-dire sans le sacrifice du mouton à l’Aïd El-Fitr. Celui du Mouloud Ennabaoui est tout aussi important car symbolisant la naissance du Prophète (QSSL). Il y a aussi les circoncisions avec les regroupements familiaux comme les fiançailles, les mariages et autres rites sociaux d’aspect culturel que certaines couches sociales de populations se font un plaisir d’accompagner et de faire perdurer depuis la nuit des temps.
Cela permet aux maquignons, bouchers et autres éleveurs d’imposer leur loi sur les prix des bêtes qu’ils commercialisent à l’occasion. Il y a aussi les grandes fêtes populaires. S’y regroupent les anciens membres des familles des deux sexes et de tout âge. Elles sont ponctuées par de nouvelles alliances et des repas abondants synonymes d’ovins et de bovins égorgés donc, de transformations. Des jours et des nuits durant, dans le digne respect des traditions ancestrales de grandes quantités d’ovins et de bovins sont consommées par les participants y compris ceux du voisinage. On notera aussi une très importante consommation de viande et protéines carnées. Ceci comporte des avantages et des inconvénients du fait de l’abondance de l’alimentation en protéines animales, en l’occurrence la viande et autres ressources caloriques telles que celles de la volaille. Tout aussi disponibles durant plusieurs jours, les légumes, fruits, œufs, produits laitiers. Ce pourquoi, il est enregistré des abus dans la consommation où les grillades prennent leur part de feu de la friture dans l’huile ou dans des graisses animales.
Du côté des chefs sollicités pour la circonstance, ce sont souvent des proches de la famille. Si l’on évite d’aborder la question de la disparition des peaux de bête bovine et ovine, l’on se fait prolixe pour ce qui est de la transformation des abats et autres viscères en divers dérivés de plats maisons. Il ressort de l’avis de nombreux praticiens contactés, que cette graisse est pour beaucoup dans la maladie articulaire de la ‘’goutte’’. Selon eux, même si leur disparition est préjudiciable à l’économie nationale y compris en terme de création d’emplois, la viande fraîche de mouton est à consommer avec modération. Entre temps, l’Algérie a cumulé une perte sèche de plusieurs milliards de dinars et raté l’opportunité de créer des milliers de poste de travail. Sous d’autres cieux, un ministre en charge de pareil secteur de la récupération aurait eu des comptes à rendre, et pas des moindres.
A. Djabali