A propos de l’aide publique à la presse

L’intrusion fracassante des fake news dans le monde médiatique, facilitée ces dernières années par la multitude d’intervenants sur les réseaux sociaux, dont la plupart ne sont tenus par aucune contrainte éthique ou déontologique, a confirmé le rôle irremplaçable des médias professionnels, notamment la presse sur support papier ou électronique, dans la diffusion d’une information de qualité, conforme aux fondamentaux de ce métier.

En même temps, on constate, à travers les déclarations de personnalités qui expriment l’opinion, voire la position officielle, des pouvoirs publics, une tendance à ne voir dans la presse, et particulièrement le journal, qu’un produit marchand générateur de profit, et l’entreprise de presse, une entité commerciale comme les autres, soumise aux règles pures et dures du marché. Une telle appréciation nuit au bon développement de la presse dont la vocation, au contraire, la pousse à éviter de subir l’impact du désordre du marché. Et pour y arriver, la presse compte sur l’aide publique de l’Etat. En principe, dans les pays, comme l’Algérie, où existe la liberté de la presse, le but de cette aide publique est d’aider à maintenir un paysage médiatique diversifié pour permettre la pluralité des opinions et commentaires. En fait, les «bienfaits» des médias ne se limitent pas seulement, à leur rôle dans l’ancrage social de la démocratie, même s’il est extrêmement important, ils contribuent également à la moralisation de la société en participant à la lutte contre la corruption et en offrant aux citoyens la possibilité de remplir leur devoir dans le contrôle populaire des dépenses publiques et des services publics de base.
Dernièrement, c’était le mardi 18 août 2020, à l’ouverture de la Conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle, le Président Abdelmadjid Tebboune, à propos de sa directive à la justice pour ne plus tenir compte des lettres de dénonciation anonymes, a demandé aux personnes détenant des informations sur des infractions économiques, de s’adresser à la presse, et il avait souligné qu’il existe 180 quotidiens nationaux. La place de la presse dans l’émergence de l’Algérie nouvelle est ainsi reconnue au plus haut niveau du pays. C’est suffisant pour justifier l’aide publique à la presse en excluant toute référence à des questions de «rentabilité» de cette aide ou à son aspect «commercial». Selon l’article d’un confrère, en France, pays à économie de marché, l’arsenal des aides à la presse est très développé. Le montant annuel total de ces aides est estimé par la Cour des comptes à 1,8 milliard d’euros. Si l’on inclut d’autres dépenses de soutien aux médias, c’est plus de 4 milliards supplémentaires qu’il convient de prendre en compte. Au total, près de 6 milliards d’euros d’argent public sont donc investis chaque année dans les médias en France, soit près de 90 euros par habitant et 0,8 % des dépenses publiques hors sécurité sociale.
L. A.