L’échelle des valeurs n’existe plus !

Boumerdès

Depuis pas mal d’années, la ville de Bordj Ménaïel est devenue une localité sans âme. Pourquoi un tel constat amer qui n’honore en aucun cas les habitants de cette ville ?

La réponse est simple : la génération actuelle n’a pas pu remplacer les anciens partis vers l’au-delà qui, eux, étaient une source de référence positive à tous les niveaux, que ce soit dans l’éducation, la franchise, la transparence, la bonne parole, l’hospitalité, l’aide aux plus démunis. La génération actuelle se caractérise par des appétits voraces qu’elle satisfait en concourant aux pertes de valeurs essentielles de toute société qui veut avancer (sens de la famille, entraide, valeur du travail, honnêteté, probité, sens de l’honneur. Tout cela s’est perdu au fil du temps, laissant la place à la loi de la jungle, c’est-à-dire à la loi du plus fort ou du plus riche. Bordj Ménaïel a perdu son âme (rouh) quelque part en cours de route dans une course vers le profit effréné, qui a enfanté des groupes d’intérêts. Pour cela, il suffit d’aller faire un tour dans certains cafés de la ville pour admirer un décor hideux et où les gens sont devenus plus matérialistes que jamais, animant des discussions qui n’honorent en aucun cas les personnages.
La population souffre de l’incompétence des hommes qui occupent le devant de la scène actuellement. Ils sont bien loin d’égaler ceux qui nous ont quittés, ceux-la mêmes qui étaient la fierté de la ville des Coquelicots. C’étaient des hommes au vrai sens du mot, qui avaient vécu avec des principes et des valeurs fondamentaux basés sur le respect, l’amour du prochain, l’éducation, l’amour du pays et la religion. Ils étaient et demeurent l’image de marque de la ville de Bordj Ménaïel. Ils ne font plus partie de ce monde, ces figures emblématiques et respectueuses à travers lesquelles de vastes périodes de l’histoire de leur vie et de leur passage sur cette terre peuvent être retracées. Ils étaient et demeureront la fierté de la ville pour l’éternité.
Que l’on nous excuse si on a omis d’en citer quelques autres, car tous ceux qui ont côtoyé ces personnages les décrivent comme d’honnêtes citoyens, des sages et des érudits avec des qualités d’intelligence, qui leur ont permis de s’acquitter à merveille de leur rôle de responsable de famille, d’avoir su gérer convenablement leur foyer en «bons pères de famille». La population de Bordj Ménaïel leur reconnaît le legs d’un bien très précieux, à savoir la bonne éducation, le savoir-faire, l’Islam et le respect d’autrui. Beaucoup de choses ont été dites sur eux et sur leur sérieux. Ils aimaient leur ville ainsi que leurs enfants. Malheureusement, de nos jours, les vieilles personnes censées les remplacer ne sont en aucun cas à la hauteur de la tâche. Ils préfèrent siroter un café dans une cafétéria et parler de bizness, de milliards, de voitures, de terrains et de plein d’autres choses encore.

Le tout sur un fond d’excès de zèle et de fanfaronnade
Et dire que dans la vie «Akhertha Moute» (en fin de compte il y a la mort). Il n’y a pas de médaille qui n’ait son revers ! Voilà pourquoi Bordj Ménaïel est restée à la traîne en matière de développement économique, social, sportif et surtout culturel. Nos aïeux agissaient collectivement et cela pour le bien de la société et de la famille. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’individualisme bat son plein. C’est la politique du chacun pour soi et du «Tu as un doro, tu vaux doro !». A priori, une APC c’est quoi en définitif ? Elle représente un mini-gouvernement où le président de l’Assemblée populaire et communale en est le chef suprême, aidé dans sa tâche par des élus qui font office de ministres au service de la population locale. Comment faire pour qu’il n’y ait plus jamais dans la ville de Bordj Ménaïel ce laisser-aller qui perdure, ce laxisme de l’Etat, cet abandon total de la société civile, des associations ? Que faut-il faire pour que Bordj Ménaïel marche sur ses deux pieds ? Eh bien, il faudrait tout simplement changer de mentalité ! On a tout détruit comme symbole, comme repère, les jardins publics sont à l’abandon et les habitants de la ville des Coquelicots chef-lieu de daïra sont pratiquement livrés à la rue, les espaces culturels, les espaces sportifs et ceux de détente se comptent sur les doigts d’une seule main. Du coup, les citoyens n’ont d’autre choix que de se cloitrer à l’intérieur de leurs logements ou errer à travers les ruelles étroites, sales, bruyantes et incommodes aux promenades,. A Bordj-Ménaiel, il n’y a pas d’espaces de détente pour les habitants, hormis la Maison de jeunes où l’on peut espérer y passer un moment quant un programme est mis en place, c’est l’oisiveté qui guette les habitants.

