L’essor économique novateur

Le Vietnam

L’économie du Vietnam vit ces dernières années un essor considérable et ce grâce à la maîtrise des indicateurs micro et macro-économiques, à l’attractivité de son climat des affaires et au dynamisme au sein de la communauté économique de l’Asie du Sud, et pour comprendre les tenants et les aboutissants de la réussite du modèle vietnamien, il faut relire le contexte économique à la lumière de la politique du Renouveau.

Le renouveau du pays est une source intarissable d’une intense synergie rehaussant une croissance fulgurante au service d’une modernité assumée avec beaucoup d’élégance, les performances actuelles du Vietnam sont le résultat d’une stratégie pertinente basée sur une meilleure analyse de la situation économique et une prospective intelligente hiérarchisant les priorités d’un pays qui était classé parmi les nations sous-développées. La politique du Renouveau, en langue vietnamienne DoiMoi, lancée par le parti communiste du Vietnam en 1986, dont Truong Chinh était à la tête en tant que secrétaire général. Ce véritable leader du renouveau a bien redéfini les contours de l’approche économique novatrice du parti. Devant un parterre de délégués du sixième Congrès du parti communiste, cette figure emblématique du changement a établi une comparaison entre les modèles économiques tout en plaidant pour l’irréversibilité du choix du renouveau : «Dans les pays socialistes, le renouveau permettra de rattraper le retard des pays avancés, mais pour notre pays la rénovation est une question de vie ou de mort, il y a une seule issue à l’impasse actuelle : changer notre mode de penser et de travailler».
La nouvelle politique «DoiMoi» s’est structurée autour de trois axes fondamentaux qui ont été exécutés sur trois étapes, la décentralisation qui s’est déroulée de 1986 à 1992, la restructuration de l’appareil productif qui a duré jusqu’à 1995, et la libéralisation de l’économie du pays menée de pair avec l’intégration économique internationale fortement marquée par l’adhésion du Vietnam à l’ANASE (ASEAN) – Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, ce que lui a ouvert la voie pour entrer de plain-pied dans ce groupement économique, ainsi que son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et aussi à d’autres accords de libre échange régionaux et bilatéraux. L’essence de toute cette politique du renouveau a été de transfomer l’économie du Vietnam qui était basée sur la planification et la centralisation vers une économie de marché ouverte sur le marché international. Les premières retombées de la politique de DoiMoi se sont illustrées par une forte stabilité macro-économique, une embellie financière et une forte croissance économique qui s’est stabilisée autour de 7% par année pendant plus des trente dernière années, un constat économique de plus réjouissant au point de laisser le Premier ministre vietnamien Nguyen Xuan Phuc qualifier cet élan vietnamien en d’élogieux termes : «Le Vietnam a le vent en poupe quand de nombreuses économies font face à des vents contraires» une manière de rappeler l’un de ces meilleurs score établi par la Banque mondiale sur le climat des affaires ou le Doing Bussiness, de son côté la banque HSBC conforte ses affirmations en rappelant que l’économie vietnamienne pourrait être la seule de la région à accroître en 2020, considéré comme la quatrième terre d’accueil pour les investissements directs étranger, le Vietnam a renforcé le secteur de l’industrie et des services qui représentent 80% du PIB. Un indice réconfortant qui se traduit également par plus de 2 000 dollars par habitant réduisant les écarts du seuil de la pauvreté de 63% en 1979 à 4,3 en 2010.
