L’instabilité au Mali entraînera un changement d’approche sécuritaire au Sahel

Sahel

Le chef de la Commission algéro-africaine de paix et de réconciliation, Ahmed Mizab a estimé que «l’instabilité au Mali signifie un changement majeur dans l’approche sécuritaire au Sahel», mettant en garde contre «l’exploitation par les groupes terroristes de l’état de chaos» que vivent certains pays de la région.

«Le changement inconstitutionnel au Mali est une nouvelle phase difficile pour la région du Sahel, pas seulement au Mali, d’autant que nous assistons, tous les cinq ans, à des bouleversements majeurs de la crise financière», a-t-il précisé à l’APS, ajoutant que «ce qui s’est passé, mardi dernier, nous interpelle fortement à revoir les calculs et nous attendre à toutes les possibilités». L’expert en sécurité a en outre indiqué qu’ «en l’absence de l’accompagnement de l’Union africaine (UA) et d’un projet politique clair, le Mali risque de revenir à grands pas en arrière», ajoutant que le nord du Mali, où certains groupes terroristes sont actifs, souffre encore de nombreuses crises depuis plusieurs années, et certaines organisations terroristes présentes au Sahel sont actuellement à la recherche de nouveaux chefs en essayant de tirer profit de l’état de chaos, afin de se repositionner.
Soulignant que la situation «est préoccupante», M. Mizab a appelé à «la nécessité de mettre un terme aux coups d’Etat militaires» dont les conspirateurs manipulent souvent les concepts, expliquant qu’«aux premières heures de la tourmente au Mali, le monde parlait d’un coup d’Etat militaire, mais, aujourd’hui, l’on parle de la démission du président, ce qui nous amènera à un autre contexte», a-t-il expliqué. «Ce qui s’est passé au Mali a l’air d’un coup d’Etat militaire, mais ils ont tenté de le corriger avec le goût du consensus politique à travers la démission du président, c’est-à-dire, nous sommes passés de coups d’Etat militaires sourds au stade de la démission du pouvoir dans une tentative de préserver le statut juridique de l’Etat devant la communauté internationale. Cependant, ce qui est arrivé en réalité ne signifiait qu’un «changement inconstitutionnel», a-t-il poursuivi.
Concernant le gagnant et le perdant de sortie du processus constitutionnel au Mali, M. Mizab considère qu’il «est prématuré d’en parler car les caractéristiques de la nouvelle phase ne sont pas encore apparues, et nous ne savons pas encore qui contrôle la situation», estimant que «le rôle extérieur dans l’ingénierie de la sphère politique est majeur». Il a par ailleurs relevé «la nécessité de revenir au processus constitutionnel et prôné pour une transformation politique, ou un transfert de pouvoir au Mali, flexible car les défis sont grands, et il faut prendre en considération la stabilité financière et la sécurité du passage», a-t-il dit. L’intervenant a enfin renouvelé ses mises en garde contre l’augmentation des activités de groupes terroristes et l’exploitation de la situation politique, économique et sociale fragile, notamment avec les défis sécuritaires auxquels est confrontée la région, eu égard à la crise libyenne et les tentatives de militarisation de l’ensemble de la région, ce qui ouvre les portes à des scénarios dangereux à même de menacer la sécurité des pays du Sahel.
R. I.