Ces stades géants sur papiers, absents sur le terrain

Arrosés par les discours des ministres précédents, accompagnés par des commentaires et questionnements des médias, les stades de football continuent de faire saigner les caisses de l’Etat.

Des projets font rêver des millions de supporters du pays. Pour les économistes et observateurs, une question est posée en l’occurrence «en quoi l’argent est-il un problème pour achever les stades ?» Pourquoi tous ces stades promis à des dates bien définies ne sont toujours pas opérationnels ? La réponse paraît évidente. Pour paraphraser un économiste international qui disait «la rationalisation économique du football ferait courir le risque de la disparition d’une culture sportive caractérisée par l’incertitude». Il s’agit de comprendre toute l’importance des stades tant au plan culturel, économique que social. C’est la ville, le tourisme, les transports qui en profitent. Aujourd’hui, ces retards n’échappent pas aux critiques jusqu’à faire perdre tout espoir, même si les clubs, eux, ne baissent pas les bras et continuent à croire à une concrétisation de ses projets au moment où les rencontres officielles deviennent de plus en plus exigeantes. Récemment, un confrère faisait remarquer, à juste titre, «pratiquement dans tous les pays du monde, les délais de réalisation des infrastructures sportives sont en général respectés, sauf chez nous où ils jouent les prolongations au point de devenir ensuite des gouffres financiers».
Cela ne peut être qu’une fatalité à laquelle est condamné le contribuable, sollicité à chaque fois pour compenser ces retards. En parcourant les écrits des confrères, on remarquera que les questions posées se complètent, elles se complètent avec des interrogations. «Pourquoi les auteurs de cette gabegie sont rarement inquiétés, on ne situe jamais les responsabilités dans ce genre de dilapidations des deniers publics. Le budget alloué initialement à quelques projets est souvent doublé, voire plus, pour des raisons aussi multiples qu’incongrues. C’est la règle à laquelle on s’est conformé». Il est vrai que la construction d’un complexe sportif ou d’un stade de football d’une contenance de 40 000 places dure en moyenne deux ans, ailleurs. Chez nous, elle peut traîner jusqu’à… 10 ans. «On est fort, en revanche, pour trouver tous les justificatifs pour expliquer ces retards». L’exemple du nouveau stade de Tizi-Ouzou est édifiant. L’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi vient, à son tour, de résilier le contrat de réalisation de ce stade avec l’ETRHB.
Il était temps, même si cela va retarder encore sa livraison. Cela dit, les experts et certains cadres du sport exigent des mesures d’évaluation pour situer les responsabilités dans ce cas flagrant de mauvaise gestion. «Par quel miracle, s’interrogent-ils, l’enveloppe financière est passée de 37 à 50 milliards de dinars ?» Une autre infrastructure, celle du stade du Chahid-Hamlaoui de la wilaya de Constantine qui a bénéficié d’un «important» projet de réhabilitation en prévision de la CHAN-2022. «Ce projet de réhabilitation est scindé en trois opérations pour lesquelles une enveloppe financière globale de 60 milliards de dinars a été allouée», a indiqué, à l’APS, Kamel Kainnou, rappelant que la Fédération algérienne de football avait désigné ce stade pour abriter des rencontres du championnat d’Afrique des nations réservé aux joueurs locaux. D’autres stades, dont l’histoire a déjà consommé plusieurs pages. Il s’agit des stades de Baraki et de Douéra. Dans une déclaration à la Radio nationale Chaîne III, le wali d’Alger, Youcef Chorfa, a révélé que ces stades seront bientôt réceptionnés, et ce, après une longue attente. Chorfa a expliqué que les deux stades seront à la disposition des athlètes à partir du premier trimestre de l’année prochaine.
Il est à noter que les deux stades ont dévoré des milliards de dinars depuis des années sans voir la lumière, ce qui a suscité de nombreuses interrogations quant aux gestions de leurs dossiers. Rappelons que les autorités suprêmes ont insisté, lors de la nomination du wali, pour que le problème de ces deux stades soit résolu dans les meilleurs délais. Outil de production du spectacle sportif et de performances économiques, le stade représente un enjeu majeur de compétitivité pour les clubs de l’élite. De nombreux stades sont restés vétustes, de faible capacité, inadaptés à une fréquentation familiale et ne permettant pas d’offrir au public un «spectacle global» en mesure d’accroître les recettes d’avant et d’après-match. Sur ce registre, il est aussi urgent de sauver les vieux stades qui mériteraient, en ces temps creux, un rafraîchissement afin de leur éviter de fermer leurs portes pour cause de non observation des exigences de la FIFA et de la CAF.
H. Hichem