Le marché dans tous ses états…

Football :

«Le marché des transferts aussi appelé mercato (Italianisme signifiant ‘marché’) désigne la période pendant laquelle les clubs professionnels de football sont autorisés à transférer ou à prêter leurs joueurs à d’autres clubs» et encore «les transferts ont toujours existé dans le football et leur prix augmente rapidement». Le Britannique Willie Groves est le premier joueur transféré pour 100 £.

Pour Nabil Neghiz, entraîneur du MC Alger «je pense qu’il n’y a pas de grands noms sur le marché. C’est mon avis. Ce n’est pas en ramenant des joueurs qui font la Une des journaux qu’on va construire une équipe compétitive». On aime ou on n’aime pas le club où l’on évolue ? La question peut paraître bizarroïde, mais elle traîne derrière elle ce qui devrait provoquer débat. Des joueurs recrutés contre des sommes faramineuses, ne garantissent souvent pas le spectacle attendu, ou ne jouent pas. Des experts parlent de : contrats, transferts, commissions, évasions fiscales… Cela fait longtemps que les questions financières se sont emparées du monde du ballon rond. À présent, elles prédominent les compétitions. Tout est devenu un problème d’argent «Ceux qui en profitent ne sont pas les clubs en tant que tels, mais ceux qui tournent autour, les investisseurs, les agents de joueurs. Les salaires accordés aux joueurs grimpent. Les montants des transferts atteignent des sommets qui ne surprennent plus personne. Aujourd’hui, on opte pour une équipe favorite, on débarque dans un club poudré de rose, rien d’anormale, mais pourquoi ce changement après seulement une ou deux saisons ? Son passage vers son nouvel environnement ne se fait pas sans commentaires.
Ce sera à la saison de livrer sa réponse. Vous entendrez souvent, face aux médias «c’est une équipe de qualité, ce club me ressemble un peu plus, Inchallah je donnerai le max» ou encore «ce club m’intéresse pour son projet sportif… c’est un football passionné, un football populaire, un football ambitieux et avec des moyens. Un club en progression». De quel projet sportif, parlent-t-ils ? Alors que nous savons que la grande majorité des clubs ne disposent pas de projets sportifs. Peut-être s’agit- t-il du projet financier qui l’obligerait à choisir ses nouvelles couleurs. Il arrive malheureusement que des joueurs soient recrutés sans pouvoir faire valoir leurs capacités, ne serait-ce une seule fois sur le terrain. Il y a même des joueurs qui ne bénéficient pas de la confiance du staff technique, conséquence, ils réclament leur libération, mais ne l’obtiennent pas aussi facilement. «Ne sachant quoi faire pour se libérer du joug de leurs responsables hiérarchiques, ils se désistent de leurs arriérés pour pouvoir enfin obtenir leur lettre de libération ! Pourtant, il suffisait juste à ces joueurs de… jouer la carte de la réglementation.
A ce sujet, les lois sont on ne peut plus claires», souligne un professionnel. Un joueur professionnel peut rompre le contrat qui le lie à son club employeur d’une façon unilatérale s’il n’a pas perçu de salaire depuis trois mois ou plus. La Fédération internationale de football l’indique dans son commentaire du règlement du statut et du transfert des joueurs. Dans le quatrième chapitre consacré à la «stabilité contractuelle entre professionnels et clubs», il est ainsi indiqué dans l’article 14 qu’en «présence d’un cas de juste cause, un contrat peut-être rompu par l’une ou l’autre des parties sans entraîner de conséquences (ni paiement d’indemnités ni sanctions sportives)». Et de quelle nature une cause est juste et mérite-t-elle un tel recours à la résiliation unilatérale ? «Un joueur et son agent qui réclament les salaires et les primes, on ne peut rien leur reprocher. Au contraire, et même si on a des joueurs qui ne méritent pas les contrats qu’ils signent, personne n’a obligé les clubs à les signer».

La CNRL pour rétablir leurs droits
A la base, il y a une mauvaise décision des recrutements et une mauvaise gestion de la grille des salaires. «Les clubs ne semblent pas en mesure de résoudre par eux-mêmes leurs problèmes financiers, car il y a des écarts trop grands entre leurs rentrées d’argent et leurs dépenses. On négocie mal un contrat, on accorde des avantages qui dépassent les moyens du club. D’où la majorité des joueurs partis ont recouru à la CNLR pour être rétablis dans leurs droits. En cause, un manque de transparence et l’impunité des présidents de clubs qui, élus pour quelques années, ont tout intérêt à faire venir des joueurs confirmés pour satisfaire les supporters et récolter des résultats immédiats, au détriment d’un investissement à long terme. On assiste à la transition d’un système marqué par la mauvaise gestion, l’absence de responsabilités et le manque de vision à une structure plus professionnelle et organisée. En décembre 2019, la direction de l’USM Bel-Abbès s’est déclarée, incapable de s’acquitter de ses dettes envers d’anciens joueurs estimées à un peu plus de 90 millions DA.
«Vu la crise financière dans laquelle se débat le club, nous ne sommes pas en mesure de régler toute cette somme, même si cela va nous valoir d’être privés de recrutement lors du mercato hivernal», avait déclaré à l’APS le directeur général de l’USMBA, Kaddour Benayad. Pire encore, l’entraîneur des Aigles noir, le Tunisien El Kouki, exige, pour renouveler son contrat, la régularisation de ses arriérés qui se chiffrent à quatre mensualités soit 40 000 euros, plus la prime du podium, comme cela était mentionné entre lui et Fahd Helfaya à la signature du contrat et qui est de 5 000 euros. Il exige aussi l’augmentation de ses adjoints de 20 000 euros, en sus de la double prime des matches disputés par le club. Il réclame également la prise en charge totale de tout le staff technique, frais de location et certaines charges liées à l’hébergement. Il réclame donc une régularisation, sinon un chèque de garantie dûment certifié, au même titre que pour les autres membres de son staff technique de nationalité tunisienne. Le football ne peut être cela.
H. Hichem