Le même programme de 2017 revient sur le décor

Mascara : La visite du ministre des Ressources en eaux et des interrogations ?

La visite du ministre des Ressource en eaux dans la wilaya de Mascara, au cours de cette journée du 12 du mois en cours, s’inscrit dans le cadre d’une série de visites où le ridicule tue au coup par coup. Il ne faut pas se leurrer si vous visitez le chef-lieu de la wilaya et autres daïras en voyant des jets d’eaux dans presque tous les ronds-points et autres esplanades qui se sont transformés en piscine au cours de l’été 2020, et ce, faute de piscines pour la deuxième couche de la société algérienne.

La wilaya bichonne dans l’imparfait et pour les visiteurs c’est le paradis, de la ville des eaux par excellence. La région se trouve confronté au manque d’eau, subissant de surcroît un autre problème de taille, une contrainte naturelle qui a atteint la cote d’alerte. La wilaya de Mascara qui était à vocation agricole a perdu d’emblée son blason doré, et ce, depuis plus trois décennies. Le maraîchage qui occupait une place importante, à l’exemple de la pomme de terre et de l’oignon, et dont cette région profonde qui a perdu son trophée, n’a plus malheureusement le privilège de fournir aux divers marchés locaux du pays. Pour rappel, la wilaya de Mascara avait cultivé 13.738 ha de maraîchage, et près de 131.767 hectares étaient destinés à ces cultures.

Sur le plan hydraulique, où il est vital de maîtriser toutes les potentialités de la région qui favoriseraient les programmes d’extension de l’irrigation et de permettre surtout de combler le déficit en eau qui menace la wilaya. Pour atténuer ce manque à gagner en matière hydraulique qui frappe de plein fouet la wilaya de Mascara, les services de l’agriculture se sont préoccupés, dans un premier temps, de l’état d’érosion qui a fait son itinéraire sur toute la chaîne des monts de Béni-Chougrane. Les stigmates commencent à être visibles, notamment par une désertification de plusieurs espaces qui se dénudent au fil du temps. Les conséquences de la sécheresse qui ont été comptabilisées dans cette région profonde de l’Algérie, qui ont systématiquement laissé des résultats préjudiciables sur l’avenir de la wilaya sans que les responsables centraux et locaux qui se sont succédés n’aient remédié à cette descente aux enfers des barrages et autres digues qui connaissent un envasement dramatique, et ce, contrairement à d’autres wilayas qui ont été comblées en infrastructures hydrodynamiques.

Dans ce contexte difficile, la lutte contre l’érosion s’impose au plus haut point dans une région qui fait la séparation entre la plaine de Ghriss celles de Mohammadia et de Sig et dont le paysage présente un aspect de désolation et d’aridité manifestes. Cependant, le visiteur aura l’occasion de voir que cette région garde encore sa bio-graphologie de banquettes et de plantations. L’aspect de dépérissement des arbres est, lui, très avancé. Quant aux banquettes, elles se sont tout simplement effritées. L’envasement pose un grand péril Les résultats de cette situation, tant que l’érosion avance à grande échelle, sont la stérilité des sols et une incidence directe sur l’envasement des barrages et des retenues d’eaux. Atténuer l’avance de l’érosion et des effets néfastes sur le sol et l’environnement suppose l’application d’un schéma de mise en défens et la reprise de la confection des banquettes. Il faut souligner, par ailleurs, qu’un sol dénudé fait «régresser» le taux de pluviosité. L’état actuel se situe à l’origine de l’envasement des barrages et notamment celui de Fergoug qui irrigue la plaine du Habra située à Mohammadia. L’envasement du barrage de Fergoug qui a été évalué à 100%, a réduit automatiquement la capacité des retenues des eaux.

