Loin du principe pollueur payeur

Gestion des déchets

Tous les produits en plastique sous quelque forme que ce soit utilisés par les producteurs, transformateurs, conservateurs, utilisateurs et autres à finalité d’emballage, ne sont plus étiquetés comme tel. L’anarchie dans la gestion de pareil créneau est telle qu’une catastrophe écologique est à craindre dans le court terme dans notre pays. Telle est la conclusion à laquelle sont arrivés, quatre années après, les participants au rendez-vous du 12ème Salon international des équipements, des technologies, des services de l’eau et de l’environnement « Siee-Pollutec 2016».

Selon eux, l’Algérie est revenue loin en arrière des aspirations exprimées en marge de la Journée d’étude présidée par Samir Grimes sur la gestion des déchets, organisée par l’Agence nationale des déchets (AND). Ce responsable avait appelé les acteurs économiques, publics ou privés, à investir dans ce créneau et tirer profit de la mise en application de plusieurs mesures incitatives. Celles-ci devaient drainer les investisseurs dans cette activité, lancée par l’Etat dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de prise en charge des déchets. Samir Grimes avait même évoqué les taxes imposées sur les différents types de déchets et que, pour une meilleure application du principe pollueur-payeur, il a soulevé la question du recouvrement de cette fiscalité. Quatre années après, ces affirmations sont toujours d’actualité. Elles ne trouvent pas preneur. En termes de gestion des déchets en Algérie la situation n’a pas changé y compris en ce qui concerne les points soulevés dans l’audit. C’est-à-dire l’identification des insuffisances de certains mécanismes, d’amélioration des recettes fiscales et surtout de responsabilisation des générateurs de pollution. «La gestion des déchets constitue, certes, un problème environnemental, mais dans la conjoncture actuelle, il faut considérer cette activité comme une opportunité économique et sociale, permettant de contribuer à réduire la dépendance des hydrocarbures et à la diversification économique», a indiqué le responsable de l’AND.
Il a été l’un des rares responsables à affirmer que l’Algérie était en mesure de valoriser annuellement 7 à 8 millions sur les 13,5 millions de tonnes/an des déchets qu’elle récupérait et qu’une gestion des déchets est en mesure de créer de l’activité et plus de 10.000 emplois à travers la collecte, la valorisation et le recyclage. Il a ponctué son intervention en invitant les acteurs directs et indirects du secteur à «organiser cette activité de manière telle qu’elle ait la capacité de participer à la vitalité économique du pays en prenant en charge la récupération et la transformation des déchets ménagers, industriels, énergétique et autres produits dérivés. En Algérie, les déchets multiformes ne font que s’entasser et nuire à l’environnement ». Cette situation va dans le sens contraire des voix qui n’ont pas cessé de plaider pour la transformation des déchets en une filière économique pourvoyeuse de richesses et d’emploi. Ce que souligne le même responsable lorsqu’il affirme : « Selon les résultats d’une étude, menée sur trois centres d’enfouissement techniques (CET) implantés sur trois zones différentes du pays (nord, semi-aride et aride), les déchets ménagers des Algériens sont composés à 54% de déchets organiques, 10 % de papiers, 13 % de textiles et 17 % de plastiques le reste compose les quelques différences entre les zones».
Notre interlocuteur a appelé les pouvoirs publics à accompagner les investisseurs dans le transfert de technologie de traitement et du recyclage en Algérie. Depuis l’entrée en vigueur de la loi, relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques, notre département en charge des déchets en collaboration avec tous les acteurs directement concernés ont engagé des opérations sur l’ensemble du territoire national. Elles ont permis de mettre hors des circuits de commercialisation des quantités importantes de produits plastiques prohibés», souligne un responsable au niveau du ministère concerné. Ces opérations ont servi d‘arguments dissuasifs pour «sensibiliser les populations sur la nécessité de changer leurs modes de production et de consommation et mettre un terme à la pollution plastique qui constitue une grande menace pour les générations actuelles et futures», poursuit le même responsable. Plus d’une centaine d’opérations de suivi de l’application de la loi ont été conduites.
Elles ont permis de mettre la main sur des quantités importantes de produits plastiques prohibés, notamment des sachets plastiques, des gobelets et des couverts en plastique, des pailles. Des dizaines de tonnes de produits plastiques ont été saisies et stockées en lieu sûr. Il s’agit notamment des sachets plastiques, des gobelets et des couverts en plastique, des pailles… Il reste néanmoins, que ce dossier tarde à être sérieusement pris en charge pour réduire un tant soit peu la pression quotidiennement vécue par les populations en termes d’atteinte à l’environnement. Même le haut lieu semble mettre en sourdine les appréhensions des populations sur les atteintes quotidiennes dont elles sont victimes et commises en toute impunité par les pollueurs. Ces appréhensions seront beaucoup plus importantes une fois la crise passée de la pandémie Covid-19. Elle le sera en parallèle avec le redressement progressif de la croissance et le retour en force de la consommation avec un retour en force de la consommation privée et une croissance rapide des investissements.
A. Djabali