Réhabilitation et développement du secteur de l’eau

Ressources en eau

La récente décision du président de la République Abdelmadjid Tebboune de relever de leurs fonctions 28 cadres en postes à travers 48 wilayas du pays, n’est pas fortuite. Elle avait été précédée quelques semaines auparavant par un sérieux avertissement adressé à ces mêmes cadres quant à la nécessité de se remettre sérieusement au travail.

C’était lors de la conférence nationale pour la relance économique où le chef de l’Etat a pointé du doigt les gestionnaires dans un geste d’orientation au travail avec la mise en route de sanctions qu’il envisage appliquer. C’est dire que le premier magistrat du pays paraissait s’être donné le temps de compulser le dossier de «l’Algérienne Des Eaux (ADE)». Il en a tiré des conclusions ; Celles-ci donnent à penser que notre pays se dirige tout droit vers une grave crise d’approvisionnement en eau potable. Selon des informations actualisées en notre possession, cette crise due à des interventions inadéquates, toucherait de nombreux habitants. Faute d’eau potable des populations entières souffriront de l’incapacité des cadres de l’ADE de répondre à leurs aspirations. D’autres, faute de réseau d’assainissement, seront confrontées aux maladies à transmission hydrique. Tel est le constat auquel serait arrivé le ministre des Ressources en eau pour l’élaboration de sa feuille de route. Un constat argumenté par la crise de l’eau résultant de la dégradation des infrastructures hydrauliques à l’origine de la colère du chef d’Etat. Il a été établi que cette situation est due au sous-investissement dans le secteur de l’eau et à la dégradation des installations conséquences de l’incompétence de ceux chargés de la maintenance et du suivi de la croissance de la population tant dans les zones urbaines que rurales.
L’autre constat précise que l’ensemble du secteur de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement dans notre pays se caractérise par plusieurs juridictions institutionnelles. Au ministère de tutelle, celles-ci se chevauchent. Pour se transformer en problème de pénurie d’eau économique entravant le développement du pays. Ce qui explique le grand coup de balai donné par Abdelmadjid Tebboune. Pour ce dernier, la réhabilitation et le développement du secteur de l’eau sont devenues deux orientations prioritaires dans lesquelles il s’est engagé. Le renvoi à leur école respective des 28 gestionnaires se veut être un rappel à l’ordre des autres pour une meilleure gestion de l’eau. D’importantes enveloppes financières avaient été mobilisées pour la réalisation de barrages de différentes capacités dans de nombreuses régions. D’autres, ont été engagées pour la réhabilitation des infrastructures d’approvisionnement en eau, mais en vain. En raison de dysfonctionnements institutionnels et administratifs, de faibles capacités et d’infrastructures de soutien, de logistique et de services économiques et même de détournements, l’utilisation des fonds a été considérablement ralentie.
Dans les projets publics, l’utilisation des investissements est généralement inférieure à 50 % des finances investies. Impunité oblige, des moyens financiers colossaux destinés à l’entretien des barrages, des conduites d’adduction, des retenues et autres infrastructures hydrauliques ont pris d’autres destinations que celles qui leur étaient destinées. Aujourd’hui, d’autres investissements financiers sont dans l’attente de la mise en route d’une réforme globale du secteur de l’eau. Ce qui, selon des sources fiables, pourrait donner naissance à un Comité National de l’Eau et de l’Assainissement (CNAEA). Cette institution, nous a-t-on précisé, aura la charge de coordonner toutes les actions avec les partenaires dans la gestion du dossier de développement du secteur de l’eau. Une mission qu’aurait dû accomplir depuis 2017 les cadres des ressources en eau et leurs homologues de la Société des Eaux et de l’Assainissement d’Alger (Seaal), pour mettre un terme aux perturbations et coupures de l’alimentation en eau potable. Ils ont failli avec pour conséquence la grande colère du chef de l’Etat qui a mis en off tous ceux dont les noms ont été inscrits sur la liste des cadres défaillants. Dans le lot, il y a Brice Cabibel, installé à la tête de l’entreprise en 2017 en qualité de représentant «de la Suez», ainsi que le directeur de l’exploitation, et ceux de la communication, de la production, et de la distribution ont connu le même sort.
Egalement relevés de leurs fonctions, les directeurs des agences d’Ain Benian, Zeralda, Chéraga, Ouled Fayet, Draria et Bordj El-Bahri. Avant de prendre cette décision, Tebboune avait révélé la mise en route d’un «complot» ciblant son institution durant les deux journées de la fête du sacrifice. Société publique par actions, détenue à 70% par l’Algérienne Des Eaux (ADE) et à 30% par l’Office national de l’assainissement (ONA), la Seaal est responsable de la gestion de l’eau à Alger et à Tipaza. Elle a la charge de 3,8 millions d’habitants, avec 761.824 clients entre ménages, administrations, commerces, industriels et sites touristiques. Créée en 2006, l’entreprise a profité de l’expérience du français Suez en matière de gestion et de management. En 2018, l’ADE et l’ONA renouvelaient leur confiance à Suez pour le management de la Seaal pour une durée de trois ans. Des informations crédibles font état que : «L’objectif initial consistait à offrir aux 3 millions d’Algérois un accès à l’eau potable 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et à améliorer significativement le service d’assainissement de la ville. Si depuis le premier contrat de 2006, beaucoup de choses avaient pu être mises en place, de nombreux dysfonctionnements ont subsisté.
Les derniers ont emporté dans leur sillage tout le staff de l’entreprise». Dans beaucoup de choses, il faut lire les nombreux scandales qui, d’Est en Ouest, et du Nord au Sud, ont caractérisé la gestion de cette entreprise administrativement algérienne et financièrement française non seulement en ce qui concerne l’assainissement et le dessalement de l’eau de mer. «Suez» qui ne s’est pas suffi à ce niveau d’intervention malgré la médiocrité de sa gestion, s’est lancé, les précédentes années, précédentes le défi d’atteindre l’autosuffisance quant à la consommation personnelle, à relever le défi de renforcer son réseau d’agences divisées sur quarante-deux wilayas en offrant de nouveaux services tel que celui du paiement de factures, la réclamation pour un problème au niveau du compteur ou une pour fuite d’eau. Il est dit «qu’en 2020, ils sont 25.000 employés à activer à l’ADE et participent ainsi à la réalisation des ambitions affichées par leur employeur. Ce chiffre doit être revu à la hausse quand on sait que sous l’impulsion du français, ADE envisage investir dans la matérialisation de nouveaux projets de dessalements et de contrôle d’eau».
A. Djabali