L’incivisme, les mentalités rétrogrades et le non-respect d’autrui, gagnent du terrain
Des maux très profonds ! Dieu est le Tout-Puissant ! Il a la faculté de remettre les pendules à l’heure mais n’est-il pas dit dans un verset coranique «Inna Allah la youghayirou qawmane hata youghayirou bi annefoussihame». Dieu ne changera pas les mentalités d’un peuple, c’est au peuple de changer ses mentalités rétrogrades». Est-il possible de changer nos mœurs et nos mentalités rétrogrades pour pouvoir parvenir à ce rêve?  L’incivisme a battu tous les records dans nos villes, villages et nos cités, il suffit de faire un petit tour dans la rue pour constater le comportement «offensant» et «abusif» des citoyens, dira sans ambages un septuagénaire. Dans cet environnement aux multiples boursouflures, la violation des biens publics et le squat, sans vergogne, d’espaces publics se fait au vu et au su de tout le monde. Comment voulez-vous vivre ensemble en paix si plusieurs constructeurs et entrepreneurs préfèrent déposer les détritus et déchets provenant de leurs chantiers dans des lieux situés limitrophes (aux abords des routes ou dans les lits des affluents ? Qu’est-ce que le civisme ? Eh bien c’est le sens du devoir, de la responsabilité, du respect élémentaire, de l’éthique et de la déontologie du vivre-ensemble en société, le civisme responsabilise en élevant à la conscience du rôle de chacun dans la cité, dans les quartiers, au boulot, dans le chez-soi et partout ailleurs : le civisme définit une éthique de la responsabilité morale et politique, l’exigence que le citoyen doit donner l’exemple et répondre de sa qualité de citoyen.
Le civisme, c’est ce qui manque le plus dans notre beau pays, l’Algérie ! Le civisme est la qualité propre à la pratique des actes civilisées et modernes, la formule «respecter ces voisins» par exemple signifie que le civisme se définit par le respect des droits et des obligations de la citoyenneté, cette dernière s’enseigne, se cultive et se pratique. Est-il possible de vivre ensemble en paix lorsque les Algériens sont fatigués des promesses sans lendemain, ils sont ballottés de droite à gauche sans jamais trouver une oreille attentive à leurs problèmes. Comment vivre ensemble en paix lorsque vous partez au bord de la mer en famille et que vous êtes agressés par des parkingueurs hors- la- loi qui continuent à défier l’Etat, des personnes non gratta qui se sont autoproclamés gardiens de parkings légaux et qui ont transformé les journées des vacanciers en un véritable cauchemar, un phénomène qui a pris de graves proportions et qui a poussé bon nombre de citoyens à se poser les mêmes questions? Où sont les autorités ? Pourquoi l’instruction du ministre de l’Intérieur n’est-elle pas appliquée ? l’Etat est absent laissant les citoyens sans sécurité.
Comment vivre ensemble en paix lorsque nos routes font défaut, d’aucuns estiment que les responsables doivent procéder à la réhabilitations des routes dégradées pour apaiser, un tant soit peu, le calvaire qu’endure les automobilistes sur la RN 24 et la RN 5, des routes qui sont un véritable danger et où de grandes files de voitures se forment quotidiennement dans les centres-villes. Aussi, la conduite sauvage de certains automobilistes fous du volant ne respectant pas le code de la route, slalomant comme ils veulent, ajoutez à cela les mobylettes, ces véhicules à deux roues qui pillulent à travers les ruelles. Ne dit-on pas que celui qui achète une moto, achète moutou (sa mort) ? Comment prétendre vivre ensemble en paix, lorsque les villes et villages dans la wilaya de Boumerdès et partout ailleurs croulent sous les ordures à cause du mécanisme de ramassage et évacuation des ordures ménagères est en panne dans la totalité des villes et villages ? En effet, partout où se pose le regard au niveau des centres urbains, notamment ceux à forte concentration démographique, le même regard hideux, décor de poubelles et bacs à ordures débordants de répugnants amoncellements de déchets s’offre à la vue. Ces accumulations de déchets empestent l’air et attirent toutes sortes de parasites et de bêtes errantes. A qui la faute ? Elle incombe à tout le monde. Administrés et administrateurs qui se partagent la responsabilité à part entière, ajoutez à cela la mauvaise éducation et l’incivisme des gens, il n’en demeure pas moins que le maillon faible de la chaîne reste les bureaux d’hygiène qui sont directement liés à cela.
Aussi, nos villes et villages, nos jardins publics continuent d’être la proie à de multiples problèmes : la drogue qui bat son plein, la consommation des boissons alcoolisées qui prolifèrent de plus en plus, la jeunesse algérienne a pris un mauvais départ, une jeunesse avec des mentalités rétrogrades. Il est quasiment impossible d’aller voir un match de football en famille, on est sujet à des comportements bizarres, à des insultes de tous genres, à des violences verbales et physiques, la société civile est malade et incapable de lutter contre ces fléaux qui prennent de l’ampleur, le diktat des gardiens de parkings autoproclamés qui continuent de défier l’Etat, un phénomène qui a pris de graves proportions et qui a poussé bon nombre de citoyens à se poser les mêmes questions : Où sont les autorités ? Pourquoi ne font-ils pas quelques choses ?
L’Etat est absent, et les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer ! Personne ne respecte personne, notre éducation est à revoir ! le jour où l’on verra un jeune, respecter un vieux ou une dame, possible que l’on pourrait espérer vivre ensemble en paix. Malheureusement, ce n’est pas le cas actuellement, et dire que notre religion l’Islam par le biais du Coran nous procure le savoir, il est le Guide suprême de notre quotidien ! Avec une seule poignée de terre, Dieu a créé le monde et tout en faisant sa ronde, il a créé la Terre et nous avec. Il est grand temps de changer notre éducation, d’être polis avec les gens qui nous entoure, de combattre la bureaucratie, d’être respectueux envers autrui et de bannir la politique de chacun pour soi. D’ailleurs si on veut venir à bout du Covid-19, ils faut se serrer les coudes et respecter les consignes du ministère de la Santé.
Kouider Djouab