Dérapages, manœuvres, irrégularités : l’empire des ex-barons du système

Anomalies et irrégularités dans le foncier

L’Algérie est l’un des rares pays au monde sinon le seul où une distribution de logements sociaux provoque l’émeute. La question de l’habitat à pris des proportions politiques telles qu’elle en devient un argument électoral, un enjeu majeur à l’échelon local pour de nombreux élus de différents partis politique.

A la différence de la quasi-majorité des autres nations, le logement en Algérie passe pour être le baromètre de l’honnêteté du personnel politique. L’habitat était très longtemps le symbole du système maffieux et corrompu, de sorte que le logement s’offrait en réponse à un ou des services rendus. Tous les citoyens de ce pays ont assisté à l’ascension des serviteurs du système qui grâce au stratagème du logement ont construit des fortunes colossales. Des responsables malhonnêtes et des individus sans sou qui se sont retrouvés à la tête d’un véritable empire dont la valeur peut dépasser des milliards de centimes.

Elargissement du cercle de la mafia politico-financière
Effectivement, la faune qu’on peut qualifier d’une mafia politico-financière avait en si peu de temps et depuis les vingt dernières années réussi à bâtir une grande partie de sa fortune sur le détournement des logements sociaux. Un phénomène qui durant les années 80 et 90 avait pris une proportion étrange et choquante en Algérie. Une réalité amère lorsqu’on sait que des milliers de logements sont distribués au vu et au su de tout le monde sur des listes affichées au public pour des personnes propriétaires de somptueuses villas ou pour des femmes divorcées et sans enfants. Il va sans dire que les années Chadli «Allah yarahmou» puis la décennie noire avaient largement profité au personnel du vieux système qui n’avait pas hésité à se servir. Au vu de l’ampleur du trafic de l’habitat et des détournements dans lesquels de hauts cadres se sont vus mêler, il est certainement très difficile pour une catégorie de la population illettrée de ne pas voir l’irrégularité et l’injustice des personnages devenues dans un laps de temps des multimilliardaires ayant un objectif premier qui est l’accumulation de capital sur le dos de l’Etat.
Aujourd’hui dans la majorité des villes algériennes, il est des hommes très fortunés qui ont bâti mystérieusement leur empire grâce aux multiples désistements qui rapportent pour chaque opération des centaines de millions nets d’impôts. Et oui l’appétit des serviteurs de l’ancien système avait pris une ampleur terrifiante qui notamment menace la stabilité de la nation. Dans ce chapitre, il est important de signaler qu’en 1997 l’ex-chef du gouvernement Ahmed Ouyahia avait annulé la procédure de désistement en confiant aux APC la lourde tâche de distribuer les logements sociaux. Une manœuvre qui se voulait transparente mais qui avait créée l’effet inverse. A Annaba, les signes de l’ancienne gouvernance sont très apparents dans le secteur du foncier dans lequel on trouve sur différents boulevards ou avenues des promoteurs qui ont piétiné la réglementation et la loi en vigueur en obtenant des permis de construire et des permis d’extension d’immeubles de plus de 14 étages sur l’avenue Bouzered Hocine ou sur la plage de Rizzi Amor grâce à une certaine complicité des ex-maires de la ville de Annaba et d’employés des services techniques municipaux.
Certains propriétaires d’anciennes bâtisses ou de terrains au cœur de la ville ont souhaité effectuer des extensions de bâtisses dans ces lieux mais ils ont été refusés alors que d’autres gens à Annaba ont réussi à bâtir des immeubles sur la pente de la montée de l’édough, une terre d’agriculture et d’autres une clinique sur un oued. Tels sont des anomalies inadmissibles et inexpliquées dans l’aménagement des villes modernes. Finalement, les maires étaient devenus les barons du système et ils avaient en réalité élargi le champ des profiteurs des largesses de la République. Malheureusement l’habitation est devenue une monnaie d’échange et l’occasion d’assurer l’avenir des enfants de certains élus et autres responsables de l’Etat. C’est ainsi qu’on a su que sur des listes de bénéficiaires il existe des jeunes filles de 20 ans, des veuves sans enfants, des chauffeurs de certains directeurs de la wilaya et des maires ainsi que beaucoup d’autres personnes proches de la daïra ou de la wilaya, révèle-t-on.
Oki Faouzi