Force est de constater que cette santé financière a hissé la République socialiste du Vietnam au rang des pays émergents appréhendant l’avenir dans la sérénité. La valeur des exportations et importations qui est passée de 400 milliards de dollars en 2017 à plus de 500 milliards en 2019, et l’excédent commercial devenu aujourd’hui un véritable cas d’école pour la quatrième année consécutive sont en fait les deux importantes variantes illustrant l’image d’un modèle économique en permanente expansion. Les grands enjeux économiques de l’après deux mille vingt ont réorienté les priorités du pays vers l’économie numérique et la promotion de tous les écosystèmes liés aux start-up, aux finances intelligentes sans oublier les richesses halieutiques que regorge le littoral du Vietnam qui longe plus de 3 260 km, cette proximité avec la mer demeure un enjeu de taille pour parachever la politique DoiMoi ou du Renouveau initiée en 1986, une stratégie valorisant la complémentarité entre l’économie maritime insulaire verte, le tourisme et la biodiversité, en effet en 2018, le comité central du parti communiste vietnamien a lancé un véritable plan Marshall centré sur le secteur maritime, l’initiative est baptisée sur la stratégie du développement durable de l’économie maritime du Vietnam dont les prévisions de développement s’étaleront jusqu’à 2045 et feront de la République du Vietnam une des grandes puissances maritimes, des richesses naturelles se traduisant à travers une position maritime salutaire, une diversité des produits de la pêche et de la culture hauturière et un tourisme insulaire écologique sont en quelque sorte les atouts majeurs de ce dragon économique forçant l’admiration et le respect.
Le grand challenge du Vietnam est de réussir son ambition de devenir un acteur maritime majeur dans toute l’Asie du Sud-Est. Le plan stratégique maritime du Vietnam table sur une contribution du secteur maritime d’une moyenne de plus 55% au produit national brut, le secteur des hydrocarbures dans la mer méridionale est une véritable bouée de sauvetage de l’économie et un soutien indéniable à toute la stratégie de développement, plus de 11 milliard de barils de pétrole et cinq mille milliards de km cube constituent le gros de l’intarissable réserve naturelle. La création des zones économiques exclusives et les zones communes de développement répond à cette urgence d’accélérer la cadence du développement des trois paliers qui sont les hydrocarbures, la pêche hauturière et le transport maritime. A ce titre, l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) conforte ce statut de pays insulaire par excellence en classant le Vietnam parmi les Etats qui ont réussi leur décollage économique dans le secteur de la pêche avec une prise de plus de 3,5 millions de tonnes de fruits de mer par an, les 100 000 bateaux formant une flotte de pêche moderne traversent les 6 000 hectares de surfaces de la mer pêchant chaque année 32 000 tonnes.
La situation stratégique du Vietnam au cœur de la Mer méridionale est également un élément fondamental dans les objectifs majeurs de la nouvelle politique économique du Vietnam. Cette perle de la Mer orientale, cet invincible dragon de l’Asie du Sud-Est, ayant pour voisin le Laos et le Cambodge du côté ouest, la chine du côté nord. Ce pays maritime et insulaire par excellence est bordé par la Mer méridionale, les golfes de Tonkin et de la Thaïlande, une grande opportunité pour développer le transit commercial et faire des 280 ports commerciaux du Vietnam des comptoirs de prospérité drainant richesse et plus-values. Pour ce qui concerne le tourisme, le Vietnam demeure une destination touristique des plus attrayantes, éloquents tableaux narrant l’histoire d’une terre prospère, d’un peuple vaillant et d’une ascension vers le meilleur.
Les tours-opérateurs et autres agences du tourisme ne lésinent pas sur les moyens pour promouvoir l’image d’un tourisme de qualité fort de 4 000 îles et de 125 plages sur tout le long du pays. Les 28 provinces côtières enchanteresses sont le point de chute d’environ 70% de touristes étrangers, les recettes de ces prestations aux normes internationales renfloueront les caisses de secteur du tourisme de plus de deux tiers. La démarche de la République socialiste du Vietnam obéit aux principes fondateurs de ses grandes orientations politiques à savoir le dialogue, la confiance et la solidarité internationale. La politique étrangère du Vietnam est axée sur l’accompagnement du développement économique du pays, ses principes pérennes sont la non-ingérence, la prévalence de l’intérêt commun et le respect de l’intégralité territoriale.
Par Mohamed Djouadj, Président de la Fédération algérienne de Vovinam Vietvodao