Mise en garde contre un «calme trompeur»

Le chef de la diplomatie allemande à Tripoli

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, en déplacement lundi dans la capitale libyenne Tripoli, a mis en garde contre le «calme trompeur» qui règne actuellement dans le pays. «Nous constatons actuellement un calme trompeur en Libye», a déclaré M. Maas lors d’une conférence de presse au côté de son homologue libyen, Mohamad Tahar Siala.

La visite surprise du MAE allemand à Tripoli intervient sept mois après la conférence internationale à Berlin (Allemagne) sur la Libye. Neuf ans après la chute de l’ancien dirigeant Maamar El-Gueddafi, la Libye est toujours en proie aux violences : le pays est déchiré par un conflit entre deux autorités rivales : le GNA, dont le siège est à Tripoli, et les forces de Khalifa Haftar, soutenues par le parlement de Tobrouk à l’Est. Selon M. Maas, «les deux parties et leurs alliés internationaux continuent d’envoyer des armes dans le pays (…)» et campent sur leurs positions en vue d’un cessez-le-feu durable. La bataille s’organise désormais autour de la ville stratégique de Syrte, contrôlée par les forces de Haftar et située à mi-chemin entre Tripoli à l’ouest et Benghazi à l’est. Les deux camps ont déployé leurs forces autour de la ville. M. Maas s’est dit «favorable» à la création d’une «zone démilitarisée autour de Syrte» afin de trouver les «moyens de sortir de cette situation très dangereuse». Il a dit avoir évoqué cette possibilité avec le Premier ministre Fayez al-Sarraj et le ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha. Après Tripoli, le chef de la diplomatie allemande se rendra aux Emirats arabes unis. Sur le dossier des migrants et de leurs conditions de détention, M. Maas a affirmé que «les réseaux de contrebande doivent être combattus efficacement». «Depuis longtemps, nous appelons à la fermeture des centres de détention» et à l’installation des migrants dans les centres urbains, a-t-il déclaré. De son côté, le ministre libyen des Affaires étrangères a de nouveau rejeté la mission navale de l’Union européenne «Irini» chargée de faire respecter l’embargo sur les armes en Libye, qui selon lui «ne s’adresse qu’au GNA pour le priver d’aides pour contrer l’agression». L’opération Irini «ne surveille pas les arrivées d’armes et de mercenaires par voies aérienne, maritime et terrestre» au profit du maréchal Haftar, a-t-il accusé. Les ministres de la Défense qatari, Khalid bin Mohamed Al Attiyah et turc, Hulusi Akar, effectuaient lundi une visite à Tripoli dans le cadre des efforts visant à obtenir un cessez-le-feu en Libye, a rapporté lundi Reuters.
R. I.