Question de foot

Joueurs et salaires :

«Qu’il soit débutant ou chevronné, le joueur de football doit, comme un musicien, faire ses gammes au début de chaque entraînement. Le pianiste a ses doigts comme surfaces de contact avec son instrument, le footballeur a ses pieds quand le ballon est au sol, et ses cuisses, sa tête ou sa poitrine quand le ballon est en l’air», dixit la FIFA.

Si des joueurs se disent capables d’apporter un plus à leur nouveau club, il n’en demeure pas moins qu’il va falloir le démontrer sur le terrain. Et puis, ne dit-on pas que les «grands» joueurs font les grands entraîneurs (et vice versa dans certains cas). Sauf qu’il manque à ces nouveaux arrivés chez leurs nouveaux clubs, quelque chose qui annoncerait leur total engagement pour relever le niveau de l’équipe, puisqu’ils se sont engagés dès la signature du contrat d’être la machine à produire des buts et à contribuer à préparer le terrain pour semer les ingrédients du succès, et aussi, et surtout, à faire le bon casting tout en veillant à manier la balle jusqu’à faire régaler les supporters. A la JS Kabylie, il s’est produit un phénomène qui démontre hélas que des joueurs qui croient en leur capacité imposent lors des négociations de recrutements des conditions qui dépassent tout entendement, oubliant que le joueur talentueux devrait, à la normale, avoir des aptitudes supérieures à la moyenne. Mais encore, faut-il qu’elles puissent lui permettre de s’épanouir. A la préparation de la nouvelle saison qui a débuté, le samedi 29 août, et à laquelle tout le monde y prenait part, anciens et nouveaux joueurs, à l’exception de l’ex-défenseur du RC Kouba Ferrahi Mahdi (23 ans), nouvelle recrue de la JSK dans le cadre du dernier mercato pour trois années, et formé au sein de l’Académie du Paradou AC.
Sa signature sur le contrat n’a pas encore séchée que le voilà qu’il procède à la résiliation de son contrat signé le 5 août dernier. Pour la direction de la JSK cette «résiliation et les conséquences du comportement du joueur qui ne cadre pas avec la grandeur du club et ses valeurs». Pour Ferrahi, c’est un autre son de cloche qui étonne «j’ai résilié mon contrat pour la simple raison que les dirigeants de la JSK n’ont pas tenu leurs engagements envers moi. Je me suis entendu avec eux pour que je touche une avance de trois salaires, de 200 millions de centimes, les dirigeants me demandaient de patienter. Je leur avais dit qu’il n’est pas question pour moi de reprendre avant de toucher trois mois d’avance». Qui serait derrière cette exigence qui freinerait sérieusement le joueur dans sa progression ? Voire l’empêchent d’affronter les obstacles qu’il rencontrera, inévitablement, dans le football de haut niveau. Pourquoi être exigeant en faisant passer le chèque avant sa formation et donc son avenir. De 2 000 000 jusqu’à 4 000 000 DA sont souvent exigés par des joueurs, à l’exception de ces derniers temps où la crise financière qui frappe tous les clubs, les oblige à accepter de réduire leur salaire.
Finalement, la question est d’ordre moral, les montants exigés sont souvent presque impossibles à accepter dans une situation de crise. Un autre cas nous a été signalé du côté du club algérois le NAHD. Un joueur qui s’était présenté avec son manager pour négocier sa signature de contrat la semaine dernière, a fait marche arrière après que le club lui a proposé 3 mois de salaire au lieu de 4 comme exigé par le joueur. Pourtant, il y a quelques années, certains joueurs signaient les yeux fermés comme Hocine Achiou, ne percevant même pas la totalité de son dû, jusqu’à aujourd’hui. Osons, une fois de plus nous poser la question déjà tractée lors des divers débats internationaux. Ces sommes astronomiques sont-elles compatibles avec les valeurs sportives ? Le journal français «Opinion et stratégies d’entreprise» de l’IFOP, a livré une excellente analyse. Le constat selon ce journal est que «sport et argent» ne font pas bon ménage. Pour la simple raison, que cela a corrompu ou dégradé les valeurs sportives, attaque l’éthique… en deux mots : le business écrase tout, faisait-il remarquer à travers ses écrits. «Un abandon de toute éthique face à l’ampleur des intérêts financiers et autres calculs politiques».
Et ce n’est pas terminé «l’attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar représenterait un parfait exemple des dérives du sport business, au même titre que les montants faramineux des transferts de joueurs entre clubs. Selon une étude de la Fifa, l’argent des transferts est parfois détourné des circuits officiels via les paradis fiscaux. En mai 2017, une polémique éclate : Mino Raiola, agent de Paul Pogba, aurait touché 49 millions d’euros sur le transfert de l’international français à Manchester United. Un montant faramineux qui a conduit la Fifa à ouvrir une enquête. Mais osons poser une question, peut-on espérer qu’un jour ces joueurs auront quelque chose à «vendre» à la génération ? Quelles consignes donneraient-ils à ceux qui demain prendront les commandes. «Le but étant de renforcer le pouvoir du football et construire l’avenir de ce sport», selon la FIFA. «Le football n’est-il pas une école de vie ? Non seulement pour former des joueurs professionnels et leurs capacités propres à la performance, mais aussi pour aider ces jeunes à s’épanouir sur le plan de leur personnalité». Cela montre à l’évidence que le recrutement du joueur talentueux peut réserver des surprises à moyen ou long terme.
H. Hichem