Les cucurbitacées menacent les céréales

Aïn Témouchent – Récolte de pastèques et melons

La campagne de récolte des pastèques et melons tire à sa fin après plus de quatre mois. D’immenses terres agricoles ont été cultivées en ces cucurbitacées à travers le territoire de la wilaya. Cette superficie s’agrandissait d’année en année pour diverses raisons économiques et techniques. Cette filière agricole est devenue un créneau très convoité et draine toute une chaîne d’actionnaires et d’investisseurs allant du propriétaire de la terre au commerçant en détail en passant par plusieurs intermédiaires.

Quotidiennement, des véhicules de transport public de marchandise portant diverses plaques immatriculation nationale partent chargés vers différentes destinations. Ainsi, la culture des pastèques et melon est considérée très rentable et économique au cultivateur grâce à l’abondance d’eau d’irrigation et l’application des nouvelles techniques de plantation et de suivi. La nouvelle technique consistait à cultiver la plante semi-préparée et son irrigation par le système du goutte-à-goutte. Elle permet un gain de temps. En l’espace de quatre mois, le cultivateur pourra entamer la récolte et la vente de son produit. L’ancienne culture dite «classique» est encore exercée sur de petites parcelles. La rédaction du journal s’est rapprochée de la direction des services agricoles de la wilaya pour de plus amples informations, malheureusement, elle est retournée bredouille. Les exploitants agricoles sont livrés à eux-mêmes dont la plupart sous- louent leur terre à des particuliers investisseurs venus d’autres wilayas du pays. En effet, cette campagne a offert des centaines d’emplois aux jeunes, notamment à ceux venus d’autres wilayas du pays à la recherche d’emplois. Un ouvrier originaire de Mascara s’est confié au journal : «Je suis venu de Mascara pour travailler… Alors je suis gardien, nuit et jour, de cette superficie de 14 hectares emblavée de melon et pastèque. Mon salaire journalier est de 1.500 DA, sachant que le déjeuner et le dîner sont à la charge de mon employeur. C’est très insuffisant mais, Allah ghallab, je n’ai pas trouvé mieux. Je travaille tous les jours sans repos ni weekend…Cette production a été cédée à 1.8 milliards de centimes à certains commerçants». Concernant le volet économique, selon les techniciens agricoles, les pastèques et melons ne constituent pas une culture stratégique. Leur culture consomme beaucoup d’eau. Elle est convoitée par une certaine frange d’exploitants agricoles en raison, du gain facile et ne nécessite pas d’intenses travaux ni de main-d’œuvre. De l’agriculteur jusqu’au commerçant au détail, ont réalisé d’importants chiffre d’affaires puisque le prix du kilogramme de chacune des deux espèces n’a pas baissé dernièrement au dessous de 50 DA. Par contre, les économistes craignent que cette culture fasse de la concurrence à la céréaliculture qui est une culture stratégique pour le pays œuvrant pour l’autosuffisance alimentaire et diminuer la facture d’importation du blé de l’étranger, coûtant très cher au trésor public. En absence d’un plan de culture fiable, les opportunistes profitent de l’occasion pour mener à bon escient leurs affaires sans se soucier de l’intérêt national, alors que la superficie de la céréaliculture se rétrécit au vu et su des pouvoirs publics, alors que l’Etat achète en devises le blé.
Sabraoui Djelloul