Attar évoque le recours oblige à l’exploration du gaz de schiste dès 2030

La Covid-19 cause 125 milliards DA de pertes aux compagnies de l’Energie

Après plus de cinq mois de lutte acharnée contre la propagation du Coronavirus (Covid-19) en vue d’amortir l’impact de son onde de choc sur les secteurs productifs, l’Etat revient pour évaluer l’implication et les stratégies sectorielles. L’heure des comptes a sonné. De son côté, le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar a passé en revue, lors de son intervention au cours de la rencontre Gouvernement-walis présidée par le Président Tebboune, mercredi dernier, dans le détail sur les mesures prises pour gérer la situation de crise par son département, évoquant les solutions et les retombées du Covid-19 sur l’activité de son secteur.

Les pertes enregistrées par les compagnies du secteur de l’énergie toute activité confondue, touchées de plein fouet par les retombées de la crise sanitaire, sont évaluées à près de 125 milliards dinars déclaré le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar. Ce dernier n’a, par ailleurs, pas exclu le recours de l’Algérie à l’exploitation du gaz de schiste afin de compenser l’arrêt des exportations du gaz naturel à l’horizon de 2030. Une option nécessaire, selon le ministre de l’Energie, pour «améliorer les taux de récupération et pourquoi pas aller au gaz de schiste, si c’est nécessaire à cause des besoins intérieurs au delà de 2030». Des pertes qui ont un impact direct sur l’activité économique du pays et surtout sur le Trésor public alimenté à plus de 60% des recettes des hydrocarbures. Un secteur particulièrement bouleversé par la crise pétrolière, d’ores et déjà, antérieure à la crise sanitaire survenue dans un contexte international et national assez complexe et surtout instable. Dans son compte-rendu, le ministre a indiqué que «la valeur des recettes de l’Etat issues des exportations des hydrocarbures a diminué de près de 40% durant le 1er semestre 2020 par rapport à la même période de l’année 2019», anticipant la réduction du volume des exportations futures du gaz de l’Algérie dès 2025 pour ne plus exporter à partir de 2030 que 25 à 30 milliards m3.
Il a expliqué cette réduction par la hausse continuelle de la demande interne et la baisse des réserves prouvées en la matière, ce qui inciterait la compagnie nationale des hydrocarbures de revoir ses quotas destinés à l’exportation. Clairement et sans aucune ambigüité, M. Attar qui a regretté la mauvaise interprétation de ses déclarations quant à cette question, a réaffirmé lors de cette rencontre que «les réserves prouvées restantes actuellement et l’augmentation de la consommation intérieure, la compagnie nationale Sonatrach devra réduire ses exportations à compter de 2025 pour ne plus exporter à partir de 2030 et non 2025 que 25 à 30 milliards m3». Pour compenser ces pertes, le ministre de la tutelle évoque le recours à l’exploration de gaz de schiste comme étant une perspective et alternative au financement des caisses de l’Etat afin de doter les finances publiques des moyens financiers nécessaires pour réaliser ses objectifs économiques et sociaux.
«L’économie nationale et le marché pétrolier en particulier traversent une période difficile, marquée par une chute des cours et une baisse de la demande mondiale depuis la fin du 1er trimestre 2020, en raison de la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus, impactant négativement l’économie nationale», a-t-il souligné. Il a expliqué l’exacerbation de la situation par les crises multiples que traverse le pays depuis des mois, voire même des années, mais aussi par «la hausse croissante de la demande interne d’énergie avec près de 7% par an». La société algérienne devenue énergivore, sachant que la source de cette énergie est issue particulièrement des énergies fossile une énergie tarissable à l’usure, d’où l’urgence d’optimiser et de diversifier les activités de la compagnie nationale des hydrocarbures qui devra, selon lui, investir dans l’industrie pétrochimique, mais aussi dans l’exploration de nouveaux gisements et dans le gaz de schiste.
Pour soutenir cette nouvelle vision, le ministère de l’Energie a tracé un nouvel itinéraire et élaboré une stratégie de la relance qui «repose sur l’application d’une politique de développement indépendante de la rente pétrolière, l’orientation et la valorisation des ressources, et la production d’hydrocarbures pour réaliser le bien-être du citoyen, créer des opportunités d’emploi et de nouvelles richesses», a-t-il plaidé devant les participants à la rencontre. Il a plaidé pour la révolution du modèle de gestion et de fonctionnement des compagnies nationales du secteur de l’Energie pour améliorer leur gouvernance et surtout leur contribution réelle au développement de l’économie nationale, à long terme.
Samira Takharboucht