Le niveau d’eau a complètement chuté. Il en est de même pour le barrage de Sidi-Bouhanifia. Sa capacité initialement de 75 millions de mètres cube, ne serait actuellement que de 45 millions, soit un envasement de 41%, ce qui dénote un rapport évident au degré d’envasement. A tous ces faits, un trait commun : tous les travaux d’entretien et de drainage des barrages ne sont que gaspillage et arnaque si au préalable aucune mesure n’est appliquée pour limiter les effets de l’érosion constatée au niveau de tous les bassins versants. L’exemple d’une société Turc ou Syrienne, qui a eu le palmarès d’escroquer un marché de dévasement du barrage Fergoug, en dit long sur des marchés octroyés à un niveau centrale à des amateurs de pêches en eaux saumâtres. Le périmètre irrigable de Mohammadia : les oranges manquent de jus ! Cette situation s’est traduite par la disparition totale ou partielle de certaines cultures et arboricoles, à l’exemple des agrumes et les l’oliveraies où le recul des superficies irriguées et des complications à préserver le potentiel productif au niveau des plaines de la Habra et Sig et l’exploitation méthodique des terres des plaines intérieures de Ghriss-Tighennif et les effets négatifs à venir sur le plan socioéconomique seront incalculables pour la wilaya où cette ressource devient de plus en plus rare et difficile à mobiliser.

Une approche nouvelle s’avère urgente et est à prospecter au niveau local et régional. Le manque d’eau dans la daïra de Mohammadia qui ne date pas d’hier, est désormais ressenti par la population et les fellahs. Le périmètre irrigable à partir du barrage de Fergoug couvre une superficie de 19.610 hectares dont 5.100 hectares en agrumes, en constante déperdition, vu la salinité des sols. Les minces disponibilités en eau, qui se sont d’abord fait ressentir au niveau du barrage, il y a de cela plus de deux décennies, sont également dues aux grandes altérations à partir des canaux d’irrigation «saccagés» qui nécessitent une rénovation complète pour économiser et utiliser une partie non-négligeable à l’amélioration des rendements du maraîchage et de l’arboriculture. L’urgence, dont personne ne veut plus entendre parler, signale ce manque d’eau dans une région réduite au silence des responsables au niveau central, qui a d’ailleurs occasionné la suppression de certaines cultures annuelles dans le strict souci de préserver la vie, voire la survie de l’arboriculture ou, du moins, de ce qui en reste.

Les autres zones distantes du réseau principal accusent elles aussi un déficit en eau. Les exploitants qui sont à plusieurs reprises montés aux créneaux, notamment lors de la visite de l’ancien président de la République déchu, en l’occurrence, M. Abdelaziz Bouteflika, dans la wilaya de Mascara. Dans ces histoires des visites ministérielles de la plupart des ex-Premiers ministres et autres responsables qui vivotent en prison, se sont soldées à l’époque par des déclarations fantaisites, de la poudre aux yeux pour faire baisser la tension dans une zone insuffisamment irriguée et de façon irrégulière. C’est cette situation qui prévaut dans la daïra de Mohammadia. Et c’est honteux ! En effet, dans un programme envoyé à la presse au sujet de cette visite trop tardive, on a eu comme l’impression que c’est l’année 2017, et dont les travaux ont débuté en 2014. C’est le manque de sérieux dans ce qui a été concocté dans ces projets trompeurs.

Il est important de souligner qu’en 2014 et 2017, lors des visites des ministres des ressources en eaux de l’époque, on a l’impression comme un identique exposé «copier-coller» sur la situation du secteur des ressources en eau de la wilaya, en ce, le 12 du mois de septembre 2020 (AEP-assainissement mobilisation et hydro-agricole), suivi d’une présentation d’un atelier de soudure de transfert Kechour, pour l’irrigation de Oued Taht, commune de Aïn Farah qui n’a jamais vu le jour, et ce, à l’heure où nous mettons sous presse le présent article, et qui sera une énième fois dans ce programme d’une visite ministérielle peu ou prou palpable. Concernant le scandaleux projet de visite du projet de réalisation du transfert à partir du barrage de Ouizert vers le périmètre de Ghriss, qui a vu une série de malversations qui se sont soldées approximativement à 350 milliards de cts sur un linéaire de 30 km et de deux stations de reprise, a vu plusieurs responsables sous contrôle judiciaire, y compris de hauts cadres de la tutelle.

