Nom de code «Gerboise bleue» : premier essai nucléaire français au Sahara algérien

Sud algérien/17 essais nucléaires menés par la France à Reganne 1960/1967

Paris doit urgemment faciliter le nettoyage des sites de ses essais nucléaires en Algérie dans les années 1960, sur lesquels demeurent toutes sortes de déchets toxiques, a estimé dernièrement l’ONG Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN). «La France doit remettre aux autorités algériennes la liste complète des emplacements où ont été enfouis des déchets contaminés», estime notamment l’organisation dans un rapport de 60 pages sur le sujet.

L’organisation préconise par ailleurs et fermement une étude indépendante pour établir «s’il existe un risque transgénérationnel» aujourd’hui, ainsi qu’une enquête de détection du matériel contaminé encore en circulation, a-t-on indiqué de même source. Le rapport dénonce que la France avait procédé à 17 essais nucléaires au Sahara algérien entre 1960 et 1966, sur les sites de Reggane puis d’In Ekker. Onze d’entre eux, tous souterrains, sont postérieurs aux accords d’Evian de 1962, qui actaient l’indépendance de l’Algérie mais dont un article permettait à la France d’utiliser jusqu’en 1967 les sites du Sahara. «Aucune obligation de démantèlement complet, de remise en état de l’environnement et de suivis sanitaires des populations locales n’a alors été négociée ni effectuée», indique l’ICAN. Le passé nucléaire reste profondément enfoui dans les sables.

Les sites ne font pas l’objet de contrôles radiologiques et encore moins d’actions de sensibilisation des populations locales aux risques sanitaires. Bien qu’aucun bilan n’ait été établi, le nombre de victimes des essais nucléaires aériens ou souterrains effectués au Sahara augmente inexorablement, souvent dans l’anonymat. Les essais nucléaires aériens ou souterrains effectués au Sahara ont produit de grandes quantités de déchets, enfouis seulement à quelques centimètres de profondeur, et fait beaucoup de victimes. A ce jour, aucune liste n’est établie. L’absence de dépistage et d’archives sanitaires occulte les innombrables maladies comme le cancer et les décès entraînés par les radiations.

Les victimes ne sont pas seulement les habitants des zones où les expériences ont eu lieu, mais même ceux se trouvant loin de cette zone. Il est impératif de savoir que la France coloniale avait effectué son premier essai en Algérie le 13 février 1960 à Reggane sous le code «La Gerboise bleue». Selon des chercheurs algériens, 17 essais nucléaires au total ont été menés par la France au Sahara, dont 4 à Reggane, entre 1960 et le retrait définitif de l’armée française de cette région en 1967. On estimait à au moins 30 000 victimes algériennes de ces expériences. Le dossier des essais nucléaires français en Algérie a été ouvert en 1996. Mais depuis cette date, rien ou presque n’est fait pour se débarrasser des traces empoisonnées.

La France devait pourtant pris sa responsabilité juridique. Outre l’aide technique qu’elle est en devoir de fournir en matière de décontamination, elle doit ouvrir ses archives, mettre des noms sur tous les lieux secrets où les bombes avaient explosé. «Gerboise bleue» ordonnée par le général De Gaulle «Gerboise bleue», c’est le nom de code qui avait été donné au tout premier essai nucléaire aérien effectué dans le Sahara le 13 février 1960 sur ordre du général De Gaulle. Cette explosion, quatre fois plus importante que celle d’Hiroshima, avait permis à la France de devenir une puissance nucléaire. Ensuite la «Gerboise blanche», puis rouge, puis verte. Puis 13 autres essais, souterrains cette fois-ci. En tout, la France procèdera à 17 essais nucléaires dans le Sahara jusqu’en 1966.

L’Afrique subsaharienne est touchée. Aujourd’hui, le grand public commence à découvrir l’étendue exacte des retombées nucléaires dans la région, à partir d’une simple carte, classée «secret défense» jusqu’en avril dernier par l’armée. De vastes zones de contamination, allant bien au-delà du Sahara, observées jusqu’à deux semaines après le premier tir aérien de février 1960. Des retombées radioactives au Mali, en Mauritanie, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Niger, en Centrafrique, au Tchad, au Ghana. Reste à savoir, désormais, quel a pu être l’impact du nuage sur la santé des populations.

Rien n’est dit concernant ses doses de radioactivité, toujours jugées faibles et sans conséquence par l’armée. Le parcours du nuage est connu. Un jour après l’explosion, il traverse le désert, en fonction des vents, et atteint Tamanrasset. En l’espace de 24 heures, l’Afrique subsaharienne est touchée. En Afrique centrale, Ndjamena et Bangui le sont aussi. Trois jours plus tard, le nuage remonte vers l’Afrique de l’Ouest pour atteindre Bamako, quatre jours après l’explosion.
Oki Faouzi