Apprenons à valoriser notre temps

Loisirs

Jadis on occupait le temps en accomplissant la moindre tâche utile : couper du bois, garder les chèvres, aller faire des provisions en prévision des mauvais jours. Vieux, jeunes, femmes, enfants, hommes de tout âge étaient livrés aux pires difficultés et passaient leur temps à les affronter. C’était la vie précaire au sens plein du terme. Aujourd’hui, la vie n’est guère meilleure pour la majorité, même si les gens trouvent à se vêtir, à manger, à se chausser.

On dit que Dieu a fixé pour chacun, dès sa naissance la quantité de nourriture qu’il lui faut pour vivre. Sachons tirer profit du temps des loisirs. Mais entre celui qui baigne dans l’abondance et celui qui ne possède rien, il y a des différences. Il y a ceux pour qui la vie est celle qu’ils mènent en ville. Matin et soir, ils sont et à longueur d’année convaincus dur comme fer que c’est le destin qui l’a voulu et qu’il n’y a rien d’autre à faire. En milieu urbain, avec un environnement qui grouille de monde, la vie devient de plus en plus impossible. Les gens du troisième âge qui n’ont plus rien à espérer s’alignent sur les places publiques pour discuter de banalités ou d’anecdotes drôles dont ils ont été jadis les acteurs, pour faire rire ou pour meubler le temps. Les journées sont longues pour cette catégorie d’oisifs, ils n’ont rien à faire, ni activité culturelle, ni lecture passe-temps, ni rencontre enrichissante. Ils ont perdu la notion de loisir. Quant aux gens affairés, le temps parait très court, quand on les entend parler, ils ont toujours à la bouche les expressions : les journées sont trop courtes, je n’arrive pas, je ne m’en sors pas, je ne termine jamais tant le temps passe vite. Pour eux, il n’a jamais été question de loisirs, c’est un luxe. A côté, il y a les jeunes, toutes catégories confondues. Les uns sont alignés, assis sur des rampes ; ils n’ont rien à faire. Que de temps ils perdent malgré eux !. C’est des années qu’ils gâchent. On n’a jamais eu une organisation de la société pour le bien de tous, et si cela s’est produit dans quelques régions, c’est des cas isolés et exceptionnels. On y a vu par le passé des hommes ou des femmes lettrés consacrer, chaque jour, leurs heures de loisirs et bénévolement au profit de la population livrée à elle-même en lui apportant ce dont elle a besoin pour s’épanouir, avoir quelques perspectives d’avenir, tuer l’ennui, avoir le sens des responsabilités, sortir de la précarité. Ces bénévoles, généralement des retraités ayant du temps ou des gens cultivés, ont décidé d’investir leurs heures de loisirs dans les foyers d’animation culturelle pour assurer des cours adaptés à des niveaux divers, initié à la pratique théâtrale pour faire découvrir les bienfaits de la dramaturgie par le spectacle en plein air qui apporte à tous des bouffées d’oxygène par le rire, l’apprentissage de la langue ainsi que des sentiments et des problèmes relationnels ou psychologiques qui se jouent entre les acteurs. Les mêmes gens convaincus des bienfaits qu’ils rendent en ces temps-là, ont aussi mis l’accent sur l’utilité des compétitions sportives dans la formation des jeunes. Ce sont des vieux décidés à tout donner de ce qu’ils avaient appris aux jeunes, ils se sont portés volontaires pour aider les jeunes à prendre conscience de leur responsabilité : en prenant part aux compétitions organisées à leur intention, en faisant l’effort de comprendre, aide à mieux se porter physiquement, culturellement et moralement. «Un cœur sain dans un corps sain», pensée du poète latin Juvénal qui en dit long à propos des nombreux bénéfices de la pratique sportive sur toutes les facultés humaines qu’il est difficile d’énumérer comme la force musculaire, l’intelligence, la mémoire, l’adresse, la concentration, la droiture morale, l’ardeur au travail, le sens la compétition. Que les gens de chaque quartier s’organisent pour une meilleure gestion possible des moments de loisirs de leurs enfants en faisant appel à l’aide des personnes de bonne volonté, ayant la compétence, les connaissances et une expérience en matière de formation et désireux de faire œuvre utile par esprit altruiste en acceptant d’aider les jeunes à retrouver la joie de vivre moyennant des activités culturelles et variées ainsi que des compétitions sportives dirigées par des spécialistes en ces matières ayant pour soucis majeurs de canaliser l’énergie débordante d’une jeunesse qui n’a que faire de son temps des loisirs, et dans une perspective futuriste d’assurer à ces jeunes des moyens qui leur permettent d’être performants à l’heure de la compétition internationale. Et si rien ne se fait, cette jeunesse va continuer à vivre dans la rue, à se disputer les moindres petits espaces pour jouer au ballon, et dans la poussière. Les deux activités auxquelles ils se livrent sans limitation dans le temps et l’espace : le vélo et le ballon. Certains jettent leurs cartables sous l’armoire ou la table dès leur arrivée à la maison et ils les reprennent pour retourner à l’école le lendemain sans même les avoir ouverts. Pour eux, c’est le temps des loisirs qui prend le dessus.
Abed Boumediène