Le barrage de Oued Taht en question qu’il faut rectifier la dénomination est une «retenue collinaire», qu’on veut à tout prix l’encastrer dans des sommes astronomiques, et dont plusieurs responsables se sont sucrés sur un projet enfoncé jusqu’à la moelle épinière, et nous laissons le soin aux enquêteurs de séparer le bon grain de l’ivraie dans une wilaya très mal gérée par des cols blancs. Les citoyens rencontrés accusent les exploitants du périmètre irrigable à partir des canaux de détournement illégal aux dépens de la population qui endure le calvaire. « Le barrage de Fergoug envasé à 95% » Accusations mutuelles ou pas, la guerre de l’eau a déjà été entamée dans une wilaya où les forages illicites ou autorisé sont pompés au seul cercle restreint des épaules larges et autres gros bras intouchables qui ont pignon sur la région.

Dans ce contexte deplorale, des fellahs qui se sont manifestés par écrit aux responsables concernés dont le tout nouveau wali, se sont vu refuser ces dérogations par le silence toujours en vigueur de ceux qui régentent la wilaya. Pour le puisage des puits au niveau de la région de Mohammadia, nous signalerons que le barrage de Fergoug alimente également la zone industrielle d’Arzew. Cette ponction qui s’est faite sur les eaux destinées à l’irrigation a été évaluée à 800 litres/seconde. Soit un total de 30 millions de m3/an. La compensation de prélèvement qui s’effectue depuis 1976 est en principe prévue à partir du barrage de Sidi M’hamed Benaouda (Relizane). Il était plus subtil de la part de la Sonatrach ou des responsables de la zone industrielle d’Arzew de venir en aide, notamment dans le cadre des opérations de drainage et d’entretien des barrages au niveau de la wilaya de Mascara, pour plus de justice. Sig : l’arboriculture succombe ! Dans la daïra de Sig, la même situation est omniprésente. Elle est due elle aussi à l’envasement du barrage Sarno, situé à quatre kilomètres de cette importante localité et alimenté par un barrage plus important, celui de Chorfa.

Le périmètre de Sig est concerné exclusivement par la grande hydraulique. La petite hydraulique, susceptible de développer l’irrigation dans une région, est évidement conditionnée par de nombreux apports en eau, ce qui n’est plus le cas actuellement. Une autre tare se présente : la salinité des sols. La région se trouve confrontée au manque d’eau, subissant un autre problème de taille, une contrainte naturelle qui a atteint la cote d’alerte. Le taux de salinité refoulé à la surface, est de l’ordre de 11 à 12 grammes de teneur en sel par litre. Une grande partie de l’arboriculture a été abîmée par cette catastrophe naturelle. L’arboriculture est complètement menacée. Plusieurs cas de dépérissement de sujets sont visibles à l’œil nu. Plusieurs terrains incultes sont carrément envahis par les eaux salées et prennent la forme d’un véritable marécage, lorsqu’il n’y a pas infiltration qui a servi à l’irrigation d’eau et de sels qui remontent après la surface, détruisant ainsi l’arboriculture. Des cas de dépérissement ne cessent de se propager et aucun renouvellement de plantation n’est possible sans l’assainissement général de la plaine. En attendant mieux. Beaucoup reste à faire dans ces présumées visites d’inspection et de travail des ministres qui coûtent très chers au Trésor public. Les fellahs de la région de la plaine de la Habra, complètement abasourdis par tant de promesses mensongères, veulent rencontrer le Chef du gouvernement.
Manseur Si Mohamed